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«Le taux de chômage des jeunes diplômés dans le monde arabe dépasse les 30 %»

Le secrétaire général de l'Association des universités arabes, Dr Sultane T. Abu-Orabi Aladwan, était récemment en visite à Fès, pour une conférence sur la situation actuelle de la recherche scientifique dans le monde arabe.

«Le taux de chômage des jeunes diplômés dans le monde arabe dépasse les 30 %»
Le Matin : Nous remarquons qu'aujourd'hui, il y a une perte de confiance, par rapport à l'enseignement supérieur dans le monde arabe, en raison des taux très importants de chômage enregistrés notamment chez les jeunes universitaires. Quelle serait selon vous la solution pour dépasser ce problème ?
Dr Abu-Orabi Aladwan :
ll y a actuellement un accroissement sensible des diplômés contraints au chômage dans la plupart des pays arabes. Cette situation représente un important défi pour l'enseignement supérieur, notamment en ce qui concerne son utilité et les opportunités d'emploi qu'il offre. Ce qui crée une sorte de désespoir chez les jeunes qui, diplômes en poche, se retrouvent victimes du chômage. En fait, le taux de chômage enregistré chez les jeunes diplômés dans le monde arabe dépasse les 30%. Il y a donc une perte de confiance en l'enseignement supérieur qui s'installe chez les jeunes dans les pays arabes et cette situation ne cessera de s'amplifier, si les gouvernements des pays arabes ne se mobilisent pas pour répondre à la demande des jeunes en matière d'emploi. En effet, le développement démographique actuel dans les pays arabes nécessite la création de quelque 50 millions de nouveaux postes à l'horizon 2015 et 100 millions à l'horizon 2020.

Comment évaluez-vous
la situation actuelle de la recherche scientifique dans le monde arabe ?

La recherche scientifique représente un facteur essentiel dans le développement et l'essor économique des pays développés. Malheureusement, dans le monde arabe, le niveau très faible de la recherche scientifique fait que son impact socioéconomique demeure très timide. En effet, les pays arabes consacrent seulement 0,2% de leur produit intérieur brut (PIB) à la recherche scientifique, contre 1,7% en Europe et 2,7 % aux États-Unis d'Amérique. Autres aspects du niveau actuel de la recherche scientifique dans le monde arabe, le nombre des chercheurs qui ne dépasse pas 450 par million d'habitants. Ajoutons à cela, la rareté des revues scientifiques spécialisées éditées dans le monde arabe et l'insuffisance de la publication scientifique, puisqu'elle ne contribue qu'à hauteur de 0,15% dans la publication scientifique mondiale, contre 36% pour les États-Unis. En outre, en ce qui concerne le nombre de brevets d'invention obtenus par les chercheurs arabes, il n'a pas dépassé 173 brevets en 2008, contre 97 527 brevets aux États-Unis.

Pourquoi les budgets alloués à la recherche scientifique dans les pays arabes sont-ils
très minimes en comparaison avec les pays développés ?

Le secteur privé est la principale source de financement de la recherche scientifique dans les pays industrialisés, ce n'est pas le cas pour les pays arabes où le financement provient essentiellement du secteur public. La faiblesse du financement réservé à la recherche scientifique dans le monde arabe est due essentiellement au manque d'enthousiasme pour le soutien à la recherche scientifique, en raison notamment de la faiblesse de la conviction des leaders économiques de son utilité.

Outre la faiblesse du financement, quels sont les obstacles qui entravent le développement de la recherche scientifique dans le monde arabe ?
Les obstacles sont multiples. Ils concernent notamment l'inexistence de stratégies et de politique scientifique et technologique, l'inexistence d'un climat de recherche scientifique, l'absence de coordination entre les instituts de recherche et les universités arabes ainsi qu'à l'intérieur du même pays arabe, la fragilité des infrastructures de recherche scientifique comme les instituts spécialisés en recherche scientifique et les bibliothèques, ainsi que l'absence du caractère pratique dans la majorité des recherches. Autre obstacle de taille pour le développement de la recherche scientifique dans le monde arabe, la fuite des cerveaux qui concerne près de 35% de l'ensemble des compétences du monde arabe et qui fait perdre à l'ensemble des pays arabes annuellement près de 1,5 milliard de dollars.

Quels sont les efforts qui peuvent être déployés pour redorer le blason de la recherche scientifique dans le monde arabe ?
Ces efforts concernent essentiellement la diversification des secteurs de recherche scientifique, le renforcement du partenariat avec les entreprises privées au niveau pratique, la recherche de nouvelles sources de financement en provenance notamment du secteur privé ainsi que la collaboration avec les universités étrangères pour s'inspirer de leurs expériences dans la recherche scientifique.

Association des universités arabes

L'association des universités arabes a été créée dans les années soixante à l'initiative de la Ligue arabe. Son siège est à Amman en Jordanie et elle compte actuellement plus de 400 universités arabes membres.
L'association a pour missions d'aider les universités arabes à former des individus capables de servir la nation arabe et de réaliser ses buts, d'œuvrer pour l'adhésion des universités arabes aux valeurs de la foi islamique, de rehausser la coopération entre les universités arabes ainsi que les instituts de hautes études, de coordonner leurs efforts afin de réaliser les idéaux de la nation arabe et d'élever le niveau des projets de recherche académique et favoriser l'échange des résultats. Par ailleurs, l'association organise des congrès, des séminaires thématiques et publie des journaux et des revues spécialisés dans l'enseignement supérieur et la recherche scientifique.
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