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Libye : Le dictateur déchu à Lâazizia…


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Quand le 1er septembre 1969 un jeune capitaine de l'armée renversa à Tripoli le Roi Idriss Senoussi, installa un Comité de jeunes officiers à la tête de l'État et s'avisa de prendre lui-même la tête de ce même Comité, les capitales occidentales et autres entérinèrent le «pronunciamiento» sans barguigner, ne sachant à quel «saint se vouer», tant la confusion marquait le cycle nouveau dans un pays qui, sous la coupe assoupie de son monarque, n'était connu que par son pactole pétrolier. «Officier de la Révolution» de son état, «Dabit atawra-wa-tahrir», Mouâamar al-Gaddafi, devenu ensuite Kadhafi, transformé plus tard - par les soins de ses propagandistes - en icône de l'idéologie du nassérisme, qui avait inspiré son coup d'État, il prit la grave et sans doute légitime décision de nationaliser les richesse pétrolières nationales, provoquant ainsi l'ire de l'Occident, suscitant la jubilation de l'Union soviétique et des pays du bloc socialiste. Mouâamar al-Gaddafi avait appliqué à la lettre le même «modus operandi» que Gamal Abdel-Nasser en Égypte pour conduire le renversement du régime de Idriss Senoussi qui, en l'occurrence, était absent de la Libye et coulait des jours tranquilles à l'étranger.

Du 1er septembre 1969, l'idéologie officielle du nouveau régime militaire en fera celui de la fête révolutionnaire nationale, dénommée « Al Fatih » et donnera lieu, depuis lors, à un rituel de manifestations colorées, d'autant plus imposantes que les personnalités étrangères étaient conviées à entériner à la fois le choc, les bravades et le carrousel d'extravagances. Pétrole oblige, ces personnalités n'en finissaient pas de faire les courbettes, de fermer les yeux face aux provocations et abus dont le nouveau régime, paré de toutes les «vertus révolutionnaires», faisait preuve.

À vrai dire, l'arrivée au pouvoir de Mouaâmar al-Gaddafi obéissait à un tempo régional inédit : la fin de l'année 1969 voyait arriver à la Maison Blanche un candidat républicain qui, pour avoir appris par la suite à mettre de « l'eau dans son vin » et à tempérer ses ardeurs anticommunistes, n'en incarnait pas moins le renouveau de ce qu'on appelait à l'époque « le tigre en papier impérialiste ». Il était combattu par les mouvements anti-impérialistes et, implicitement, par certains États et gouvernements du tiers monde. Ils se réjouissaient de ses déboires au Vietnam et au… Moyen-Orient ! En Europe, un certain Charles de Gaulle, qui incarnait fermeté et intransigeance, quittait le pouvoir, ouvrant la voie à une idéologie par trop libérale , voire droitière. En face, l'URSS, Union soviétique et Républiques socialistes, suivies de la Chine populaire creusaient la différence - idéologique s'entend - pour placer « leurs pions en Afrique», encourager les séditions teintées de marxisme-léninisme et,  le cas échéant, soutenir manu militari certains mouvements révolutionnaires. L'un des tout premiers voyages qu'entreprendra Mouâamar al-Gaddafi à l'étranger, outre le sommet arabe réuni au Caire après le sinistre «Septembre noir» de 1970, sera à Moscou… Devoir d'allégeance oblige ! Le «leader de la révolution libyenne», non content de triompher, commença par éliminer ses propres compagnons d'armes et contraignit beaucoup d'autres à l'exil forcé. Il publie et finance à très grands frais son «Livre vert» que les Comités révolutionnaires, substitués aux ministères, apprennent à avaler et à ingurgiter.

La fièvre révolutionnaire l'incita en 1980 à vouloir occuper le nord du Tchad et à engager une coûteuse guerre, qui poussa Valéry Giscard d'Estaing, alors président de la République française, à lui opposer une riposte armée. Le conflit du Tibesti et de la bande d'Aouzou démontra les appétits boulimiques d'al-Gaddafi qui, fort de ses pétrodollars, caressait le rêve d'être le roi d'un monde arabe unifié, à tout le moins celui des États-Unis d'Afrique. D'où son ambivalent soutien aux mercenaires du polisario et aux divers mouvements terroristes.
L'échec répété de ses tentatives d'union, avec la Tunisie, avec l'Égypte et le Maroc même, n'entamèrent pas sa volonté de refaire la carte de la région, y compris par la terreur et les armes. Le Maroc, aussi bien sous le règne de feu S.M. Hassan II que sous celui de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a adopté une constante avec le régime de Kadhafi, auquel ne le liait aucun sentiment autre que celui du pragmatisme et de la sagesse. La chute du régime de Kadhafi marque un tournant, et d'abord la fin de la gabegie et du chaos… Elle met un point final aux faramineux financements accordés au polisario, au soutien ambigu qu'il lui apportait contre notre pays… Advienne que pourra, la nouvelle ère invite à la prudence, il mourra dans sa caserne, comme autrefois Allende à la Moneda, avec cette différence que le président chilien n'avait jamais tiré contre son peuple…
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