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«Aucune place n'est acquise d'avance»

éric Gerets qui a réussi le pari de qualifier les Lions de l'Atlas à la Coupe d'Afrique des nations 2012 revient dans un entretien accordé au Matin sur les chances du Maroc lors des phases finales et sur ses rapports avec ses joueurs.

«Aucune place n'est acquise d'avance»
Le Matin : Un mot sur les adversaires du Maroc dans le groupe C qui contient le Gabon, la Tunisie et le Niger ?

éric Gerets : Je crois que c'est un groupe équilibré. J'attends de recevoir des DVD pour bien analyser chaque équipe. La Tunisie comme le Maroc sont en pleine renaissance non seulement au niveau de leur équipe nationale, mais aussi au niveau des clubs puisque les clubs tunisiens vont jouer une double confrontation en coupes africaines avec des clubs marocains. C'est un adversaire qu'il faut prendre très au sérieux. On joue également contre le Gabon qui joue chez elle. C'est certainement un avantage puisqu'il évolue devant son public. Le Niger, on l'a rencontré, il y a quelques mois. C'est un groupe qui n'est pas facile, mais c'est faisable.

Est-ce que le fait de jouer avec le pays organisateur ne complique pas un peu la tâche des Lions de l'Atlas ?

Ça se peut si le Gabon joue bien et si leur public est derrière eux.

Savez-vous que le Maroc garde un mauvais souvenir de cette équipe lors des éliminatoires combinées de la Coupe du monde 2010 et la Coupe d'Afrique de la même année qui s'est jouée en Angola ?

Ça c'est du passé. Tu sais que moi je ne vis pas dans le passé. Je vis dans le présent et je prépare le futur. La double défaite face au Gabon, il y a deux ans, n'a aucune importance. C'est à nous de prouver que nous pouvons prendre un match en main même à l'extérieur comme nous l'avons déjà fait quelques fois depuis que je suis là. Il ne faut pas avoir peur.

Quel bilan tirez-vous du parcours de l'équipe nationale lors des éliminatoires de la CAN-2012 ?

Mon bilan est très très positif. Je crois que tout le monde a pu constater qu'il y a une fusion entre l'équipe et moi. Plus que ça même, il y a du respect et de l'amitié entre nous. Il y a aussi une bonne mentalité qui s'est installée dans le groupe qui est exemplaire. Je crois que tout le monde sait qu'il y a des patrons dans l'équipe qui sont respectés et acceptés par tout le monde. Et du moment que c'est le cas, la tâche d'un entraîneur devient un peu plus facile. S'il y a un petit problème, il me suffit de parler deux minutes ou trois avec les deux ou trois joueurs importants pour que le problème soit résolu sans même que j'intervienne. C'est probablement sur ce fait que je suis très content parce qu'il y a quelque chose très intense entre mon groupe et moi. En plus, il y a eu des résultats, on a également retrouvé notre jeu et on est parvenu à se faire respecter de nouveau. Je crois que c'est quelque chose de très bien.

Vous allez disputer votre première phase finale de la CAN en tant que sélectionneur, que ressentez-vous à l'idée de disputer ce tournoi en tant qu'entraîneur ?

Malgré le fait que je ne vis pas dans le passé, et bien à un moment ou à un autre, on se rappelle des tournois qu'on a disputés, soi-même, en tant que joueur. J'ai disputé une phase finale de l'Euro et trois Coupes du monde. Forcément, on se rappelle de ces moments-là qui sont magiques. Lors de ces compétitions, on vit avec le groupe trois à quatre semaines ensemble. Et puis on prépare chaque match. En cas de victoires, on se qualifie au prochain tour qu'on prépare également.
Mon idée depuis que je suis arrivé, c'est d'aller à la Coupe d'Afrique avec la conviction de la gagner. Donc on va certainement se régaler.

Où en est la reconstruction de l'équipe nationale ?

Je crois qu'une grosse partie de la reconstruction a été déjà faite.
Le fait qu'il y ait moins de nouveaux joueurs à chaque rencontre montre que je suis content de la prestation de mes gars qui sont là. Maintenant, je vais essayer de voir un ou deux joueurs que je n'ai pas vu lors du tournoi de LG Cup. J'espère qu'ils vont pouvoir venir parce qu'ils hésitent encore entre le Maroc et un autre pays.

Vous faites allusion à qui exactement ?

Je ne peux vous le dire maintenant. Je préfère les toucher d'abord pour s'assurer qu'ils vont venir ; sinon, ça ne sert à rien de les mettre sur la liste.

Est-ce que vous allez continuer avec la charnière centrale Benatia-El Kaoutari ou allez-vous reconstituer la paire Benatia-El Kantari ?

Les deux joueurs qui vont être à côté de Benatia vont se livrer une belle bataille sportive et c'est le meilleur qui sera aligné. Ça sera compliqué puisque les deux joueurs m'ont donné une grande satisfaction. Le fait aussi qu'on a encaissé peu de buts prouve que ma charnière centrale, comme toute l'équipe, est de qualité.

Est-ce que vous quittez votre poste au cas où vous ne ramèneriez pas le titre ?

Non.

Vous allez donc honorer votre contrat jusqu'en 2014 ?

Tu sais, dans mon métier, il ne faut pas trop calculer ce qui va arriver dans un an ou dans six mois. Mais j'ai l'intention de continuer à la tête de l'équipe nationale. Si demain des gens ne seront pas contents de mon travail ; c'est à eux de prendre des mesures. Pour moi, il n'y a aucune raison d'être mécontent ou de ne pas être satisfait. Gagner la CAN c'est quelque chose de difficile puisqu'il y a des équipes qui sont très fortes. On va voir si on a assez de qualités pour gagner la CAN. On va y aller avec la conviction de la gagner.

Est-ce que vous allez vous déplacer tôt à Libreville ?

Non. On ira le plus tard possible, c'est-à-dire trois jours avant notre premier match.

Avec Taarabt, aujourd'hui, est-ce la lune de miel ?

C'est comme avec les autres joueurs. Je ne fais pas de différence entre Chamakh et Bassir ou entre Souleyemani et El Kadouri. Pour moi, ils sont tous mes enfants. Bien sûr avec Taarabt, c'est un peu spécial parce que c'est quelqu'un qui est encore un enfant et qui va devenir un jour adulte. Il ne va devenir non plus trop adulte parce que c'est sa mentalité, c'est sa vie. Je crois qu'il faut accepter qu'il fasse une «connerie» de temps en temps. Dans son cœur, c'est un bon mec un peu encore un petit bébé, mais c'est quelqu'un que j'adore comme tous les autres.

Les joueurs qui ont fait les éliminatoires de la CAN ont-ils plus de chance d'être sur la liste des 24 éléments qui feront le déplacement à Libreville ou aucune place n'est acquise d'avance ?

Bien sûr aucune place n'est acquise d'avance, mais d'un autre côté je ne peux pas oublier les efforts qu'ils ont faits pour se qualifier. Ça serait injuste. Si les nouveaux ont la même qualité que les joueurs existants, je prendrais bien ceux qui ont travaillé avec moi jusqu'à présent. S'il y a de nouveaux joueurs qui vont venir, ils doivent montrer qu'ils sont plus forts que ceux qui sont là depuis un an avec moi. Ce qui est logique.

Est-ce que les Lions de l'Atlas vont disputer d'autres matchs amicaux en dehors du tournoi LG Cup, sachant qu'il n'existe plus de dates FIFA jusqu'au mois de février ?

On a tenu une réunion, hier soir, (NDLR lundi 31 octobre). L'endroit de préparation de la CAN normalement doit être fixé, aujourd'hui, (NDLR mardi 1er novembre) ou au plus tard demain (ndlr mercredi 2 novembre). Une fois sur place, il doit y avoir des équipes qui effectuent aussi leur préparation et probablement on va trouver une équipe locale ou une équipe qui fait son stage pour jouer contre elle un match amical.

Ça sera un ou deux matchs amicaux ?

Probablement un seul match.

Est-ce que vous avez déjà fixé le lieu du stage de préparation de l'équipe nationale ?

Je l'ai fixé. Maintenant c'est à Nezha de faire son travail comme elle l'a toujours fait de manière professionnelle.

Est-ce que ça sera en Espagne ?

Probablement oui.

Il paraît que vous avez présélectionné Manuel Marouane Da Costa et Abdoulaye Konko pour le tournoi LG Cup, est-ce que c'est une façon de préparer déjà certains cadres de l'équipe nationale ?

Non ce n'est pas ça. Ce n'est pas encore sûr que je les convoque. Evidemment, ils sont dans ma tête. Ce sont des joueurs qui ont une certaine valeur, mais si je vais les inviter, il faut que je sois sûr qu'ils vont venir.

Avez-vous pris contact avec eux ?

Aujourd'hui (mardi), j'attends un coup de fil de l'un de ces joueurs. J'ai essayé de contacter l'autre plusieurs fois malheureusement quand il m'a téléphoné j'ai été injoignable. Ensuite, j'ai un problème avec mon téléphone portable puisque j'ai perdu tous mes numéros depuis une semaine. Je vais, certainement, les contacter avant de les mettre sur la liste des présélectionnés parce qu'ils doivent choisir maintenant s'ils veulent jouer pour le Maroc sans que je puisse leur donner de garantie d'être titulaires puisqu'il y a de la concurrence à leur position.
S'ils sont d'accord avec cette concurrence et surtout s'ils choisissent de jouer pour le Maroc je les retiendrais. C'est à eux de me donner leur réponse.

C'est quand même deux joueurs confirmés. L'un joue à la Lazio de Rome et l'autre à la Lokomtive Moscou ?

Oui, mais ce sont deux joueurs qui de toute façon n'ont pas encore arrêté leur choix. L'un a été sélectionné par le Portugal et l'autre d'après ce que j'ai entendu espère toujours jouer pour la France. Je crois qu'à un moment donné, ils doivent faire leur choix. Si c'est oui, ils auront leur chance comme tout le monde, sachant que je ne laisserais pas tomber des joueurs qui ont fait le parcours des éliminatoires de la CAN avec moi.

Existe-t-il d'autres joueurs que vous allez sélectionner et que le public marocain ne connait pas ?

Il y a Mustapha El Kébir mais qui est, malheureusement, toujours blessé. Chihi, je l'aurais convoqué, mais lui aussi est gravement touché. Les deux ou trois nouveaux joueurs que j'ai envie de sélectionner sont tous blessés. Et ça pose problème. Assaidi est aussi blessé, mais ce n'est pas grave même s'il ne joue pas le tournoi puisque je le connais. Il est sur son petit nuage que ce soit en équipe nationale ou dans son club.

Depuis votre arrivée à la tête de l'équipe nationale, vous avez pris l'habitude de convoquer des joueurs locaux, mais à part Nadir Lamyaghri qui est titulaire, Rachid Souleymani que vous avez fait jouer contre l'Algérie à Annaba et Saïd Fettah entré lors des dernières minutes face à la Tanzanie, vous hésitez toujours à faire confiance aux joueurs locaux lors des matchs officiels ?

Ce n'est pas une question de donner confiance ou pas. C'est une question de qualité intrinsèque. Ceux qui commencent le match, à mon avis et ça c'est ma philosophie, doivent être le plus prêts à jouer le match.
Ça n'a rien à voir avec les locaux ou les professionnels. J'ai toujours dit que je ne fais pas de différence entre des joueurs locaux et ceux qui jouent en Europe. Ceux que j'ai toujours fait débuter m'ont jusqu'à présent donné raison.

Qu'est-ce que ça vous fait de voir les supporters de l'OM afficher des pancartes au Vélodrome réclamant votre retour à la tête du club ?

J'aurais préféré qu'il n'y ait pas de pancarte. Comme tout le monde sait, je suis très attaché à l'OM Je sais que les gens ne m'ont pas oublié, mais on n'a pas besoin de pancarte pour le savoir. Ils sont dans mon cœur et moi dans le leur et ça ne changera pas. Je ne sais pas si ça va changer un jour ou pas. Cela dit, j'ai l'intention de finir mon contrat avec l'équipe nationale si tout va bien. Maintenant s'il y a un grand accident à la CAN et qu'on se pose des questions par rapport à mon fonctionnement, là je vais réfléchir. Aujourd'hui, je n'ai pas envie de penser à quelque chose qui ne va pas probablement se produire.

L'OM a-t-il une chance de gagner le titre ?

Pour le titre, il faut déjà un petit miracle surtout que le Paris Saint Germain cette année est en grande forme. Ils vont probablement avoir une période où ils seront moins bons, mais c'est une équipe qui est en pleine confiance et qui a de la qualité sur chaque poste.

LG Cup va-t-il vous servir pour passer au crible votre système de jeu ou pour tester de nouveaux joueurs ?

Un peu les deux. On joue deux matchs sur trois jours. Je vais faire tourner l'équipe et tester certaines formules. Pour le reste, je vais donner la chance aux joueurs qui ne l'ont pas jusqu'à présent.

Lors des deux derniers matchs disputés à Bangui contre la Centrafrique et à Marrakech face à la Tanzanie, l'équipe nationale s'est créé un nombre incalculable d'actions, mais elle n'arrive pas encore à tuer le match quand elle en a la possibilité. Est-ce que cette situation vous inquiète ?

Ça ne m'inquiète pas dans la mesure où on maîtrise les matchs et on se crée des occasions. Maintenant, ça serait quand même mieux de temps en temps quand on se crée cinq occasions d'en mettre trois. A la CAN, on va jouer contre des équipes qui ont plus de qualité que la Centrafrique et la Tanzanie, là il faut être beaucoup plus réaliste.

Est-ce que vous ne demandez pas à Marouane Chamakh de se montrer beaucoup plus égoïste devant les buts ?

Marouane a son jeu. Je le connais depuis longtemps. Je crois que si on lui demande des choses il ne se sentira pas à l'aise.
L'essentiel est de mettre le joueur à l'aise en le laissant faire ce qu'il sait bien faire. Malgré le fait qu'il ne joue pas beaucoup dans son club, ses prestations en équipe nationale sont respectables. Je crois qu'il a besoin de quelqu'un prêt de lui pour lui remettre le ballon. C'est pour ça que notre jeu lui convient très bien.
Le fait qu'on se crée plusieurs occasions prouve qu'on est bien sur le plan tactique.

Est-ce que ça ne vous tentera pas de dénicher un véritable avant-centre qui épaulera Chamakh ?

Si tu as un joueur qui va nous marquer sur deux occasions un but fait le moi savoir. Barazite, par exemple, je l'ai vu contre l'AZ Alkamar, il m'a donné une bonne impression. Il est jeune. Il est présent devant les buts. Un jour, il pourrait devenir un grand concurrent pour ceux qui sont là. Je crois qu'avec la qualité qu'on a, on peut déjà être content.
On a Hadji et Hamdaoui qui peuvent jouer comme attaquants de pointe malgré le fait qu'ils ne sont pas de véritable 9.
C'est un peu le problème qu'on a avec nos joueurs. Ils sont tous de bons éléments mais pas de véritables attaquants de pointe. Mounir Hamdaoui a joué sa meilleure saison avec AlKamar, mais elle a joué en soutien du numéro 9 Saurez.
Ce n'est pas un joueur qui va aller dans la bataille pour aller gagner des duels.
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