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Débat politique et sérénité nécessaire

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Ce que l'on appelle prosaïquement «le climat politique et social» fait depuis quelques semaines l'objet d'un débat feutré, digne des chaumières et des salons. Mais responsable aussi, fort heureusement. Sur fond d'interrogations diverses, parfois contradictoires, c'est à qui agrémentera mieux le propos de nouvelles sensationnelles, de ces «scoops» qui, n'en déplaise à certains, se révèlent davantage des «tuyaux crevés» que comme des informations crédibles. Surenchère, désinformation, voire même intoxication, chacun y va de son couplet depuis ce 20 février où s'est enclenchée une dynamique de jeunes, suivie par des mouvements corporatistes, marquée aussi par un débat étendu à tous les secteurs et qui est à la démocratie ce que la force et l'énergie sont à un organisme. La propension devient grande chez certains-heureusement qu'ils sont limités au nombre de quelques infatigables contempteurs-de tout dénigrer, parfois même de reprendre à leur compte des rumeurs, de les ériger pour dénigrer les uns et les autres. S'il est vrai que le Maroc traverse à présent une phase significative de son histoire, il n'en reste pas moins qu'elle s'inscrit dans le cycle d'une évolution à la fois normale et nécessaire. On dirait quasi programmée.

Le projet de révision de la Constitution suscite un vif intérêt, certes, mais il n'est pas la conséquence immédiate du mouvement du 20 février, puisqu'un débat, feutré et officieux, était engagé sur le même sujet depuis au moins un an ! Autrement dit, la décision de procéder à la révision constitutionnelle n'a pas été, loin s'en faut, conditionnée par le mouvement en question.

La vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI consiste à mettre en place une réflexion assidue, suivie d'action pour renforcer la culture de réforme. Celle-ci constitue depuis son accession au Trône, en juillet 1999, le point cardinal de son règne, tant et si bien que l'on peut aisément affirmer que «le règne, c'est la réforme », que le Roi incarne le changement et que la transformation à touches régulières, à un rythme accéléré parfois, demeurent la finalité incontournable. Peut-être devrait-on rappeler aux uns et aux autres que le discours du 9 mars dernier, outre la dimension philosophique qu'il comporte, a proposé une sorte de méthodologie inédite en ce qu'il a mis en exergue un programme en 7 points axiomatiques. Programme global certes, mais aussi et surtout une volonté de sérier les thématiques qui, pour avoir érigé la révision constitutionnelle comme épicentre, aborde aussi de nouvelles terres de ce champ immense qu'est la société politique. Discours de la méthode ? Que oui, en effet, parce qu'il déploie vision politico-sociale et pertinence, il ouvre de nouvelles voies au Maroc, comme il n'en a jamais existé, il projette un nouveau, disons plutôt le nouveau modèle de société où se croisent les exigences de la modernité et l'enracinement dans nos valeurs, assurant la promotion des jeunes générations, renforçant le principe de responsabilité à tous les niveaux de la société, consolidant le poids des instances et des composantes nationales dans leur large spectre.

La parole du Roi, qui a force de loi ne l'oublions jamais, est allée à la rencontre des attentes du peuple. Mieux : elle a anticipé sur ces attentes, et c'est peu dire que toutes et tous devraient en être dignes et se conformer à cette irascible volonté de changement qui est soumis à la voix du peuple. Ce n'est pas un hasard si des voix étrangères significatives se sont élevées pour saluer la portée politique et sociale du discours du 9 mars, et qu'elles en fassent un modèle et un exemple à suivre. Il reste à savoir si les formations politiques, les syndicats, les associations qui parlent au nom du peuple, les opérateurs économiques et toutes les instances reconnues, voire même le gouvernement-formé de plusieurs composantes-pourraient s'inscrire dans la nouvelle dynamique enclenchée depuis le 9 mars dernier. Cette dynamique les interpelle à plus d'un titre, elle exige d'eux engagement, discernement, volontarisme et surtout un sens de responsabilité dont il convient de souligner à quel point il a jusqu'ici fait défaut !

On doit rappeler que les principales critiques formulées jusqu'ici à l'encontre des responsables politiques portent essentiellement sur leur esprit velléitaire et un attentisme ostentatoire qui devient synonyme de blocage et d'apathie. Le tournant du 9 mars a bousculé les choses, il a donné un autre ton et un rythme accéléré aux événements, comme en témoigne l'adoption du projet de listes électorales qui, entre le 27 avril au niveau du gouvernement et le 3 mai à celui de la Chambre des représentants, a illustré ce qu'on doit appeler « la célérité magistrale » ! Est-ce à dire que la pression des événements a porté ses fruits ? Oui et non, parce que la volonté-des hommes qui dirigent surtout- devrait être au-dessus des péripéties, politiques et sociales. Le débat n'arrête pas le progrès, l'attentisme et les atermoiements en constituent le poison, voire sa propre mort.

Maintenant que la nouvelle phase, celle de la rédaction et du peaufinage, semble marquer le processus de mise en œuvre du projet de révision constitutionnelle, il convient de souligner l'impératif intrinsèque, à savoir la sérénité. Irréversible, plus qu'attendu et même « guetté », ce processus exprime plus que jamais la volonté nationale, celle des partis, des opérateurs, des syndicats, de la société civile et de tout ce qui forme l'échiquier national en sa complexe et inépuisable diversité.
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