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Un écomusée devenu coquille vide

L'unité dédiée à l'éducation environnementale et à la création d'activités génératrices de revenus n'a intéressé aucun bailleur de fonds ou mécène.

Un écomusée devenu coquille vide
Dédié aux vautours fauves, une espèce menacée, l'écomusée vise à accroître l'effectif des oiseaux observés sur le site et là créer des activités génératrices de revenus au profit de la population locale.
Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et la perte de la biodiversité, l'Association d'éducation environnementale et de protection des oiseaux au Maroc (SEEPOM), a proposé, en 2007, la création d'un écomusée dédié aux vautours fauves, une espèce menacée. Cette initiative, qui s'inscrit dans le cadre du projet sur la biodiversité de «Cahf N'sour» (grottes des vautours), préconisée avec la province de Khénifra dans le cadre de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), la commune de Sidi Lamine et l'association Bourhi pour le développement, vise à accroître l'effectif des oiseaux observés sur le site et créer des activités génératrices de revenus au profit de la population locale.

Malgré son intérêt, cette initiative est restée au niveau des intentions. En effet, l'écomusée est aujourd'hui construit mais il n'a pas encore été équipé faute de moyens. Pourtant, selon les initiateurs du projet, des bailleurs de fonds contactés au début ont manifesté leur intérêt pour contribuer à cette unité éducative, une fois réalisée. «L'écomusée est créé, mais il n'est pas équipé, faute de moyens. Aucun bailleur de fonds n'a contribué ni à sa réalisation ni à la mise en place des activités génératrices de revenus», a souligné avec amertume Zine Laabidin Arhzaf, président de la SEEPOM.

Le sentiment d'avoir travaillé pour rien est justifié, puisque cette association a tout misé sur l'écomusée. La SEEPOM a fait de cette structure éducative le pivot central de son projet de développement pour créer une économie locale via la valorisation des produits du terroir (miel, plantes médicinales, etc.) et l'artisanat (tapis, costumes traditionnels, etc.). «A travers cet écomusée, nous avons souhaité développer un écotourisme solidaire avec la population locale. Les touristes amoureux des oiseaux qui visiteront la région, logeront chez l'habitant et profiteront des excursions à dos d'ânes ou de mulets», a ajouté Arhzaf.

Destruction de l'environnement
Au Maroc, les ressources naturelles font l'objet d'une grande pression de la part des populations défavorisées en milieu rural et surtout dans la forêt. La destruction de l'environnement est causée notamment par des projets de développement non maîtrisés ainsi que la pression urbanistique. Tout cela fait disparaître chaque année des milliers d'habitats naturels et d'animaux sauvages.
Notre pays est considéré parmi les 25 régions hotspots (zone riche en biodiversité et menacée) dans le monde. Grâce à ses atouts naturels et avec un taux de 23% d'endémisme, il occupe, dans le bassin méditerranéen, la deuxième place après la Turquie. Selon des experts, le Maroc peut même ravir la première place s'il arrive à exploiter l'ensemble de sa biodiversité saharienne.

Autre richesse naturelle mal connue, le littoral national qui s'étend sur 3.500 km de zones côtières (atlantique et méditerranéenne) et abrite des espèces marines rares. Dans la baie de Dakhla par exemple, il existe une espèce de dauphins qui ne vit qu'au Maroc et au Japon. Toujours sur les côtes atlantiques des provinces du Sud, vivent encore les derniers phoques moines, qui ont presque disparu de la Méditerranée. «Avec toute la richesse de notre littoral, il n'existe dans notre pays que cinq personnes spécialisées dans la biologie marine», a noté Hocein Bazairi, enseignant à la faculté des sciences -Université Mohammed V-Agdal à Rabat.
Malgré toutes ces potentialités, le Maroc est en train de perdre sa biodiversité comme l'a indiqué le dernier Rapport national sur la biodiversité publié en 2009. «Nous sommes en train de détruire notre biodiversité qui représente un capital national. La protection de l'environnement doit être érigée comme projet de société», a conclu Hassan Jaziri, professeur à l'institut scientifique de Rabat.

Atelier sur la création d'entreprise

Parmi les principales actions réalisées dans le cadre du projet sur la biodiversité de «Cahf N'sour», outre l'écomusée dédié à la protection de la biodiversité et la protection de l'écotourisme (construit sur un terrain de 4.000 m2), la distribution de 40 chèvres (reproductrices) et trois boucs (géniteurs) au profit de dix familles démunies et la vaccination et le déparasitage du bétail (3.800 têtes d'ovins et caprins et 560 têtes d'équidés) au profit des populations démunies.
Autres actions réalisées dans le cadre de ce projet, l'expertise d'une délégation de la SEEPOM en matière de la biodiversité et du développement durable, l'organisation d'un atelier de formation sur le thème: «Initiation à la création d'entreprise» au profit de 28 bénéficiaires représentant 13 associations et coopératives locales, l'équipement de la bibliothèque de l'école de Kahf N'sour de 355 livres, la distribution de denrées alimentaires, de cartables et de fournitures scolaires au profit des élèves démunis.
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