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Le grand naufrage

En août dernier, le nombre des salles obscures ne dépassait pas les 41. Soit 65, en tout et pour tout, en activité.

Le grand naufrage
Constat. «Qui aime la vie va au cinéma». la formule avait toujours quelque chose de magique. Dans les esprits, comme dans la réalité des faits. Peu importe de revenir sur la nature ou les genres de cinéma qu'on se bousculait pour voir. Le plus important était cette part du rêve et du voyage symbolique que l'on effectuait le temps d'un film. Avec ce plein d'images et d'idées dont on faisait un bagage. Vacillant entre l'émotion et la réflexion. Les temps ont changé et beaucoup d'eau est passé sous les ponts. Au point que l'on assiste, depuis quelques années déjà, à un réel hécatombe. Et ce, en enterrant, les unes après les autres, les salles obscures.

Dans un silence de cimetière. D'aucuns sont allés plus vite que la musique en décrétant que ce sont les DVD à 5 dirhams qui seraient en train de massacrer les salles. Peut-être, en partie. Mais, cela relève, néanmoins, du raccourci. Un effroyable raccourci. D'autant plus effroyable que l'on est en droit de se demander, quand bien même la comparaison ne serait pas raison, pourquoi la situation est diamétralement opposée sous d'autres cieux. Rien qu'en faisant escale dans l'Hexagone, les statistiques des cinq premiers mois de l'année donnent le tournis : plus de 93 millions de spectateurs. Les exploitants visant de passer outre la barre des 200 millions pour la deuxième année de suite. DVD ou pas, on est à des années lumière. Chez nous, les tickets vendus ne dépassent guère quelques dizaines de milliers. Et ce n'est, certainement, pas demain la veille que l'on pourrait s'inscrire sur une pente ascendante. Sachant que le nombre des salles de cinéma ne cesse de se réduire.

Ainsi, selon les chiffres du Centre cinématographique marocain, valeur août dernier, le nombre des salles en activité était à peine de 41, avec 65 écrans. Alors qu'on dénombrait quelque 160 salles à fin 2003. pas besoin de s'enliser dans l'emphase : c'est la grand naufrage. Ce n'est pas tout. Même au niveau de la répartition géographique, la situation devait donner matière à réfléchir. Enumérons : Casablanca arrive en tête avec 11 salles ( valeur août encore !), suivie de Marrakech qui en compte 6 et Tanger et Oujda qui disposent de cinq salles chacune. Les habitants de la capitale doivent se contenter de quatre salles de cinéma, alors que les Meknassis en ont trois. La capitale spirituelle, elle, a deux écrans, au même titre que Tétouan. Agadir et Tiznit disposant d'une salle chacune. Et les autres villes ? A moins d'un événement particulier, un festival ou quelque chose qui s'y apparente, c'est le vide qui prévaut.

La situation relève du paradoxe. En effet, au moment où la production locale est dans une vitesse de croisière. Au moment où les grosses productions continuent de choisir la destination Maroc. Au moment où l'on ne compte plus les festivals. C'est à ce moment où la possibilité d'admirer une œuvre cinématographique sur grand écran se réduit en peau de chagrin. Pourtant, pas plus loin qu'il y a deux ans, l'on avait annoncé, en grande pompe comme il se devait, un ambitieux projet. Ce dernier consisterait en la création, à l'horizon 2012, de 300 salles. Depuis l'annonce, on attend toujours cette lumière au bout d'un tunnel qui s'étend de plus en plus. Les petites affiches appelant à sauver les salles, délabrées, sont tout juste bonnes à exacerber le problème.

Box-office marocain

Le film marocain «Al khattaf» (Le Clandestin) de Saïd Naciri s'est maintenu en tête du box-office national au cours des 2e et 3e trimestres de l'année en cours avec 107.983 entrées, selon les statistiques du Centre cinématographique marocain.
Avec 2.271 projections, la production marocaine devance de loin l'américano-britannique ½Inception de Christopher Nolan, film à succès où Leonardo DiCaprio campe le rôle d'un manipulateur des rêves, et qui a enregistré 42.126 entrées en 515 projections.

«Twilight 3 : Hésitation» de David Slade (Etats-Unis) arrive, lui, en troisième avec 35.869 entrées. Au box-office des films nationaux, «Le Clandestin» est suivi par «Les Gars du Bled» (Mohammed Ismail) et «Allo 15» (Mohamed Lyounsi), rapporte la MAP. Et d'ajouter que durant le premier trimestre, la méga-production Avatar (film le plus rentable de l'histoire du cinéma) avait dominé le box-office, loin devant «Les Oubliés de l'histoire» de Hassan Benjelloun.
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