Un défi à elle-même parce qu'elle restitue une fresque sociale, tout en épinglant les uns et les autres, un défi ensuite aux préjugés qui imprègnent la perception que l'on se fait de la communauté juive marocaine, qui persistent également au sein même de cette communauté.
D'une écriture passionnée, qui reflète à vrai dire le caractère de l'auteur, le livre parcourt des thèmes comme l'exode des Juifs du Maroc, la difficile construction de la paix, la cohabitation, le déracinement, la prétendue opposition culturelle entre Séfarades et Ashkénazes, l'immense souffrance des Juifs et des Palestiniens, enfin la problématique. Un brin caustique, la démarche de Nicole Banon mélange humour et tristesse, mais ne se départit jamais d'une exigence d'honnêteté qui lui confère une dimension d'exception. Aussi bien la communauté juive que musulmane se retrouvent dans un livre qui est d'abord le cri d'une Marocaine, attachée à son pays et à ses traditions, blessée, révoltée ensuite, devenue au fil de l'écriture l'égérie d'une pensée quasi radicale. Une militante de la vérité et une adversaire de la complaisance.
Comme pour marquer le cadre, elle annonce d'emblée cette vérité : « Dans ce premier ouvrage, je veux vous raconter ce que beaucoup de gens ignorent encore ou depuis toujours. Il n'y a jamais eu de haine entre Juifs et Musulmans du Maroc, et il n'y en aura jamais ». Et de s'en prendre, non sans une subtilité linguistique qui parcourt le livre, aux rumeurs qui sont à la relation intercommunautaire ce que le calice est à l'homme. Elle rappelle que le Maroc, à travers quelque 4000 ans de cohabitation, s'est forgé une identité, pétrie des siècles durant sur le principe sacré de tolérance et d'acceptation de l'Autre. Une communauté de destin a été la marque intangible, elle continue sur le fil du temps, quand bien même – et Nicole Banon le souligne avec force – des épreuves seraient venues à la faveur de la colonisation et de la libération menacer cette cohabitation. Elle décrit avec émotion le déchirement de la communauté juive marocaine lors de la création de l'Etat d'Israël, des guerres israélo-arabes qui ont ensuite suivi, elle porte aussi l'estocade à certains responsables de la communauté juive qu'elle interpelle, elle crie enfin sa fierté de marocaine et de royaliste.
L'amertume face aux rumeurs, l'énergie aussi pour les combattre, notamment par l'écriture qu'elle érige – tout en rappelant la mythique Xéna – comme son arme de prédilection, voilà la marque essentielle d'un livre témoignage qu'elle offre à tous ceux qui souhaitent sonder en profondeur un certain pan de notre histoire. L'énergie ? Elle la place sous le signe du philosophe allemand Nietzsche : « Tout ce qui ne tue pas, rend plus fort ». Née en 1958 , à la veille de Yom Kippour, soit neuf ans avant la guerre israélo-arabe de juin 1967, elle a pris soin de raconter les moments tragiques d'une cohabitation violée ou transgressée par les événements qui viennent d'un Moyen Orient déchiré et dont les répercussions, à coup sûr, ne pouvaient qu'ébranler la communauté juive du Maroc, inciter certains à l'exode et mettre à mal ses rapports avec la communauté sœur musulmane.
L'histoire, plutôt la tragédie s'est invitée de force dans un destin collectif et dans la destinée d'une petite fille à laquelle, vaille que vaille, son père s'acharnait à dire qu'elle est marocaine et restera marocaine. Nicole Banon, retrace cette période avec un luxe de détails, recourant même à l'anecdote pour ne pas avoir à entraîner son lecteur dans la spirale du tragique, lui suggérer également que, bon an mal an, l'espoir est toujours au bout du tunnel.
C'est un souffle et une volonté insondable qui traversent le livre de Nicole Banon, une écriture d'autant plus originale qu'elle est libérée de toutes sortes d'encombrement, lexicaux, grammaticaux et se nourrit en même temps d'une prose de ce qu'il y a de plus classique et précieux. Une écriture belle et limpide, extatique à la limite. Les genres, romanesque notamment, croisent une pensée aigue, une exigence éthique en fin de compte. On s'en voudrait de ne pas souligner aussi la part personnelle investie par l'auteur qui nous conduit et nous balance d'une situation à une autre avec l'ardeur et la fougue d'un explorateur.
S'il fallait, en effet, un témoignage original, à la limite singulier dans sa provocation, celui que nous apporte Nicole Banon n'a pas son équivalent.
Son regard percutant sur une période significative de l'histoire du Maroc nous change et nous déshabitue des compendiums publiés jusqu'ici et qui ont leur mérite sur la communauté juive du Maroc. La douleur des départs, décrits en finesse, le sens de l'objectivité sur fond d'un devoir de vérité et d'honnêteté, l'exigence de partager aussi un poids lourd que notre mémoire supporte, ce sont là les vérités que «La Renaicendre ou mémoires d'une Juive marocaine et patriote» porte d'un bout à l'autre. Un témoignage fort, une écriture alerte et belle, une conviction chevillée au corps d'une femme, une Marocaine qui témoigne.
D'une écriture passionnée, qui reflète à vrai dire le caractère de l'auteur, le livre parcourt des thèmes comme l'exode des Juifs du Maroc, la difficile construction de la paix, la cohabitation, le déracinement, la prétendue opposition culturelle entre Séfarades et Ashkénazes, l'immense souffrance des Juifs et des Palestiniens, enfin la problématique. Un brin caustique, la démarche de Nicole Banon mélange humour et tristesse, mais ne se départit jamais d'une exigence d'honnêteté qui lui confère une dimension d'exception. Aussi bien la communauté juive que musulmane se retrouvent dans un livre qui est d'abord le cri d'une Marocaine, attachée à son pays et à ses traditions, blessée, révoltée ensuite, devenue au fil de l'écriture l'égérie d'une pensée quasi radicale. Une militante de la vérité et une adversaire de la complaisance.
Comme pour marquer le cadre, elle annonce d'emblée cette vérité : « Dans ce premier ouvrage, je veux vous raconter ce que beaucoup de gens ignorent encore ou depuis toujours. Il n'y a jamais eu de haine entre Juifs et Musulmans du Maroc, et il n'y en aura jamais ». Et de s'en prendre, non sans une subtilité linguistique qui parcourt le livre, aux rumeurs qui sont à la relation intercommunautaire ce que le calice est à l'homme. Elle rappelle que le Maroc, à travers quelque 4000 ans de cohabitation, s'est forgé une identité, pétrie des siècles durant sur le principe sacré de tolérance et d'acceptation de l'Autre. Une communauté de destin a été la marque intangible, elle continue sur le fil du temps, quand bien même – et Nicole Banon le souligne avec force – des épreuves seraient venues à la faveur de la colonisation et de la libération menacer cette cohabitation. Elle décrit avec émotion le déchirement de la communauté juive marocaine lors de la création de l'Etat d'Israël, des guerres israélo-arabes qui ont ensuite suivi, elle porte aussi l'estocade à certains responsables de la communauté juive qu'elle interpelle, elle crie enfin sa fierté de marocaine et de royaliste.
L'amertume face aux rumeurs, l'énergie aussi pour les combattre, notamment par l'écriture qu'elle érige – tout en rappelant la mythique Xéna – comme son arme de prédilection, voilà la marque essentielle d'un livre témoignage qu'elle offre à tous ceux qui souhaitent sonder en profondeur un certain pan de notre histoire. L'énergie ? Elle la place sous le signe du philosophe allemand Nietzsche : « Tout ce qui ne tue pas, rend plus fort ». Née en 1958 , à la veille de Yom Kippour, soit neuf ans avant la guerre israélo-arabe de juin 1967, elle a pris soin de raconter les moments tragiques d'une cohabitation violée ou transgressée par les événements qui viennent d'un Moyen Orient déchiré et dont les répercussions, à coup sûr, ne pouvaient qu'ébranler la communauté juive du Maroc, inciter certains à l'exode et mettre à mal ses rapports avec la communauté sœur musulmane.
L'histoire, plutôt la tragédie s'est invitée de force dans un destin collectif et dans la destinée d'une petite fille à laquelle, vaille que vaille, son père s'acharnait à dire qu'elle est marocaine et restera marocaine. Nicole Banon, retrace cette période avec un luxe de détails, recourant même à l'anecdote pour ne pas avoir à entraîner son lecteur dans la spirale du tragique, lui suggérer également que, bon an mal an, l'espoir est toujours au bout du tunnel.
C'est un souffle et une volonté insondable qui traversent le livre de Nicole Banon, une écriture d'autant plus originale qu'elle est libérée de toutes sortes d'encombrement, lexicaux, grammaticaux et se nourrit en même temps d'une prose de ce qu'il y a de plus classique et précieux. Une écriture belle et limpide, extatique à la limite. Les genres, romanesque notamment, croisent une pensée aigue, une exigence éthique en fin de compte. On s'en voudrait de ne pas souligner aussi la part personnelle investie par l'auteur qui nous conduit et nous balance d'une situation à une autre avec l'ardeur et la fougue d'un explorateur.
S'il fallait, en effet, un témoignage original, à la limite singulier dans sa provocation, celui que nous apporte Nicole Banon n'a pas son équivalent.
Son regard percutant sur une période significative de l'histoire du Maroc nous change et nous déshabitue des compendiums publiés jusqu'ici et qui ont leur mérite sur la communauté juive du Maroc. La douleur des départs, décrits en finesse, le sens de l'objectivité sur fond d'un devoir de vérité et d'honnêteté, l'exigence de partager aussi un poids lourd que notre mémoire supporte, ce sont là les vérités que «La Renaicendre ou mémoires d'une Juive marocaine et patriote» porte d'un bout à l'autre. Un témoignage fort, une écriture alerte et belle, une conviction chevillée au corps d'une femme, une Marocaine qui témoigne.