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Vive l'école… à bas la rentrée !

La flambée des prix des fournitures scolaires tant redoutée n'est pas de la partie cette année. Peu importe, diront les uns, vu que cela n'atténuera en rien la mise à sac des bourses.

Vive l'école… à bas la rentrée !
Véritable bonheur pour les écoliers, la rentrée scolaire l'est beaucoup moins pour les parents. Si pour les premiers celle-ci est synonyme de retrouvailles avec les anciens camarades de classe, d'exhibition de nouveaux accoutrements et affaires, pour les seconds, la rentrée scolaire se résume en quasi-renouvellement de garde-robes, en fournitures scolaires, en frais de scolarité et autres frais d'inscription… Bref, elle pourrait se résumer en frais sonnants et trébuchants tout court.

L'échec du système scolaire marocain est également pour beaucoup dans les proportions parfois astronomiques que revêt désormais la rentrée scolaire en termes de financement. A ce propos, même les parents aux moyens relativement limités n'hésitent pas à mettre leurs enfants dans des écoles privées, ce qui suppose des charges supplémentaires considérables. A cela s'ajoutent, évidemment, les événements en cascade qui précèdent et qui succèdent, ces dernières années, la rentrée scolaire et qui génèrent des dépenses conséquentes : vacances estivales, Ramadan, Aïd Al-Fitr, ensuite, pas très loin de là, Aïd Al-Adha et fêtes de fin d'année qui pointent du nez. Tout compte fait, cela revêt tout de même l'aspect d'une série qui met à rude épreuve le budget des ménages.

« Pour être clair, ce n'est que vers le début de l'année que j'arrive à rééquilibrer mon budget, moyennant le salaire du 13e mois », souligne Saïd, époux d'une femme au foyer et père de trois enfants. « Deux années de cela, j'ai dû mettre mon fils aîné dans un établissement public car je n'arrivais plus à m'en sortir. Sa scolarité me coûtait 1.200 DH par mois, en plus de 1.000 DH de frais lors de la rentrée et un peu plus de 1.500 DH pour les fournitures scolaires. Pour mes deux autres enfants, cela me coûte actuellement 1.100 DH mensuels auxquels il faudra ajouter 800 DH de frais de scolarité pour chacun et près de 2.500 DH en fournitures scolaires», précise-t-il. Si l'on s'amuse à faire les comptes, l'on saisit aisément que ce n'est pas avec son salaire net de 8.000 DH que Saïd sortira de l'auberge. Afin d'honorer ces charges annuelles, il recourt à des emprunts chez des parents, des proches, etc. et ce n'est que quelques mois plus tard qu'il arrive à rééquilibrer la balance. D'autres parents, moins chanceux, n'ont que le crédit bancaire pour avaler la pilule de la rentrée. Créance dont ils ont intérêt à s'affranchir avant la rentrée scolaire suivante, afin de pouvoir bénéficier d'un autre prêt sans trop ''malmener'' leurs finances.

Parallèlement, la préparation de la rentrée rime toujours, en cette période, avec ruée sur les librairies et papeteries. Ce qui s'apparente à un véritable ''septembral'' qui se prépare, en fait, depuis la mi-juillet. Période durant laquelle les parents avertis, ou plutôt les moins essoufflés financièrement, font les emplettes en fournitures scolaires pour leurs rejetons. Pour les bourses moyennes et faibles - et c'est ce qui représente la masse la plus importante - l'exercice prend plutôt des allures de parcours du combattant.

« Cette ruée que nous vivons chaque rentrée scolaire que Dieu fait, depuis toujours, est principalement assujettie aux moyens financiers des parents et autres tuteurs. Ceux qui en ont les moyens s'acquittent de cette charge à partir du mois de juillet. Pour les autres, aux revenus faibles ou moyens, ils essayent de minimiser la facture de la rentrée en recourant, dans un premier temps, aux livres d'occasion. Ce n'est qu'une fois que la tâche s'avère infructueuse qu'ils se dirigent vers la librairie », explique le gérant d'une libraire-papeterie bien positionnée dans le marché casablancais.

Cependant, la résignation de cette caste aux moyens limités ne signifie pas pour autant la fin de leurs soucis. En effet, en période de rush sur les librairies, les ruptures de stocks sont souvent légion et seuls quelques points de vente arrivent à sortir leur épingle du jeu. Pour ce faire et afin de prévenir ce désagrément qui se répercute inéluctablement sur le chiffre d'affaires, il est question de s'approvisionner en grandes quantités. Chose qui suppose des fonds conséquents disponibles et qui ne sont pas à la portée de tous.

Côté fournitures scolaires, le marché de l'occasion n'y peut rien. Et c'est plutôt l'indisponibilité des moyens, notamment en rapport avec les événements qui escortent la rentrée scolaire, qui fait que l'on s'y prend de manière tardive. Sur ce point aussi, les parents tentent de grignoter ne serait-ce qu'un « chouia » sur la facture globale de la rentrée, en comparant les prix des différents produits proposés.

Sur ce volet précis, il faut reconnaître que la concurrence se fait de plus en plus rude. Aux côtés des produits « Made in Morocco », d'autres produits ont fait irruption ces dernières années dans le marché de la papeterie, principalement en provenance d'Espagne, de Tunisie, de Turquie et… de Chine ! Au sein de cette nuée de marques et, surtout, vu la qualité irréprochable de certains produits étrangers, combinée à des prix défiant toute concurrence, le produit local risque bien d'y laisser des plumes. Les parents, eux, y trouvent bien leur compte.

Des fournitures et du chiffre...

L'activité des librairies et autres papeteries commence à trémousser durant le mois de juillet. Vers la mi-août, celle-ci prend de l'envergure pour atteindre son zénith durant le mois de septembre. Une fois la fièvre passée, l'activité amorce sa zone de déclin qui se poursuivra progressivement jusqu'à la fin décembre. Derrière elle, la tempête aura tout de même fait des heureux: les négociants du cahier et du livre.
« Durant cette période, je peux vous dire que nous réalisons quelque chose comme 70% de notre chiffre d'affaires annuel », précise un gérant. A cet effet, les libraires recourent à des vendeurs saisonniers pour faire face à la multitude de listes de fournitures tendus par des bras derrière le comptoir.
Le restant de l'année, pour faire bouger le tiroir-caisse, les libraires tablent sur les ouvrages dédiés à la cuisine, au tourisme, à la littérature, ou encore sur toutes sortes de romans, de recueils de nouvelles, etc., le temps de reprendre du souffle et préparer la rentrée prochaine, vu que, assurément, elle valsera sur le même tempo que la précédente.
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