LE MATIN: Le bureau de la Conférence ministérielle africaine sur le logement et le développement urbain se réunit à Rabat le 15 et 16 septembre, et ce après la tenue de la Troisième Conférence ministérielle qui a eu lieu à Bamako en novembre dernier et où M. Hjira a été élu premier vice-président de l'instance. Qui fait quoi dans cette réunion ?
ALIOUNE BADIANE: Nous avons eu la confirmation de l'ensemble des membres fondateurs du bureau, à l'exception du représentant de la Tanzanie. Sont donc représentés le Nigeria, l'Afrique du Sud, le Sénégal, le Mali qui représente l'Afrique de l'Ouest, le Maroc et l'Algérie, d'Afrique du Nord, l'Ouganda, le Kenya, le Cameroun, la République centrafricaine, le Togo et le Mozambique à cette conférence qui se tient à Rabat et qui est la concrétisation de la diplomatie marocaine lorsque nous nous sommes retrouvés à Bamako lors de la 3e session de la Conférence ministérielle. Le Maroc propose d'abriter la réunion des Hautes instances de décision du Bureau qui devrait préparer les actes fondateurs d'AMCHUD, les procédures de candidature, les ressources avec les contributions des pays africains (10 000 dollars), étant entendu que nous essayons de chercher les moyens de renforcer les ressources de l'organisation par des contributions volontaires à fin de soutenir le secrétariat dont le siège sera à Nairobi, près de celui d'ONU Habitat et pour travailler sur un programme substantiel qui abordera les grandes questions de l'heure auxquels est confrontée la région.
Quelles ont été les conclusions de Bamako ?
Bamako a représenté un moment fort, dans la mesure où les pays africains ont décidé d'aborder sérieusement les questions de gouvernance, la question foncière et celle des inégalités. Nous aurons à Rabat la présentation d'un rapport provisoire de la part du président, le ministre malien, et les conclusions de l'avancée des pays africains qui seront faites à Nairobi en mars-avril 2012. Nous faisons tout pour avancer sur le dossier de la sécurité de l'occupation qui contribue à améliorer durablement les conditions de vie des populations. Ces dernières sont pauvres, mais si elles sont sécurisées, elles sont capables de s'investir ! Il faut donner aux populations la possibilité de s'inscrire dans la durée et d'avoir des papiers qui les protégent contre les évictions forcées. Nous allons tenir à Nairobi, en octobre prochain, une grande rencontre sur cette question des évictions forcées, qui est une question des droits de l'Homme. En écartant ces populations des zones économiques où elles peuvent gagner leurs vies, on ne règle pas les problèmes. C'est là où nous disons que nous ne sommes pas contre les bidonvillois, mais contre les bidonvilles. Et les bidonvilles, c'est une faillite des systèmes publics dans la mesure où l'État et les collectivités locales laissent faire d'abord et délogent ensuite les populations. C'est une situation terrible d'injustice. ONU Habitat a mis en place des dispositifs de veille pour dénoncer de telles situations et nous avons également élaboré des instruments de politique qui peuvent accompagner les États pour régulariser les situations et reloger les populations. Le Maroc a fait, cette dernière décennie, des progrès immenses en matière de lutte contre les bidonvilles, mais il faut travailler davantage l'aspect d'intégration économique pour lutter contre la pauvreté. Nous avons un programme de renforcement de l'économie locale où nous accompagnons les programmes d'amélioration des populations bidonvilloises pour les aider à s'en sortir.
Cela répond-il aux objectifs du Millénaire ?
Tout à fait, ces objectifs, ce n'est pas seulement avoir un toit, mais avoir aussi l'eau, la santé, l'assainissement, l'emploi…
Quels constats faites-vous à propos de l'urbanisation en Afrique ?
En Afrique, à cause de l'agression des systèmes écologiques et politiques, l'urbanisation résulte de stratégies de survie économique que sous-tend la dynamique de la pauvreté. Les populations se développant beaucoup plus vite dans les villes que ne le font les économies locales, un à deux sur trois citadins de la région sont aujourd'hui victimes d'au moins un facteur de privation de logement. À Addis-Abeba, 69% des ménages vivent dans des taudis, et à Dar-es-Salam la proportion est de 65 %. À Kigali et à Kampala, elle est de l'ordre de la moitié, alors qu'à Nairobi c'est aussi un habitant sur deux qui est victime d'au moins un facteur de privation de logement. À Nairobi, le plus grand bidonville d'Afrique regroupe plus d'un million de personnes, sans compter la population pauvre qui vit dans la ville même de Nairobi qui compte 3 millions d'habitants. Aujourd'hui, 400 millions de personnes en Afrique vivent dans les villes, 60% de ces 400 millions vivent dans les bidonvilles.
Comment expliquer cette «mal-vie» et cette prolifération des bidonvilles ?
La pauvreté urbaine en Afrique ne trouve pas sa cause principale dans l'extension des villes, pas plus qu'elle ne reflète la défaillance des économies urbaines. Elle résulte des carences des systèmes institutionnels qui perpétuent l'exclusion sociale et les inégalités entre citadins pauvres et riches. On n'a pas su tirer le meilleur parti possible des économies d'échelle que permettent les grandes agglomérations. La faiblesse de la volonté politique en Afrique constitue aujourd'hui le principal obstacle à la réduction de la pauvreté urbaine, qui a pour conséquence inéluctable la prolifération continue des taudis dans les villes. L'extension, la prolifération et la persistance des taudis et de l'habitat informel urbains en Afrique sont causées et soutenues par des facteurs tels que l'absence de politiques foncières et d'urbanisme dans les villes, l'absence de normes et de règles de construction réalistes, le manque d'orientations stratégiques claires de la part des gouvernements et des autorités locales et l'absence d'infrastructures publiques. Il y a aujourd'hui une pression croissante des risques à côté de la violence urbaine, des attentats, des inondations et des risques industriels. En témoigne la mort atroce de plus d'une centaine de personnes qui ont péri brûlées vives ce lundi 12 septembre dans l'explosion et l'incendie d'un oléoduc dans un bidonville très densément peuplé de la capitale kényane à Nairobi, après une fuite dans la canalisation alors que les gens essayaient de récupérer l'essence. Tout ceci montre que si les différentes stratégies mises en place par les gouvernements se veulent efficaces, particulièrement auprès des catégories à faibles revenus, elles ne sauraient être isolées des politiques plus générales de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale et politique. Il faut lutter contre la pauvreté endémique, qui mène à la désespérance.
On parle alors de villes durables, un concept très utilisé dans les conférences internationales. Quel sens donnez-vous à ce concept ?
ONU-Habitat a été très active sur le terrain de la recherche et de l'application du concept de villes durables depuis 1996. Ce concept repose sur le principe d'une gestion concertée, qui associe l'ensemble des acteurs dans un processus de bonne gouvernance et qui tient compte des besoins de l'avenir. Il permet une mise en œuvre optimale des politiques publiques et une application effective des stratégies de planification urbaine. L'objectif est d'avoir des villes socialement inclusives, économiquement productives et saines sur le plan environnemental.
Quelle coopération avez-vous développée avec le monde arabe ?
Cette coopération prend forme. Nous avons eu, après 5 ans de négociations avec les pays arabes, l'agrément de la Ligue arabe depuis 2010. Nous avons négocié avec le gouvernement égyptien qui a accepté d'apporter sa contribution financière qui est de l'ordre de 570 000 dollars annuels pour une période de 5 ans et qui servira à appuyer le démarrage du bureau du Caire qui s'occupera uniquement des préoccupations des établissements humains dans le monde arabe. Le Maroc restera pour un moment rattaché au bureau de Nairobi avant de rejoindre le bureau du Caire. Nous recruterons des compétences dans la gestion des établissements humains afin que le monde arabe, qui est fortement urbanisé, puisse construire des dynamiques et des programmes de coopération. Depuis le Printemps arabe, nous travaillons sur une stratégie régionale des établissements humains. Tout le monde a vu les conséquences du Printemps arabe avec le soulèvement des jeunes qui en appellent à la liberté, à la dignité, à la considération, en un mot à la citoyenneté ! Partout, les pays sont dans une demande d'une meilleure gouvernance et gestion de la collectivité. L'ignorance des gouvernements arabes et leurs fautes ont été d'ignorer la demande sociale, notamment des jeunes, qui sont déjà, à travers les images de la télévision, ancrés dans la mondialisation. Or les villes peuvent être des moteurs de développement, des espaces de civilisation qu'il faut reconquérir !
Comment ?
Par la gouvernance, la redevabilité. Chacun doit rendre compte des deniers publics parce qu'aujourd'hui, avec l'émergence des jeunes, rien ne sera plus comme avant. Les méthodes de corruption, d'enrichissement illicite sont le véritable terreau de la révolte. Il faut également anticiper, et là, force est de reconnaître que le Maroc a su le faire en anticipant, en réformant des secteurs entiers. Il faut accélérer le chantier, car il y a encore beaucoup de choses à faire, mais la direction est prise et nous sommes prêts à accompagner le Maroc et le Roi des pauvres qui a pris très tôt conscience des problèmes d'une partie de la population qui méritait toute son attention. La reconnaissance internationale d'ONU Habitat des efforts du Maroc est venue à son heure pour montrer que cette institution demeure vigilante et reconnaissante des efforts des pays. Nous sommes aujourd'hui très heureux que le Maroc abrite la réunion d'AMCHUD.
Concernant le monde arabe, dont vous avez la charge : demain la reconnaissance de l'État de la Palestine ?
Chose qui, comme le disait le premier ministre turc M. Erdogan au Caire, n'est plus une option mais une obligation. Que les pays arabes, les pays en voie de développement épris de paix et de liberté se lèvent ensemble pour plaider en faveur de la cause palestinienne et accorder la reconnaissance à cet État avec toute cette symbolique qui exige le respect et la reconnaissance des droits humains. Nous attendons impatiemment ce vote des Nations unies qui va consacrer ce droit et cette reconnaissance. Nous y travaillons, car ONU Habitat a un bureau à Gaza, à Ramallah et nous avons reçu le soutien de pays comme l'Arabie saoudite ou le Qatar pour aider à la reconstruction de ces villes après l'agression israélienne.
Un mot sur le prochain agenda ?
Nous préparons Rio plus 20, un sommet qui va reposer le concept du développement durable de l'économie verte et de la question foncière agricole qui pose le problème de l'équilibre alimentaire. Le Maroc aujourd'hui est bien positionné dans les énergies renouvelables et nous suivons avec beaucoup d'intérêt tous ses chantiers. Il y a aussi le 6e Forum urbain mondial qui aura lieu à Naples en Italie en septembre 2012. Nous travaillerons sur la question de la ville nouvelle et le Maroc a beaucoup de choses à dire sur cette question, car il a déjà une expérience des villes nouvelles.
ALIOUNE BADIANE: Nous avons eu la confirmation de l'ensemble des membres fondateurs du bureau, à l'exception du représentant de la Tanzanie. Sont donc représentés le Nigeria, l'Afrique du Sud, le Sénégal, le Mali qui représente l'Afrique de l'Ouest, le Maroc et l'Algérie, d'Afrique du Nord, l'Ouganda, le Kenya, le Cameroun, la République centrafricaine, le Togo et le Mozambique à cette conférence qui se tient à Rabat et qui est la concrétisation de la diplomatie marocaine lorsque nous nous sommes retrouvés à Bamako lors de la 3e session de la Conférence ministérielle. Le Maroc propose d'abriter la réunion des Hautes instances de décision du Bureau qui devrait préparer les actes fondateurs d'AMCHUD, les procédures de candidature, les ressources avec les contributions des pays africains (10 000 dollars), étant entendu que nous essayons de chercher les moyens de renforcer les ressources de l'organisation par des contributions volontaires à fin de soutenir le secrétariat dont le siège sera à Nairobi, près de celui d'ONU Habitat et pour travailler sur un programme substantiel qui abordera les grandes questions de l'heure auxquels est confrontée la région.
Quelles ont été les conclusions de Bamako ?
Bamako a représenté un moment fort, dans la mesure où les pays africains ont décidé d'aborder sérieusement les questions de gouvernance, la question foncière et celle des inégalités. Nous aurons à Rabat la présentation d'un rapport provisoire de la part du président, le ministre malien, et les conclusions de l'avancée des pays africains qui seront faites à Nairobi en mars-avril 2012. Nous faisons tout pour avancer sur le dossier de la sécurité de l'occupation qui contribue à améliorer durablement les conditions de vie des populations. Ces dernières sont pauvres, mais si elles sont sécurisées, elles sont capables de s'investir ! Il faut donner aux populations la possibilité de s'inscrire dans la durée et d'avoir des papiers qui les protégent contre les évictions forcées. Nous allons tenir à Nairobi, en octobre prochain, une grande rencontre sur cette question des évictions forcées, qui est une question des droits de l'Homme. En écartant ces populations des zones économiques où elles peuvent gagner leurs vies, on ne règle pas les problèmes. C'est là où nous disons que nous ne sommes pas contre les bidonvillois, mais contre les bidonvilles. Et les bidonvilles, c'est une faillite des systèmes publics dans la mesure où l'État et les collectivités locales laissent faire d'abord et délogent ensuite les populations. C'est une situation terrible d'injustice. ONU Habitat a mis en place des dispositifs de veille pour dénoncer de telles situations et nous avons également élaboré des instruments de politique qui peuvent accompagner les États pour régulariser les situations et reloger les populations. Le Maroc a fait, cette dernière décennie, des progrès immenses en matière de lutte contre les bidonvilles, mais il faut travailler davantage l'aspect d'intégration économique pour lutter contre la pauvreté. Nous avons un programme de renforcement de l'économie locale où nous accompagnons les programmes d'amélioration des populations bidonvilloises pour les aider à s'en sortir.
Cela répond-il aux objectifs du Millénaire ?
Tout à fait, ces objectifs, ce n'est pas seulement avoir un toit, mais avoir aussi l'eau, la santé, l'assainissement, l'emploi…
Quels constats faites-vous à propos de l'urbanisation en Afrique ?
En Afrique, à cause de l'agression des systèmes écologiques et politiques, l'urbanisation résulte de stratégies de survie économique que sous-tend la dynamique de la pauvreté. Les populations se développant beaucoup plus vite dans les villes que ne le font les économies locales, un à deux sur trois citadins de la région sont aujourd'hui victimes d'au moins un facteur de privation de logement. À Addis-Abeba, 69% des ménages vivent dans des taudis, et à Dar-es-Salam la proportion est de 65 %. À Kigali et à Kampala, elle est de l'ordre de la moitié, alors qu'à Nairobi c'est aussi un habitant sur deux qui est victime d'au moins un facteur de privation de logement. À Nairobi, le plus grand bidonville d'Afrique regroupe plus d'un million de personnes, sans compter la population pauvre qui vit dans la ville même de Nairobi qui compte 3 millions d'habitants. Aujourd'hui, 400 millions de personnes en Afrique vivent dans les villes, 60% de ces 400 millions vivent dans les bidonvilles.
Comment expliquer cette «mal-vie» et cette prolifération des bidonvilles ?
La pauvreté urbaine en Afrique ne trouve pas sa cause principale dans l'extension des villes, pas plus qu'elle ne reflète la défaillance des économies urbaines. Elle résulte des carences des systèmes institutionnels qui perpétuent l'exclusion sociale et les inégalités entre citadins pauvres et riches. On n'a pas su tirer le meilleur parti possible des économies d'échelle que permettent les grandes agglomérations. La faiblesse de la volonté politique en Afrique constitue aujourd'hui le principal obstacle à la réduction de la pauvreté urbaine, qui a pour conséquence inéluctable la prolifération continue des taudis dans les villes. L'extension, la prolifération et la persistance des taudis et de l'habitat informel urbains en Afrique sont causées et soutenues par des facteurs tels que l'absence de politiques foncières et d'urbanisme dans les villes, l'absence de normes et de règles de construction réalistes, le manque d'orientations stratégiques claires de la part des gouvernements et des autorités locales et l'absence d'infrastructures publiques. Il y a aujourd'hui une pression croissante des risques à côté de la violence urbaine, des attentats, des inondations et des risques industriels. En témoigne la mort atroce de plus d'une centaine de personnes qui ont péri brûlées vives ce lundi 12 septembre dans l'explosion et l'incendie d'un oléoduc dans un bidonville très densément peuplé de la capitale kényane à Nairobi, après une fuite dans la canalisation alors que les gens essayaient de récupérer l'essence. Tout ceci montre que si les différentes stratégies mises en place par les gouvernements se veulent efficaces, particulièrement auprès des catégories à faibles revenus, elles ne sauraient être isolées des politiques plus générales de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale et politique. Il faut lutter contre la pauvreté endémique, qui mène à la désespérance.
On parle alors de villes durables, un concept très utilisé dans les conférences internationales. Quel sens donnez-vous à ce concept ?
ONU-Habitat a été très active sur le terrain de la recherche et de l'application du concept de villes durables depuis 1996. Ce concept repose sur le principe d'une gestion concertée, qui associe l'ensemble des acteurs dans un processus de bonne gouvernance et qui tient compte des besoins de l'avenir. Il permet une mise en œuvre optimale des politiques publiques et une application effective des stratégies de planification urbaine. L'objectif est d'avoir des villes socialement inclusives, économiquement productives et saines sur le plan environnemental.
Quelle coopération avez-vous développée avec le monde arabe ?
Cette coopération prend forme. Nous avons eu, après 5 ans de négociations avec les pays arabes, l'agrément de la Ligue arabe depuis 2010. Nous avons négocié avec le gouvernement égyptien qui a accepté d'apporter sa contribution financière qui est de l'ordre de 570 000 dollars annuels pour une période de 5 ans et qui servira à appuyer le démarrage du bureau du Caire qui s'occupera uniquement des préoccupations des établissements humains dans le monde arabe. Le Maroc restera pour un moment rattaché au bureau de Nairobi avant de rejoindre le bureau du Caire. Nous recruterons des compétences dans la gestion des établissements humains afin que le monde arabe, qui est fortement urbanisé, puisse construire des dynamiques et des programmes de coopération. Depuis le Printemps arabe, nous travaillons sur une stratégie régionale des établissements humains. Tout le monde a vu les conséquences du Printemps arabe avec le soulèvement des jeunes qui en appellent à la liberté, à la dignité, à la considération, en un mot à la citoyenneté ! Partout, les pays sont dans une demande d'une meilleure gouvernance et gestion de la collectivité. L'ignorance des gouvernements arabes et leurs fautes ont été d'ignorer la demande sociale, notamment des jeunes, qui sont déjà, à travers les images de la télévision, ancrés dans la mondialisation. Or les villes peuvent être des moteurs de développement, des espaces de civilisation qu'il faut reconquérir !
Comment ?
Par la gouvernance, la redevabilité. Chacun doit rendre compte des deniers publics parce qu'aujourd'hui, avec l'émergence des jeunes, rien ne sera plus comme avant. Les méthodes de corruption, d'enrichissement illicite sont le véritable terreau de la révolte. Il faut également anticiper, et là, force est de reconnaître que le Maroc a su le faire en anticipant, en réformant des secteurs entiers. Il faut accélérer le chantier, car il y a encore beaucoup de choses à faire, mais la direction est prise et nous sommes prêts à accompagner le Maroc et le Roi des pauvres qui a pris très tôt conscience des problèmes d'une partie de la population qui méritait toute son attention. La reconnaissance internationale d'ONU Habitat des efforts du Maroc est venue à son heure pour montrer que cette institution demeure vigilante et reconnaissante des efforts des pays. Nous sommes aujourd'hui très heureux que le Maroc abrite la réunion d'AMCHUD.
Concernant le monde arabe, dont vous avez la charge : demain la reconnaissance de l'État de la Palestine ?
Chose qui, comme le disait le premier ministre turc M. Erdogan au Caire, n'est plus une option mais une obligation. Que les pays arabes, les pays en voie de développement épris de paix et de liberté se lèvent ensemble pour plaider en faveur de la cause palestinienne et accorder la reconnaissance à cet État avec toute cette symbolique qui exige le respect et la reconnaissance des droits humains. Nous attendons impatiemment ce vote des Nations unies qui va consacrer ce droit et cette reconnaissance. Nous y travaillons, car ONU Habitat a un bureau à Gaza, à Ramallah et nous avons reçu le soutien de pays comme l'Arabie saoudite ou le Qatar pour aider à la reconstruction de ces villes après l'agression israélienne.
Un mot sur le prochain agenda ?
Nous préparons Rio plus 20, un sommet qui va reposer le concept du développement durable de l'économie verte et de la question foncière agricole qui pose le problème de l'équilibre alimentaire. Le Maroc aujourd'hui est bien positionné dans les énergies renouvelables et nous suivons avec beaucoup d'intérêt tous ses chantiers. Il y a aussi le 6e Forum urbain mondial qui aura lieu à Naples en Italie en septembre 2012. Nous travaillerons sur la question de la ville nouvelle et le Maroc a beaucoup de choses à dire sur cette question, car il a déjà une expérience des villes nouvelles.
