Ce n'est certes pas un tournant, comme il en est lorsque le pays émerge d'une difficile maturation ! Sans doute, devrait-on invoquer l'étape d'une gestation quelque peu agitée à laquelle un échiquier politique comme le nôtre, habitué des années durant à des consensualismes plutôt mous, est aujourd'hui confronté. Oui ou non, le chef de gouvernement désigné par le Roi au lendemain des élections du 25 novembre dernier, va-t-il réussir son pari d'une «majorité homogène», comme il l'a promis ? Oui ou non, la représentation gouvernementale esquissera-t-elle ici celle du Parlement? Autrement dit, celle-ci dépassera-t-elle les 230 sièges, seuls capables de justifier la première et de conforter l'action si attendue du nouveau Cabinet ?
La démarche du nouveau chef de gouvernement procède par inversion pour ainsi dire, la priorité étant en effet la constitution d'une majorité cohérente, implacablement homogène et, surtout, irréprochable aux yeux des électeurs qui lui ont témoigné leur confiance, ainsi qu'à son parti. Nous y voilà ! L'USFP a quitté le terrain des négociations avant même qu'une proposition - notamment au niveau des portefeuilles - lui soit suggérée.
Le choix de ne pas participer au gouvernement a été fait, certes, après un débat démocratique. Mais il laisse un goût amer pour d'aucuns, notamment au niveau du parti de Abdelilah Benkirane, qui non contents d'avoir tissé autrefois de sérieuses relations avec l'USFP, poussaient indéniablement à l'alliance.
Le PJD et l'USFP, c'est le moins que l'on puisse dire, entretenaient plus qu'une amitié, mais une complicité qui en a dérouté plus d'un socialiste. Fortement implantés dans les milieux urbains, portés idéologiquement à être les parangons de la justice économique et sociale, «défenseurs des masses populaires», ils pêchent dans le même bassin des voix. Tout eut pu les réunir dans le même destin politique. Rien, en revanche, n'a pu consolider en quoi que ce soit l'entente qu'un certain facilitateur en la personne de Driss Lachgar avait mis des mois à mettre sur pied. Sans doute, en effet, la consolation, maigre mais significative, est-elle venue de l'acceptation affichée par le PPS.
Ses instances réunies samedi dernier, le débat sensible engagé, le Parti communiste a donc entériné l'alliance avec les islamistes et, suprême dérision, il a fait avaler la couleuvre à ses militants. Ils sont loin les temps des récriminations, dans un sens comme dans l'autre. En intégrant le PPS dans son «pipe», le leader du PJD ouvre une brèche sérieuse dans le front prétendument hermétique de la gauche institutionnelle, non sans dénaturer le masque raviné, non sans déstabiliser les tenants du socialisme pur et dur. Pour autant, il ne porte pas un coup dur, comme on le croit, à l'unité ou à la cohésion de l'USFP. Pour autant, aussi, la Koutla ne saurait plus désormais se prévaloir d'un même horizon. Après le 25 novembre, elle est morte de sa belle mort, transfigurée, tiraillée et déchirée. La cohabitation qui se dessine fait également la place, moins évidente que l'on y pensait, au Mouvement populaire, vaste et diffus phalanstère. Il existe davantage dans la mémoire et une omniprésence indéchiffrable que par la force des voix. Il sera de la partie, ses dirigeants n'hésitant pas à s'allier au PJD, avec l'espoir de marquer l'histoire de leur sceau.
Quatre partis, «grosso modo», formeront donc le noyau dur de la coalition qui se dessine, non plus en épure, mais dans une géométrie variable propre à déraisonner les puristes. Hétérogène, elle s'inscrit bel et bien dans l'évolution d'un Maroc qui s'efforce de faire l'économie des bouleversements et des «révolutions de pacotille». On serait tenté, dans ces conditions, de dire que l'échiquier politique se mue de nos jours sous la force de plusieurs conjonctions internes. Pour autant, la conjoncture régionale et internationale nous interpelle, et nous dicte les nouvelles priorités : le futur gouvernement tiendra-t-il compte de la récession économique et sociale qui se profile en Europe, dont la crise aggravée de l'euro nous décline d'ores et déjà l'avant-goût ? Notre rapport à l'Union européenne, pour ne parler que de ce continent, est à coup sûr contingent, pour ne pas courir le risque d'être brutalement tiré un jour de notre léthargie. Les secteurs du tourisme, des nouvelles technologies, de la recherche scientifique et de l'énergie – et ce ne sont pas les moindres – tireraient la langue si une politique d'ouverture audacieuse n'était pas mise en œuvre. Après l'emballement politique composite, place devrait être faite à l'économie, nos choix en seront décisifs…
La démarche du nouveau chef de gouvernement procède par inversion pour ainsi dire, la priorité étant en effet la constitution d'une majorité cohérente, implacablement homogène et, surtout, irréprochable aux yeux des électeurs qui lui ont témoigné leur confiance, ainsi qu'à son parti. Nous y voilà ! L'USFP a quitté le terrain des négociations avant même qu'une proposition - notamment au niveau des portefeuilles - lui soit suggérée.
Le choix de ne pas participer au gouvernement a été fait, certes, après un débat démocratique. Mais il laisse un goût amer pour d'aucuns, notamment au niveau du parti de Abdelilah Benkirane, qui non contents d'avoir tissé autrefois de sérieuses relations avec l'USFP, poussaient indéniablement à l'alliance.
Le PJD et l'USFP, c'est le moins que l'on puisse dire, entretenaient plus qu'une amitié, mais une complicité qui en a dérouté plus d'un socialiste. Fortement implantés dans les milieux urbains, portés idéologiquement à être les parangons de la justice économique et sociale, «défenseurs des masses populaires», ils pêchent dans le même bassin des voix. Tout eut pu les réunir dans le même destin politique. Rien, en revanche, n'a pu consolider en quoi que ce soit l'entente qu'un certain facilitateur en la personne de Driss Lachgar avait mis des mois à mettre sur pied. Sans doute, en effet, la consolation, maigre mais significative, est-elle venue de l'acceptation affichée par le PPS.
Ses instances réunies samedi dernier, le débat sensible engagé, le Parti communiste a donc entériné l'alliance avec les islamistes et, suprême dérision, il a fait avaler la couleuvre à ses militants. Ils sont loin les temps des récriminations, dans un sens comme dans l'autre. En intégrant le PPS dans son «pipe», le leader du PJD ouvre une brèche sérieuse dans le front prétendument hermétique de la gauche institutionnelle, non sans dénaturer le masque raviné, non sans déstabiliser les tenants du socialisme pur et dur. Pour autant, il ne porte pas un coup dur, comme on le croit, à l'unité ou à la cohésion de l'USFP. Pour autant, aussi, la Koutla ne saurait plus désormais se prévaloir d'un même horizon. Après le 25 novembre, elle est morte de sa belle mort, transfigurée, tiraillée et déchirée. La cohabitation qui se dessine fait également la place, moins évidente que l'on y pensait, au Mouvement populaire, vaste et diffus phalanstère. Il existe davantage dans la mémoire et une omniprésence indéchiffrable que par la force des voix. Il sera de la partie, ses dirigeants n'hésitant pas à s'allier au PJD, avec l'espoir de marquer l'histoire de leur sceau.
Quatre partis, «grosso modo», formeront donc le noyau dur de la coalition qui se dessine, non plus en épure, mais dans une géométrie variable propre à déraisonner les puristes. Hétérogène, elle s'inscrit bel et bien dans l'évolution d'un Maroc qui s'efforce de faire l'économie des bouleversements et des «révolutions de pacotille». On serait tenté, dans ces conditions, de dire que l'échiquier politique se mue de nos jours sous la force de plusieurs conjonctions internes. Pour autant, la conjoncture régionale et internationale nous interpelle, et nous dicte les nouvelles priorités : le futur gouvernement tiendra-t-il compte de la récession économique et sociale qui se profile en Europe, dont la crise aggravée de l'euro nous décline d'ores et déjà l'avant-goût ? Notre rapport à l'Union européenne, pour ne parler que de ce continent, est à coup sûr contingent, pour ne pas courir le risque d'être brutalement tiré un jour de notre léthargie. Les secteurs du tourisme, des nouvelles technologies, de la recherche scientifique et de l'énergie – et ce ne sont pas les moindres – tireraient la langue si une politique d'ouverture audacieuse n'était pas mise en œuvre. Après l'emballement politique composite, place devrait être faite à l'économie, nos choix en seront décisifs…
