LE MATIN: Vous vous êtes entretenu avec plusieurs responsables marocains. Quel bilan concret en tirez-vous ?
BERNARD ACCOYER : J'ai rencontré le président de la Chambre des représentants, celui de la Chambre des conseillers, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Nous avons le sentiment que le Maroc est ''dans une page importante''. Une nouvelle fois, il a su anticiper en faisant évoluer ses institutions pour les rendre plus efficaces, plus démocratiques, plus près des aspirations des Marocains. Nous pensons que c'est une très heureuse anticipation. La France forme le vœu que ces réformes aboutissent et ouvrent une nouvelle page de progrès pour le droit, la démocratie et le développement économique et social du Maroc.
Outre la réforme constitutionnelle, plusieurs dossiers d'intérêt commun ont été au menu de vos entretiens avec les responsables marocains. Quelles sont, d'après-vous, les priorités ?
Dans tout domaine, le Maroc et la France ont un lien privilégié. Sur le plan parlementaire, nous avons un Groupe d'amitié entre l'Assemblée nationale et la Chambre des représentants qui est le plus nombreux avec 192 membres sur un total de 577 députés. Cela a un sens qui reflète le lien d'amitié exceptionnelle entre nos deux pays.
On note aussi d'autres domaines, notamment les efforts qui concernent la langue, les échanges culturelles, la formation parfois dans des domaines extrêmement pointus, l'échange des étudiants, les développements économique, commercial, industriel et technologique…
Quelle conclusion faites-vous de votre visite au Maroc ?
Notre séjour a été très court car nous l'avons anticipé pour que nous soyons ici à Rabat, alors que le Maroc vit une période historique importante. Les réformes doivent aboutir même s'il existe toujours des minorités qui peuvent protester à l'instar de ce qui se passe dans tous les pays. Mais il faut que les réformes avancent et qu'elles se concrétisent. C'est aussi un moment important dans la plupart des pays arabes et dans le monde qui suit de près l'évolution de la situation politique dans plusieurs Etats arabes. Des décisions importantes ont été prises. En tout cas, pour l'Union européenne, les mesures sont liées au niveau de démocratie dans les pays arabes. Le Maroc, dans ce domaine, est particulièrement bien placé. Le Royaume constitue un modèle en matière de modernisation. Le processus de réformes au Maroc se déroule actuellement à une cadence soutenue. Par ailleurs, nous avons rencontré et félicité le nouveau secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée.
Justement, que signifie, pour vous, la nomination d'un Marocain à la tête de l'UPM ?
La candidature de Youssef Amrani a été très activement soutenue par la France. Pour nous, c'est une satisfaction que ce diplomate de talent et très expérimenté soit désormais secrétaire général de l'UPM. Nous sommes certains que c'est une chance supplémentaire pour faire redémarrer ce superbe projet emblématique. C'est un projet qui tient compte des difficultés politiques majeures autour de la Méditerranée en privilégiant le pragmatisme et l'avancée vers des projets qui fédèrent la jeunesse, l'environnement, les énergies… Je pense que l'enjeu le plus important est la jeunesse. Il faut trouver les moyens de lui donner des débouchés et de lui permettre de s'intégrer dans la vie économique et sociale.
Votre visite intervient dans une conjoncture particulière au Maroc marquée par la préparation du chantier de la réforme constitutionnelle. Le Parlement est concerné par cette dynamique. Comment, selon vous, peut-on renforcer le rôle de cette institution ?
La réforme constitutionnelle que le Souverain a annoncée est une étape importante pour faire progresser la démocratie. Nous avons en 2008, en France, adopté une réforme constitutionnelle qui, elle aussi, a pour but de renforcer le rôle du Parlement dans sa mission de législation et de vote des lois et dans son rôle d'évaluation et de contrôle de la politique publique. C'est cette même ligne qui renforce la démocratie et qui prévaut dans le projet de la réforme constitutionnelle en cours de route et qui sera soumis au vote des Marocains dans les semaines qui viennent.
Selon votre expérience, concrètement, quels sont les mécanismes susceptibles de renforcer l'action du Parlement ?
Sur le plan législatif, il s'agit de donner plus de poids à la parole parlementaire et à l'initiative des parlementaires et de conforter la place des Commissions parlementaires dans l'élaboration des lois. En ce qui concerne l'évaluation et le contrôle des politiques publiques, il faut instaurer des mécanismes qui vont plus loin dans les enquêtes, les questionnements, la place de tous les groupes politiques, y compris d'opposition, dans les activités d'évaluation et de contrôle. C'est ce que nous avons mis en œuvre à l'Assemblée nationale. Et cela marche très bien même si dans toutes les assemblées, il y a par définition une majorité et une opposition. Celle-ci -et c'est de bonne guerre- trouve toujours qu'il y a encore des insuffisances. Mais cela se passe ainsi dans toutes les démocraties du monde.
La révision des lois électorales est d'actualité au Maroc. Dans quelle mesure ces textes participent au renforcement de la mission du Parlement ?
Les lois électorales constituent un élément important permettant de faire face aux spécificités de chaque pays. Ces textes ne peuvent pas être valables pour tous les pays dont chacun a des spécificités. On enregistre toujours un débat difficile autour du mode de scrutin pour désigner en particulier les députés. Chez nous, le débat est sans fin. Je me suis toujours demandé pourquoi le mode de scrutin n'était pas inscrit dans la Constitution française. C'était la volonté du général De Gaulle qui voulait garder cette souplesse qui est devenue une sorte d'enjeu politique en France.
BERNARD ACCOYER : J'ai rencontré le président de la Chambre des représentants, celui de la Chambre des conseillers, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Nous avons le sentiment que le Maroc est ''dans une page importante''. Une nouvelle fois, il a su anticiper en faisant évoluer ses institutions pour les rendre plus efficaces, plus démocratiques, plus près des aspirations des Marocains. Nous pensons que c'est une très heureuse anticipation. La France forme le vœu que ces réformes aboutissent et ouvrent une nouvelle page de progrès pour le droit, la démocratie et le développement économique et social du Maroc.
Outre la réforme constitutionnelle, plusieurs dossiers d'intérêt commun ont été au menu de vos entretiens avec les responsables marocains. Quelles sont, d'après-vous, les priorités ?
Dans tout domaine, le Maroc et la France ont un lien privilégié. Sur le plan parlementaire, nous avons un Groupe d'amitié entre l'Assemblée nationale et la Chambre des représentants qui est le plus nombreux avec 192 membres sur un total de 577 députés. Cela a un sens qui reflète le lien d'amitié exceptionnelle entre nos deux pays.
On note aussi d'autres domaines, notamment les efforts qui concernent la langue, les échanges culturelles, la formation parfois dans des domaines extrêmement pointus, l'échange des étudiants, les développements économique, commercial, industriel et technologique…
Quelle conclusion faites-vous de votre visite au Maroc ?
Notre séjour a été très court car nous l'avons anticipé pour que nous soyons ici à Rabat, alors que le Maroc vit une période historique importante. Les réformes doivent aboutir même s'il existe toujours des minorités qui peuvent protester à l'instar de ce qui se passe dans tous les pays. Mais il faut que les réformes avancent et qu'elles se concrétisent. C'est aussi un moment important dans la plupart des pays arabes et dans le monde qui suit de près l'évolution de la situation politique dans plusieurs Etats arabes. Des décisions importantes ont été prises. En tout cas, pour l'Union européenne, les mesures sont liées au niveau de démocratie dans les pays arabes. Le Maroc, dans ce domaine, est particulièrement bien placé. Le Royaume constitue un modèle en matière de modernisation. Le processus de réformes au Maroc se déroule actuellement à une cadence soutenue. Par ailleurs, nous avons rencontré et félicité le nouveau secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée.
Justement, que signifie, pour vous, la nomination d'un Marocain à la tête de l'UPM ?
La candidature de Youssef Amrani a été très activement soutenue par la France. Pour nous, c'est une satisfaction que ce diplomate de talent et très expérimenté soit désormais secrétaire général de l'UPM. Nous sommes certains que c'est une chance supplémentaire pour faire redémarrer ce superbe projet emblématique. C'est un projet qui tient compte des difficultés politiques majeures autour de la Méditerranée en privilégiant le pragmatisme et l'avancée vers des projets qui fédèrent la jeunesse, l'environnement, les énergies… Je pense que l'enjeu le plus important est la jeunesse. Il faut trouver les moyens de lui donner des débouchés et de lui permettre de s'intégrer dans la vie économique et sociale.
Votre visite intervient dans une conjoncture particulière au Maroc marquée par la préparation du chantier de la réforme constitutionnelle. Le Parlement est concerné par cette dynamique. Comment, selon vous, peut-on renforcer le rôle de cette institution ?
La réforme constitutionnelle que le Souverain a annoncée est une étape importante pour faire progresser la démocratie. Nous avons en 2008, en France, adopté une réforme constitutionnelle qui, elle aussi, a pour but de renforcer le rôle du Parlement dans sa mission de législation et de vote des lois et dans son rôle d'évaluation et de contrôle de la politique publique. C'est cette même ligne qui renforce la démocratie et qui prévaut dans le projet de la réforme constitutionnelle en cours de route et qui sera soumis au vote des Marocains dans les semaines qui viennent.
Selon votre expérience, concrètement, quels sont les mécanismes susceptibles de renforcer l'action du Parlement ?
Sur le plan législatif, il s'agit de donner plus de poids à la parole parlementaire et à l'initiative des parlementaires et de conforter la place des Commissions parlementaires dans l'élaboration des lois. En ce qui concerne l'évaluation et le contrôle des politiques publiques, il faut instaurer des mécanismes qui vont plus loin dans les enquêtes, les questionnements, la place de tous les groupes politiques, y compris d'opposition, dans les activités d'évaluation et de contrôle. C'est ce que nous avons mis en œuvre à l'Assemblée nationale. Et cela marche très bien même si dans toutes les assemblées, il y a par définition une majorité et une opposition. Celle-ci -et c'est de bonne guerre- trouve toujours qu'il y a encore des insuffisances. Mais cela se passe ainsi dans toutes les démocraties du monde.
La révision des lois électorales est d'actualité au Maroc. Dans quelle mesure ces textes participent au renforcement de la mission du Parlement ?
Les lois électorales constituent un élément important permettant de faire face aux spécificités de chaque pays. Ces textes ne peuvent pas être valables pour tous les pays dont chacun a des spécificités. On enregistre toujours un débat difficile autour du mode de scrutin pour désigner en particulier les députés. Chez nous, le débat est sans fin. Je me suis toujours demandé pourquoi le mode de scrutin n'était pas inscrit dans la Constitution française. C'était la volonté du général De Gaulle qui voulait garder cette souplesse qui est devenue une sorte d'enjeu politique en France.
