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Le FMI projette une croissance globale de 3,9%

Les changements en cours offrent à la région l'occasion de jeter les bases d'un modèle de croissance à la fois plus dynamique et socialement solidaire.

Le FMI projette une croissance globale de 3,9%
Les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord doivent affronter de multiples tensions engendrées par la hausse des cours des matières premières et les bouleversements de l'activité économique. Rendu public hier, le rapport du FMI sur les Perspectives économiques régionales consacré au Moyen-Orient, à l'Afrique du Nord, à l'Afghanistan et au Pakistan (MOANAP) fait observer que «la difficulté immédiate pour les pays importateurs de pétrole est de préserver la cohésion sociale et la stabilité macroéconomique face à des tensions multiples». Notant que les perspectives à court terme restent contrastées, le même rapport projette une croissance globale de la région de 3,9 %, indiquant que dans les pays importateurs de pétrole (Afghanistan, Djibouti, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Mauritanie, Pakistan, Syrie et Tunisie), elle ne devrait atteindre que 2,3%. Selon le FMI, ces pays vont traverser une année difficile sur le plan économique car ils devront gérer des tensions tant internes qu'externes. «La détérioration des termes de l'échange provoquée par le renchérissement des produits alimentaires et énergétiques devrait alourdir leur facture d'importation de quelque 15 milliards de dollars, soit en moyenne près de 3 % du PIB».

Ceci se traduira par une poussée de l'inflation ou par une détérioration du solde budgétaire, selon l'ampleur des subventions. «A court terme, des dépenses additionnelles sont compréhensibles et nécessaires pour assurer la cohésion sociale, mais elles accentueront les tensions sur les finances publiques. Beaucoup de pays auront besoin d'une aide extérieure pour gérer la transition». Pour Masood Ahmed, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, à moyen terme, les politiques destinées à atténuer les tensions sociales ne sauraient être indéfiniment financées par des déficits. Pour lui, «il faudra donc adopter des mesures pour accroître les recettes, remplacer les subventions généralisées par une protection sociale bien ciblée profitant aux pauvres de façon plus effective, et réduire les déperditions dans les dépenses publiques». Pour beaucoup de pays importateurs de pétrole, les troubles politiques devraient nuire au tourisme et à l'investissement. Si l'on y ajoute la hausse des coûts de financement et les demandes pressantes d'augmentation des dépenses dans l'ensemble de la région, les soldes budgétaires devraient subir des pressions plus fortes.

Les risques qui pèsent sur la stabilité macroéconomique et financière, s'ils ne sont pas corrigés rapidement, pourraient compromettre l'adoption d'un nouveau modèle de croissance solidaire et freiner la création d'emplois. Aussi les gouvernements disposant d'une faible marge de manœuvre budgétaire devront-ils envisager de compenser partiellement le surcroît de dépenses prioritaires par des coupes dans d'autres domaines. L'actuelle donne pourrait constituer une aubaine pour les pays exportateurs de pétrole. Grâce à l'augmentation des cours et de la production de pétrole, le solde global des transactions courantes des pays exportateurs de pétrole devrait plus que doubler pour se chiffrer à 380 milliards de dollars en 2011 (Libye non comprise). En dépit de ces perspectives globalement positives, les pays exportateurs de pétrole de la région continuent de se heurter à des redoutables problèmes structurels, tels que la nécessité de diversifier davantage leurs économies, de créer des emplois pour leur population, de poursuivre le développement du secteur financier pour soutenir la croissance économique et d'améliorer la gestion des ressources publiques. Par ailleurs, le même rapport indique que dans l'ensemble de la région, l'équilibre à faible croissance de ces dernières années n'a pas permis de créer suffisamment d'emplois pour une population active grandissante. En outre, le rapport note un sentiment généralisé que le climat des affaires profite indûment à une minorité de privilégiés. Il reste beaucoup à faire pour doper la création d'emplois et mieux préparer les jeunes au marché du travail; dans certains pays ils souffrent d'un taux de chômage nettement supérieur à 20 %.

Le rapport précise que chaque pays devra tracer sa propre démarche pour promouvoir le développement, mais tous devront viser certains objectifs communs : un environnement macroéconomique stable générateur de confiance et d'investissement; des emplois en nombre suffisant dans le secteur privé pour absorber les chômeurs actuels et une population active en forte croissance. «Les mois à venir seront certes délicats et les revers seront inévitables, mais il existe désormais une dynamique de changement qu'il faut mettre à profit». Les changements en cours au Moyen-Orient et en Afrique du Nord offrent à la région l'occasion de jeter les bases d'un modèle de croissance à la fois plus dynamique et socialement solidaire.

Des mesures urgentes

A court terme, les gouvernements devront accélérer les investissements d'infrastructure à forte intensité de main-d'œuvre, fournir des incitations fiscales aux petites et moyennes entreprises et mettre en place des programmes de formation bien adaptés. Toutefois, ces mesures ne sauraient se substituer à une vaste stratégie de l'emploi capable de redéployer les structures d'éducation pour doter les diplômés des aptitudes recherchées par les employeurs; d'améliorer le climat des affaires; et de mettre fin aux rigidités du marché du travail qui exercent un effet dissuasif sur l'embauche. Le rapport du FMI signale les nombreux atouts dont dispose la région : une population jeune et dynamique, d'énormes ressources naturelles, un vaste marché régional, une position géographique privilégiée et un accès aux principaux marchés. Cela dit, pour l'heure, les pays connaissent de grandes difficultés; il est urgent de s'attaquer au chômage et d'améliorer les dispositifs de protection sociale».
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