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«La Goutte de lait» au secours des nourrissons

C'est en plein centre-ville de Casablanca que la Goutte de lait œuvre pour les nourrissons en souffrance.
Une association qui dispose d'un centre de santé pour la prise en charge des bébés en difficulté postnatale.

«La Goutte de lait» au secours des nourrissons
Des pleurs de nouveaux-nés qui animent les couloirs, tel est le quotidien des bénévoles de «La Goutte de lait», association à utilité publique qui prend en charge les prématurés ou encore les nourrissons en souffrance. L'association comprend deux centres et reçoit 1 000 à 1 200 bébés par an de Casablanca, mais également de Settat ou Safi. «Nous venons en aide aux parents qui ne trouvent pas de place pour leurs bébés en difficulté dans les CHU ou les polycliniques», explique le Docteur Alami, bénévole et vice-trésorier à la Goutte. «Malheureusement, les hôpitaux de Casablanca ont un taux d'occupation réduit et sont toujours pleins», ajoute ce dernier. Des hôpitaux surpeuplés qui sont la cause de décès de plusieurs bébés en difficulté qui ne peuvent bénéficier d'une prise en charge immédiate. En effet, le quotidien de ces parents à enfants prématurés ou en souffrance est bien morose puisqu'ils sont obligés de faire le tour des cliniques pour trouver une berceuse ou une couveuse disponible, mais souvent sans succès.

«La Goutte de lait» dispose de 45, voire 50 berceuses, dont 28 couveuses, mais cela reste insuffisant puisque la demande est beaucoup trop importante et le taux de mortalité des nouveaux-nés encore élevé. «Afin de prévenir et de réduire le taux de mortalité de la mère ou du bébé, il faut agir en profondeur», explique le Dr Alami. En effet, il faudrait commencer par créer un centre mère-enfant pour accompagner la mère tout au long de sa grossesse et prévenir les accouchements difficiles», confie le Docteur qui assure ce travail de façon bénévole. «Pour faire face à la mortalité infantile, il faudrait penser à construire 3 ou 4 centres comme «La Goutte de lait», créer des centres au niveau de chaque préfecture ou encore ajouter des berceuses au Centre hospitalier universitaire».

Des initiatives logiques, a priori, mais qui ne le sont plus lorsqu'on fait le constat que les hôpitaux ne sont pas équipés pour sauver des vies et se contentent d'envoyer les parents vers des cliniques privées. Qui dit privé, dit payant, et les prix volent parfois très haut ! En effet, la prise en charge d'un nouveau-né, prématuré ou à difficulté respiratoire, coûte entre 3 000 et 5 000 dirhams. Même si la Goutte de lait propose des tarifs jusqu'à cinq fois moins chers, certaines familles sont dans l'incapacité de payer les frais pour maintenir leur bébé en vie. «Nous proposons des réductions, voire la gratuité à des familles dans le besoin. C'est au contact de ces gens, au jour le jour, que nous arrivons à voir s'il est possible pour eux de payer ou non. Nous nous adaptons», ajoute Dr Alami, conscient que les efforts ne sont pas suffisants. Des efforts que l'association essaie de maintenir grâce à l'aide de l'État, des assurances et des donateurs. Cependant, le problème qui se pose souvent est la non-prise en charge des frais d'hospitalisation par les assurances privées. En effet, ces assurances ne considèrent pas «La Goutte de lait» comme une clinique privée et ne remboursent donc pas les parents, lésés et impuissants face à une décision aussi injuste.

Peurs, déceptions, désillusions, coups bas et injustices demeurent le quotidien de ces parents qui souffrent d'avoir eu un enfant en souffrance. Pour atténuer un tant soit peu cette douleur, la Goutte de lait continue d'œuvrer en mettant en place des projets efficaces. «Nous avons pour projet d'ouvrir un centre pour le dépistage et la prise en charge des bébés à la sortie de «La Goutte de lait», rapporte la même source. «Il y a parfois des séquelles, comme des retards psychologiques ou psychomoteurs. Ce centre, inauguré dans un mois, sera doté, entre autres, d'orthophonistes, de pédopsychiatres ou encore de kinésithérapeutes».
Un véritable travail de fond bien ficelé et mené à bien pour combler les déficiences d'un circuit sanitaire en perte de vitesse. «La Goutte de lait» n'est que le reflet de ce tissu associatif qui souvent remplace l'instance en place, au lieu de la compléter ou de travailler en collaboration avec elle pour mieux avancer. Des solutions apportées au compte-gouttes par des passionnés qui prouvent ainsi que tout reste possible.

«La Goutte de lait», pionnière au Maroc en matière de néonatologie

Dès 1968, l'association s'équipait des premières couveuses, jetant les bases des soins aux prématurés. Une vie, même démarrant trop tôt, trop fragile, méritait toute l'attention nécessaire, tous les soins possibles. La Goutte de lait devenait ainsi, historiquement, le premier centre de néonatalogie au Maroc. Cela a été possible grâce à l'acharnement du Dr Abdellatif Berrada (médecin chef de 1966 à 1992) et du Dr Hadj Driss Benjelloun (médecin chef depuis 1992 et président de l'association de l'œuvre de «La Goutte de lait» depuis 1992). Cinq néonatologues, travaillant en équipe et partageant les avis, assurent les soins. Un tour de garde permet d'assurer la continuité des soins, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le service de néonatologie essaie de respecter au mieux l'écologie des bébés hospitalisés : lutte contre le bruit, respect du cycle naturel veille-sommeil, postures adaptées, etc.
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