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Grabuge dans la gestion déléguée

La gestion déléguée du stationnement à Casablanca revient sous les feux de la scène. Les rebondissements s'enchaînent, sans pour autant apporter de changement palpable, ou encore atténuer le calvaire d'automobilistes en mal de place de stationnement.

Grabuge dans la gestion déléguée
Les automobilistes en ont ras-le-bol des pratiques illégales de pose de sabot.
Après le coup de boutoir subi par le délégataire « Pag Parking », dont le contrat ne sera plus reconduit, c'est la société « Casa-Développement », filiale de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) qui devrait prendre le relais. A travers ce changement de main, les Casablancais ont beaucoup d'attentes sur ce registre-là. A commencer par le coût du stationnement qui est excessivement cher, mais qui se justifiepar son caractère dissuasif dans l'optique de susciter une rotation dans les endroits qui posent un problème de stationnement. De plus, les automobilistes en ont ras-le-bol des pratiques illégales de pose de sabot. Des pratiques décriées de partout, mais qui persistent malheureusement. La donne changera-t-elle avec l'entrée en jeu de ce nouvel acteur ? Le temps nous le dira, certes, mais les avis versent plutôt dans l'optimisme.

«Créer une société d'économie mixte est à mon sens la meilleure des options, vu que la ville jouera son rôle d'administrateur pour réguler le stationnement là où il y a problème de rotation», souligne Kamal Dissaoui, président de l'arrondissement Sidi Belyout.
Filiale du groupe CDG, Casa-Développement est une société d'économie mixte dont le Conseil de la ville est actionnaire à hauteur de 51%. Créée en 2008, la société dont la mission est de contribuer au développement de la ville par le biais de la valorisation du patrimoine de la commune se chargera de la gestion du stationnement au niveau des arrondissements Maârif et Anfa.

Des arrondissements qui avaient fait de la résistance du temps où la chose du stationnement était en phase de délégation, les gestionnaires de l'époque étant conscients que ce n'était pas la solution la plus juste. Par ailleurs, le verdict concernant Pag Parking est légitimé, selon des élus au Conseil de la ville, par le fait que la société exploitait 10.500 places de stationnement au lieu des 7.000 stipulées par le contrat. Chose qui signifie l'exploitation de 3.500 places de manière illicite. Cependant, la non-reconduction du contrat de Pag Parking ne signifie pas pour autant la rupture immédiate dudit contrat. En ce sens, s'étalant sur une période de 10 ans, le pacte liant la société à la ville ne devrait pas prendre fin avant 2017. Autant dire que la sentence en question n'est que d'ordre philosophique, alors que la logique voudrait que cet agissement fasse l'objet de pénalités. Contacté par téléphone, Rubèn David Pizzaro Gomez, gérant de Pag Parking, est resté injoignable.

« Il fallait régler le problème dans l'immédiat et sanctionner, notamment que les irrégularités sont légions dans cette société. En plus de l'exploitation illicite de 3.500 places, le délégataire ne respecte rien en recourant au tracé des places de stationnement, que ce soit face à un feu rouge ou même en plein virage, en plus d'investir les ruelles dans les quartiers résidentiels. Ce sont des gens qui agissent la nuit et qui tracent là où bon leur semble », s'insurge Kamal Dissaoui.
Et d'ajouter : «Au lieu de favoriser la mobilité, cette société fait plutôt l'inverse. Là, nous nous retrouvons dans une situation calamiteuse, avec une société qui s'estime au-dessus de la loi et qui ne reconnaît aucun autre interlocuteur à part le maire de Casablanca. Personnellement, je suis partisan d'un contrat avec une société qui respecte le cahier des charges et, normalement, si le contrat n'est pas respecté, il faut recourir à des pénalités et rétablir la situation ».

Et en termes d'irrégularités, la liste ne risque pas de s'arrêter là. Sous d'autres cieux, le reliquat en minutes sur un ticket de stationnement après les heures payantes est, de facto, reporté au lendemain, chose qui n'est pas le cas à Casablanca. De même, la pose du sabot est un acte interdit par la loi. Comment expliquer alors que cet agissement puisse persister en toute impunité ? «La police administrative est quelque chose qui ne peut en aucun cas être déléguée…
L'objectif initial était de réguler le stationnement et d'assurer une certaine mobilité, et non pas de faire rentrer de l'argent. Là, l'objectif est devenu pécuniaire, sans pour autant que le service de cette société ait une plus-value», conclut le président de l'arrondissement Sidi Belyout.

Situation de non droit

Les contrôleurs sillonnant les rues pour vérifier que les salariés de Pag Parking font bien leur travail disposent désormais d'un sésame. En effet, avec un papier sous le coude, ces derniers font savoir aux automobilistes « sabotés » que l'acte n'a plus rien d'illégal.
«Regardez ce document délivré par le Conseil de la ville, il nous autorise à mettre le sabot et il a la latitude de faire avorter toute action en justice que voudrait intenter un automobiliste mécontent contre la société», explique ce contrôleur.
Quoi de plus illégal que de légaliser l'illégal ? Comme quoi, demain, une quelconque société en charge d'un quelconque service délégué serait autorisée à mettre votre maison sous scellé en toute légalité, vu qu'aussi bien le véhicule que le logement relèvent de la propriété privée, et que seuls les autorités compétentes sont en droit de saisir.
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