Ils furent les victimes désignées des Lois scélérates du régime de Vichy, imposé à la France en 1940 par les Nazis et marqué notamment par une répression sanglante, des déportations et un terrible holocauste. N'était la volonté irréductible de feu S.M. Mohammed V de s'opposer aux lois racistes de Vichy, les Juifs du Maroc auraient subi le même sort que leurs frères d'Europe. Car, le Roi du Maroc opposa fermement son refus à ces méthodes et, non sans vision, dit simplement aux autorités coloniales : « Les Juifs marocains sont mes sujets, des citoyens comme tous les autres, ils sont sous ma protection ».
Ce n'est pas simplement un épisode marquant dans l'histoire du Maroc, mais un fait glorieux. Qu'il fasse l'objet, soixante-dix ans plus tard aux Nations unies, d'un séminaire commémoratif donne la mesure rétrospective de l'événement. Serge Berdugo, ambassadeur itinérant de S.M. le Roi Mohammed VI, a pris part il y a quelques jours aux cérémonies commémoratives consacrées à cet épisode par l'ONU.
Il a prononcé un important discours, soulignant ce propos opportun de S.M. le Roi Mohammed VI qui a expliqué il n'y a pas longtemps « ce qu'a été la résistance au nazisme des pays comme le Maroc à partir de l'espace arabo-musulman, ont su dire non à la barbarie nazie et aux lois scélérates de Vichy».
Serge Berdugo, après avoir brossé un tableau sombre de l'époque et décrit les répercussions du nazisme sur la France et « son protectorat » marocain, a souligné que dans un tel contexte de tourmente, « les Juifs marocains étaient inquiets de la tournure que prennet les événements et sont confrontés à un antisémitisme idéologique systématique affiché par les Européens en majorité acquis aux idées racistes du gouvernement français de Vichy ». Ces idées, Mohammed V, tout à son humanisme obstiné, les refusa catégoriquement. Il ne se résolut nullement à apposer son sceau sur le Dahir portant statut des Juifs, qu'après avoir imposé ses propres critères, dont celui de l'appellation de Juif. « Au Maroc, souligne Serge Berdugo, les Juifs ne seront pas définis par la race ou l'ascendance mais par la pratique de la religion juive.
Est juif celui qui pratique la religion, alors que l'idéologie nazie considère comme Juif toute personne issue de 3 parents de race juive ». Et l'ambassadeur de S.M. le Roi de préciser devant le parterre des Nations unies que « la définition du Roi Mohammed V rejette toute connotation raciste et antisémite ».
La seconde mesure, combattue par le Roi, porte sur les interdictions et les quotas relatifs aux institutions religieuses juives. Non seulement, ils seront supprimés mais les écoles juives du Maroc continueront à fonctionner normalement et même à recevoir 80% de leur budget du Trésor public. « Ces concessions, affirme l'ambassadeur de S.M. le Roi, arrachées par Mohammed V auront des implications pratiques considérables sur la vie quotidienne de la grande majorité des Juifs, c'est-à-dire 90% des deux cent mille membres de cette communauté qui avaient conservé un mode de vie traditionnel, vivaient dans les Mellah et avaient une existence similaire à leurs voisins musulmans(…)Ils continueront à pratiquer leur religion , leurs activités commerciales et artisanales, leurs enfants recevront une éducation juive de qualité ».
En revanche, ceux qui avaient embrassé des carrières inscrites dans la modernité et des professions libérales, auront à souffrir de la discrimination des Européens, tout comme leurs confrères musulmans. Soumis aux violences verbales et même physiques des Européens, ils étaient tenus en joue et constamment menacés par des hordes inspirées du nazisme comme le fameux SOC français qui annonça même un pogrom au Mellah de Casablanca pour le 2 novembre 1942, soit six jours avant le débarquement américain qui sonna le glas des fascistes dans la ville. Serge Berdugo rappelle qu'il aura fallu attendre « la révocation du Résident général , le général Noguès, un antisémite notoire, pour que le statut des Juifs soit abrogé en 1943 ». Il rappelle bien à propos que le « Jeune Sultan n'avait que 30 ans et ne cessera pas d'apporter son soutien moral à ses « loyaux sujets juifs », son attitude courageuse et son opposition constante permettront que l'application des lois racistes ne soient ni uniformes ni intégrales ». Mohammed V a pris position dès le début : « Mon Palais vous est ouvert en permanence et vous pouvez venir à tout moment m'informer de tout ce qui pourrait se tramer contre vous »
Quand le régime du protectorat, alors soumis aux nazis, décidera de recenser les biens des Juifs du Maroc, l'inquiétude s'empara, peu s'en faut, de ces derniers. Ils craignaient tout simplement que leurs biens ne fussent confisqués. Mohammed V mènera à cet égard un combat d'autant plus efficace qu'il était discret pour contrecarrer les visées coloniales. Il reçut discrètement au Palais Royal les présidents des 4 communautés juives du Royaume, dont Joseph S. Berdugo, père de Serge qui , du haut de l'enceinte des Nations unies, a évoqué cette scène au décor émouvant encore : « Les présidents des 4 plus importantes communautés juives sont introduits au Palais dans une camionnette bâchée. Ils ont traversé les offices et les cuisines pour être reçus par le Souverain dans ses appartements, qui leur a dit : « Je connais vos angoisses, mais je vous demande d'assurer mes sujets juifs de ma pleine et entière protection. Dites leur que rien ne leur adviendra qui ne soit advenu auparavant à ma personne et à ma famille ». L'intransigeance royale ne cédera jamais et , décrivant une combativité sans faille, Serge Berdugo appuiera ses propos en recourant à des témoignages de l'époque qui ont valeur de symbole, comme notamment cette dépêche du 24 mai 1941 de l'Agence française d'information signée René Touraine et retrouvée en 1985 dans les Archives du Quai d'Orsay, portant le titre : « Changement d'attitude du Sultan du Maroc envers les autorités françaises : nous apprenons de source sûre que les rapports entre le Sultan du Maroc et les autorités françaises se sont sensiblement tendus depuis le jour où la Résidence appliqua les mesures contre les Juifs, malgré son opposition formelle. Le Sultan s'est refusé à faire la différence entre des sujets qui, selon lui, sont loyaux ».
L'ambassadeur de Sa Majesté le Roi, l'émotion chevillée au corps, a présenté devant les Nations unies une sorte de profession de foi de feu Mohammed V : la justice, l'humanisme et la vision historique. Il dira que le « Souverain pour sauvegarder les sujets de confession juive a pris des risques d'autant plus considérables que son pouvoir était battu en brèche par le protectorat français ». Il rappellera que le même Souverain déclara solennellement : « Je n'approuve pas du tout les nouvelles lois anti-juives et refuse de m'associer à une mesure que je désapprouve. Je tiens à vous informer que, comme par le passé, les Israélites restent sous ma protection et je refuse qu'une distinction soit faite entre mes sujets ». Une telle lucidité prémonitoire, le monde entier la reconnaîtra, le monde entier la saluera. Serge Berdugo en explicitera les raisons : « Les fondements des prises de position du Roi Mohammed V, affirme-t-il, sont consubstantielles à son statut de « Commandeur des Croyants ». Descendant du Prophète, il est Commandeur de tous les Croyants, celui des Musulmans mais aussi celui des adeptes des religions monothéistes et à ce tire le Roi a le devoir spirituel de protéger les Juifs ». Et de souligner enfin que « les Rois du Maroc ont toujours fait preuve de sollicitude envers les Juifs et l'attachement des Juifs à leur marocanité ne s'est jamais démenti, qu'ils soient restés au Maroc ou qu'ils vivent sous d'autres cieux ». Témoin d'une longue tradition et imprégné de ses valeurs, mémoire vivante de son passé, Serge Berdugo a tenu enfin à déclarer que « Sa Majesté le Roi Mohammed VI, fidèle à ces principes n'a de cesse de réaffirmer « sa responsabilité religieuse, historique et constitutionnelle dans la préservation des personnes, des droits et des valeurs sacrées de ses sujets de confession juive ».
La commémoration par l'ONU de cette tranche douloureuse de l'histoire du Maroc est en quelque sorte une manière d'hommage au Roi du Maroc et aux Juifs du Maroc. Plus qu'attentifs, nous sommes interpellés.
Ce n'est pas simplement un épisode marquant dans l'histoire du Maroc, mais un fait glorieux. Qu'il fasse l'objet, soixante-dix ans plus tard aux Nations unies, d'un séminaire commémoratif donne la mesure rétrospective de l'événement. Serge Berdugo, ambassadeur itinérant de S.M. le Roi Mohammed VI, a pris part il y a quelques jours aux cérémonies commémoratives consacrées à cet épisode par l'ONU.
Il a prononcé un important discours, soulignant ce propos opportun de S.M. le Roi Mohammed VI qui a expliqué il n'y a pas longtemps « ce qu'a été la résistance au nazisme des pays comme le Maroc à partir de l'espace arabo-musulman, ont su dire non à la barbarie nazie et aux lois scélérates de Vichy».
Serge Berdugo, après avoir brossé un tableau sombre de l'époque et décrit les répercussions du nazisme sur la France et « son protectorat » marocain, a souligné que dans un tel contexte de tourmente, « les Juifs marocains étaient inquiets de la tournure que prennet les événements et sont confrontés à un antisémitisme idéologique systématique affiché par les Européens en majorité acquis aux idées racistes du gouvernement français de Vichy ». Ces idées, Mohammed V, tout à son humanisme obstiné, les refusa catégoriquement. Il ne se résolut nullement à apposer son sceau sur le Dahir portant statut des Juifs, qu'après avoir imposé ses propres critères, dont celui de l'appellation de Juif. « Au Maroc, souligne Serge Berdugo, les Juifs ne seront pas définis par la race ou l'ascendance mais par la pratique de la religion juive.
Est juif celui qui pratique la religion, alors que l'idéologie nazie considère comme Juif toute personne issue de 3 parents de race juive ». Et l'ambassadeur de S.M. le Roi de préciser devant le parterre des Nations unies que « la définition du Roi Mohammed V rejette toute connotation raciste et antisémite ».
La seconde mesure, combattue par le Roi, porte sur les interdictions et les quotas relatifs aux institutions religieuses juives. Non seulement, ils seront supprimés mais les écoles juives du Maroc continueront à fonctionner normalement et même à recevoir 80% de leur budget du Trésor public. « Ces concessions, affirme l'ambassadeur de S.M. le Roi, arrachées par Mohammed V auront des implications pratiques considérables sur la vie quotidienne de la grande majorité des Juifs, c'est-à-dire 90% des deux cent mille membres de cette communauté qui avaient conservé un mode de vie traditionnel, vivaient dans les Mellah et avaient une existence similaire à leurs voisins musulmans(…)Ils continueront à pratiquer leur religion , leurs activités commerciales et artisanales, leurs enfants recevront une éducation juive de qualité ».
En revanche, ceux qui avaient embrassé des carrières inscrites dans la modernité et des professions libérales, auront à souffrir de la discrimination des Européens, tout comme leurs confrères musulmans. Soumis aux violences verbales et même physiques des Européens, ils étaient tenus en joue et constamment menacés par des hordes inspirées du nazisme comme le fameux SOC français qui annonça même un pogrom au Mellah de Casablanca pour le 2 novembre 1942, soit six jours avant le débarquement américain qui sonna le glas des fascistes dans la ville. Serge Berdugo rappelle qu'il aura fallu attendre « la révocation du Résident général , le général Noguès, un antisémite notoire, pour que le statut des Juifs soit abrogé en 1943 ». Il rappelle bien à propos que le « Jeune Sultan n'avait que 30 ans et ne cessera pas d'apporter son soutien moral à ses « loyaux sujets juifs », son attitude courageuse et son opposition constante permettront que l'application des lois racistes ne soient ni uniformes ni intégrales ». Mohammed V a pris position dès le début : « Mon Palais vous est ouvert en permanence et vous pouvez venir à tout moment m'informer de tout ce qui pourrait se tramer contre vous »
Quand le régime du protectorat, alors soumis aux nazis, décidera de recenser les biens des Juifs du Maroc, l'inquiétude s'empara, peu s'en faut, de ces derniers. Ils craignaient tout simplement que leurs biens ne fussent confisqués. Mohammed V mènera à cet égard un combat d'autant plus efficace qu'il était discret pour contrecarrer les visées coloniales. Il reçut discrètement au Palais Royal les présidents des 4 communautés juives du Royaume, dont Joseph S. Berdugo, père de Serge qui , du haut de l'enceinte des Nations unies, a évoqué cette scène au décor émouvant encore : « Les présidents des 4 plus importantes communautés juives sont introduits au Palais dans une camionnette bâchée. Ils ont traversé les offices et les cuisines pour être reçus par le Souverain dans ses appartements, qui leur a dit : « Je connais vos angoisses, mais je vous demande d'assurer mes sujets juifs de ma pleine et entière protection. Dites leur que rien ne leur adviendra qui ne soit advenu auparavant à ma personne et à ma famille ». L'intransigeance royale ne cédera jamais et , décrivant une combativité sans faille, Serge Berdugo appuiera ses propos en recourant à des témoignages de l'époque qui ont valeur de symbole, comme notamment cette dépêche du 24 mai 1941 de l'Agence française d'information signée René Touraine et retrouvée en 1985 dans les Archives du Quai d'Orsay, portant le titre : « Changement d'attitude du Sultan du Maroc envers les autorités françaises : nous apprenons de source sûre que les rapports entre le Sultan du Maroc et les autorités françaises se sont sensiblement tendus depuis le jour où la Résidence appliqua les mesures contre les Juifs, malgré son opposition formelle. Le Sultan s'est refusé à faire la différence entre des sujets qui, selon lui, sont loyaux ».
L'ambassadeur de Sa Majesté le Roi, l'émotion chevillée au corps, a présenté devant les Nations unies une sorte de profession de foi de feu Mohammed V : la justice, l'humanisme et la vision historique. Il dira que le « Souverain pour sauvegarder les sujets de confession juive a pris des risques d'autant plus considérables que son pouvoir était battu en brèche par le protectorat français ». Il rappellera que le même Souverain déclara solennellement : « Je n'approuve pas du tout les nouvelles lois anti-juives et refuse de m'associer à une mesure que je désapprouve. Je tiens à vous informer que, comme par le passé, les Israélites restent sous ma protection et je refuse qu'une distinction soit faite entre mes sujets ». Une telle lucidité prémonitoire, le monde entier la reconnaîtra, le monde entier la saluera. Serge Berdugo en explicitera les raisons : « Les fondements des prises de position du Roi Mohammed V, affirme-t-il, sont consubstantielles à son statut de « Commandeur des Croyants ». Descendant du Prophète, il est Commandeur de tous les Croyants, celui des Musulmans mais aussi celui des adeptes des religions monothéistes et à ce tire le Roi a le devoir spirituel de protéger les Juifs ». Et de souligner enfin que « les Rois du Maroc ont toujours fait preuve de sollicitude envers les Juifs et l'attachement des Juifs à leur marocanité ne s'est jamais démenti, qu'ils soient restés au Maroc ou qu'ils vivent sous d'autres cieux ». Témoin d'une longue tradition et imprégné de ses valeurs, mémoire vivante de son passé, Serge Berdugo a tenu enfin à déclarer que « Sa Majesté le Roi Mohammed VI, fidèle à ces principes n'a de cesse de réaffirmer « sa responsabilité religieuse, historique et constitutionnelle dans la préservation des personnes, des droits et des valeurs sacrées de ses sujets de confession juive ».
La commémoration par l'ONU de cette tranche douloureuse de l'histoire du Maroc est en quelque sorte une manière d'hommage au Roi du Maroc et aux Juifs du Maroc. Plus qu'attentifs, nous sommes interpellés.
