Les entreprises qui bénéficient ou ont bénéficié du financement des fonds d'investissement sont de plus en plus nombreuses. Ce «marché» s'est considérablement développé, au point qu'il a donné lieu à la création d'un observatoire régional et d'un premier salon du capital investissement au Maghreb qui s'est tenu à Casablanca avec pour objectif de promouvoir la destination Maroc auprès des fonds d'investissement internationaux et de créer des réseaux maghrébins pour financer des projets en développement capitalistiques dans les domaines des énergies renouvelables, de la santé et de l'éducation.
Autre objectif, faciliter la création de nouveaux fonds de proximité et de financement de projets qui ont évolué en termes d'innovation dans les produits et les stratégies de placement et des nouvelles formes de «business model». Ce champ qui s'est beaucoup développé fait du Maroc l'un des pays les plus convoités par différents fonds arabes et européens. Il est appelé à se développer considérablement, compte tenu de l'importance de la structure familiale développée des entreprises marocaines et des problèmes de transmission des groupes avec les départs des premières générations de l'après-indépendance.
Les fonds d'investissement interviennent dans tous les secteurs et nombre d'entreprises sont devenues performantes grâce à l'accompagnement de ces fonds, car au-delà de l'apport financier, l'apport est stratégique porté par des équipes de gestion qui ont gagné en expertise et en maturité. En témoigne un de ces fonds, Fipar Holding qui a fait cette semaine l'actualité en investissant quelque 200 millions de DH par le biais d'augmentation du capital de Safilait.
L'objectif de la prise de participation, qui est le premier investissement du fonds dans le secteur agroalimentaire, est comme le souligne Amine Mohamed Benhalima, président de cette filiale du groupe CDG, dans l'entretien «d'accompagner cette société nationale qui a un potentiel important compte tenu du développement du secteur laitier dans son ensemble», qui dispose d'un contrat-programme qui vise l'autosuffisance et l'amélioration de la productivité, la qualité dans son développement ». Cette prise de participation est l'occasion de faire un focus sur ce fonds Fipar holding qui investit dans les télécoms, les utilities, l'industrie automobile à travers le projet de l'usine de Renault, cimenteries, emballage, l'énergie, le secteur financier, le secteur portuaire à travers Tanger Med Port Authority, et en priorité dans les sociétés non cotées.
Société d'investissement sans durée de vie limitée, elle s'implique dans le minoritaire stratégique et dispose de nombreux atouts, ce qui lui a valu et c'est une première un décret cadre qui l'autorise à investir sur les trois prochaines années jusqu'à 400 millions de DH par opération unitaire sans solliciter au préalable l'accord du ministère des Finances. L'objectif in fine de ce fonds étant de «rentabilité financière à moyen et long terme et en parallèle, de participer au développement de sociétés et de secteurs importants et participer à notre échelle au développement de l'économie, souligne Benhalima. Nous aidons à la création de valeur dans les entreprises où nous intervenons. Créer de la valeur c'est aussi contribuer à la création de l'emploi.
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LE MATIN : Quel est le paysage des fonds d'investissement et comment se positionne Fipar- Holding ?
Mohamed Amine Benhalima : Il y a un certain nombre de fonds, qui en général ciblent les PME marocaines, qui se sont considérablement développées ces dernières années. Ces fonds qui ont des durées de vie et des tickets d'investissement limités ont des tailles diverses qui vont de 100 millions à 1 milliard de DH. Ces fonds ont joué un rôle important dans le développement du capital investissement au Maroc. Ils sont liés à des groupes marocains mais aussi à des groupes étrangers. Les actionnaires de ces fonds sont en général des institutionnels de la place et des organismes de développement multilatéraux à l'instar de la BEI, ou d'autres organismes comme la Caisse des Dépôts et des Consignations française. On a également d'autres sociétés d'investissement sur le marché qui peuvent avoir des tailles plus importantes. Nous avons à Fipar-Holding une spécificité, nous sommes une société d'investissement sans durée de vie limitée et en même temps nous faisons du minoritaire stratégique. Nous prenons des prises de participation minoritaires sur un horizon moyen et long terme, avec des tickets significatifs. Ce type d'investissement, à cette échelle, est encore rare au Maroc.
Avec quel objectif in fine pour Fipar-Holding ?
Un objectif clair, bien sûr, de rentabilité financière à moyen et long terme. Mais nous souhaitons en parallèle, à travers notre intervention, participer au développement de sociétés et de secteurs importants et participer à notre échelle au développement de l'économie. Nous aidons à la création de valeur dans les entreprises où nous intervenons. Créer de la valeur c'est aussi contribuer à la création de l'emploi. Pour ce faire, nous accompagnons les sociétés investies dans leur développement, dans la modernisation dans leur gouvernance quand cela est nécessaire. Nous accompagnons financièrement des investisseurs nationaux et internationaux d'envergure et dans l'environnement marocain pour faciliter leur évolution. Notre ambition, vous le voyez, est aussi de participer au développement des Investissements Directs Etrangers au Maroc.
Fipar-Holding est présente dans de nombreux secteurs de l'économie. Quels sont ces secteurs et sur quels critères s'opèrent les participations ? Quelle est en d'autres termes la marque ADN de Fipar-
Holding ?
Fipar-Holding a été créée en 1989 et a été rachetée par la CDG en 2003. A cette date, le portefeuille était de 300 millions de DH. Nous parlons aujourd'hui d'un portefeuille comptable en valeur d'acquisition, sans prendre en compte les plus values latentes de 6,5 milliards de DH depuis la structuration de Fipar en société d'investissement qui détient des participations minoritaires significatives avec une logique de rentabilité financière de moyen et long terme. Nous n'avons pas un secteur particulier de prédilection, nous sommes une société diversifiée présente dans de nombreux secteurs comme les télécoms, les utilities, l'industrie automobile, les cimenteries, l'emballage, l'énergie … présente aussi dans le secteur financier et le secteur portuaire à travers Tanger Med. Je voudrais aussi préciser que, même si notre portefeuille contient des titres cotés à la Bourse des valeurs de Casablanca, ce qui assure une certaine liquidité du portefeuille, nous investissons en priorité sur du non coté, à différents stades de maturité, de la création, au stade de développement. Ce « détail » a son importance car pour un entrepreneur à la tête d'une entreprise non cotée en Bourse, faire appel à une société d'investissement comme la nôtre est une bonne manière de lever un volume de fonds propres conséquent, pour l'aider à passer à un autre stade de développement, et se présenter sur le marché des capitaux par la suite.
Fipar-Holding se présente comme un investisseur pas seulement financier mais stratégique qui investit à différents stades de maturité. Fipar a initié ces dernières années des opérations d'envergure comme celles avec Meditel, Tanger Med ou Renault. Comment s'est articulée votre stratégie dans ces projets et pour quelles raisons ont-ils été choisis ?
Ces trois dossiers ont en commun d'être de grands projets structurants. Le deuxième opérateur télécom au Maroc, un des plus grands ports de la Méditerranée et une des usines d'automobile les plus importantes au monde. Chaque investissement a sa propre logique, mais nous privilégions de grands projets structurants pour les atouts dont ils disposent et aussi et surtout parce qu'ils contribuent au développement économique de notre pays. Pour le premier dossier, Méditel, je rappelle que la CDG a été historiquement actionnaire à sa création. La CDG a pris ensuite une participation dans un véhicule spécial dédié qui s'appelle Holdco, qui détenait une part du capital de Meditel, l'amenant ainsi à contrôler 18% du capital de la société. Avec la sortie de Telefonica et de Portugal Telecom, nous avons fait valoir notre droit de préemption. Nous avons ainsi acheté les parts des deux opérateurs pour monter à 50% du capital de l'opérateur, les 50% étant détenus par le groupe FinanceCom. C'était à la fois une opportunité et cela nous permettait de préserver nos intérêts et de rester maître de notre destin. Nous avons pu par la suite choisir nous-mêmes avec notre partenaire marocain, un opérateur de référence qui pouvait nous accompagner dans le développement de la société et qui avait la même vision stratégique que nous. Si nous n'avions pas fait cela, nous aurions peut-être « subi » un opérateur qui pouvait nous imposer sa vision dans le cadre du développement de Meditel. Aujourd'hui, les trois partenaires travaillent conjointement pour développer la société dans un secteur qui est devenu de plus en plus concurrentiel. La force de frappe de notre partenaire français conjuguée à l'importance des deux institutions marocaines dans le tour de table font que l'actionnariat est équilibré et accompagne efficacement la société, ce qui n'était pas forcément le cas auparavant.
Qu'en est-il du projet Tanger Med, qui a été incubé dans le groupe CDG ?
Le projet a connu un formidable développement depuis son lancement, et grâce à notre adossement à la CDG, et notre proximité avec TMSA, nous avons eu l‘opportunité de prendre un ticket de 30% dans le capital de Tanger Med Port Authority (TMPA), filiale dédiée aux activités portuaires (70% TMSA, 30% Fipar). TMPA porte aussi bien Tanger Med I, dont les deux quais sont déjà concédés, que Tanger Med II en cours de développement. C'est une opportunité unique d'être présent dans un projet d'infrastructure majeur à l'échelle méditerranéenne.
Le complexe industriel Renault Tanger-Méditerranée devra commencer ses activités début 2012, l'objectif étant de produire 90.000 unités avec une première ligne de montage pour arriver à 180 000 unités en 2014 grâce à une seconde ligne de montage. Quel est votre apport dans cette société ?
Le groupe français FSD, spécialisé dans l'industrie et l'équipement automobiles, a inauguré il y a une semaine à Tanger Free Zone (TFZ), une usine de production de pièces automobiles avec un investissement de 300 millions de DH. Le mouvement s'accélère. Pour nous et pour l'ensemble des partenaires publics et privés de ce projet extrêmement important, cette usine positionne le Maroc sur la carte automobile mondiale et sera une source de création d'emplois puisque l'on prévoit la création de 5000 emplois sur le seul site de Melloussa. L'impact sera important puisque le projet crée plusieurs cercles d'opportunités au niveau des équipementiers et sous équipementiers qui alimenteront l'usine. Les pouvoirs publics ont apporté un soutien important pour la réussite de ce projet et nous avons eu l'opportunité d'investir à hauteur de 47% du capital dans la société d'actifs qui s'appelle Renault Tanger Méditerranée et qui porte l'ensemble des actifs du projet. C'est grâce à notre adossement au groupe CDG que nous avons eu accès à des opportunités d'investissement de cette importance. Notre implication dans ces grands projets, Meditel, TMPA, Renault Tanger Méditerranée s'est faite sur une période courte de deux ans.
L'actualité pour cette société d'investissement, c'est la prise de participation de Fipar dans le capital de la société Safilait qui est classée 3e opérateur national en termes de marché de transformation des produits laitiers. Quel est le montant de l'investissement et quels sont les objectifs de ce partenariat ?
Nous investissons 200 millions de DH par le biais d'augmentations de capital qui amènent notre part à 37% du capital de Safilait. L'objectif de la prise de participation est d'accompagner Safilait dans son développement. C'est une société qui a connu une croissance importante ces dernières années pour atteindre plus de 500 millions de dirhams de chiffre d'affaires à fin 2010, et qui a encore un potentiel important compte tenu du développement du secteur laitier dans son ensemble. Celui-ci dispose d'un contrat programme qui vise l'autosuffisance et l'amélioration de la productivité et de la qualité. Nous sommes aussi en présence d'un management expérimenté, et d'un groupe marocain d'envergure, le Groupe Sopar/Kettani, un groupe d'entrepreneurs ambitieux qui ont investi dans différents secteurs de l'économie marocaine. L'ensemble de ces atouts a fait que nous nous sommes intéressés à cette prise de participation dans le cadre d'un processus compétitif et que nous avons, il y a une semaine, finalisé l'opération de participation. C'est notre premier investissement dans le secteur agroalimentaire.
Fipar-Holding se présente comme un investisseur pas seulement financier mais stratégique, quels sont les atouts de Fipar-Holding ?
Un de nos principaux atouts, c'est notre appartenance au groupe CDG. Cela nous permet d'avoir accès à des opportunités, compte tenu de l'image de notre groupe, et du fait qu'il soit le premier investisseur institutionnel de notre pays. Cela permet aussi de faire bénéficier les sociétés que nous accompagnons de synergies qui sont nombreuses avec d'autres sociétés en portefeuille ou avec d'autres sociétés du groupe. Nous avons donc une capacité de nous positionner très rapidement, nous avons la neutralité et l'image de tiers de confiance avec le groupe CDG. Nous avons aussi l'effet taille qui nous permet d'investir des tickets significatifs avec des fourchettes assez larges. Nous avons un autre atout, nous sommes un investisseur à long terme, nous n'avons pas d'horizon limité ou d'horizon de liquidation. Cela nous permet de nous impliquer fortement dans la gouvernance des sociétés investies, ce qui s'accompagne de la mise en place des meilleurs standards en termes de corporate gouvernance : comités d'audit, stratégique, nominations et rémunérations …Nous validons les décisions stratégiques les plus importantes. Nous investissons dans des secteurs d'avenir, dans des sociétés avec qui nous partageons nos valeurs de citoyenneté, de performance, d'innovation. Comme filiale d'établissement public, nous soumettons nos projets d'investissement dans le non coté au ministère de l'Economie et des Finances, qui les autorisent par le biais d'un décret signé par le Chef du Gouvernement. Nous avons eu l'honneur d'être autorisés tout récemment à investir sur les trois prochaines années jusqu'à 400 millions de DH par opération unitaire, sans avoir recours à cette autorisation. Les investissements supérieurs à ce montant restent eux dans le cadre du process normal de demande d'autorisation. Nous avons désormais un décret cadre qui nous donne plus de souplesse dans nos interventions. C'est un acte de confiance de la part de nos institutions, le ministère de l'Economie et des Finances et la DEPP en particulier dans les processus d'investissement et de gouvernance de FIPAR, qui nous honore.
Fipar International et Fipar-Holding sont elles liées ?
Fipar International a changé de dénomination fin 2010 pour devenir CMTV International, l'objectif étant d'éviter toute confusion entre les deux sociétés. Elles ont en commun le même actionnaire, à savoir la CDG, mais elles sont bel et bien deux structures différentes.
Quelles sont les perspectives de Fipar-Holding?
Nous avons une enveloppe d'investissement importante pour les toutes prochaines années, soit 3 milliards de DH que nous comptons affecter à différents secteurs d'industrie, d'infrastructures, de services. Nous investissons d'ores et déjà dans le développement des régions et le projet de régionalisation avancée offrira certainement des opportunités nouvelles.
Autre objectif, faciliter la création de nouveaux fonds de proximité et de financement de projets qui ont évolué en termes d'innovation dans les produits et les stratégies de placement et des nouvelles formes de «business model». Ce champ qui s'est beaucoup développé fait du Maroc l'un des pays les plus convoités par différents fonds arabes et européens. Il est appelé à se développer considérablement, compte tenu de l'importance de la structure familiale développée des entreprises marocaines et des problèmes de transmission des groupes avec les départs des premières générations de l'après-indépendance.
Les fonds d'investissement interviennent dans tous les secteurs et nombre d'entreprises sont devenues performantes grâce à l'accompagnement de ces fonds, car au-delà de l'apport financier, l'apport est stratégique porté par des équipes de gestion qui ont gagné en expertise et en maturité. En témoigne un de ces fonds, Fipar Holding qui a fait cette semaine l'actualité en investissant quelque 200 millions de DH par le biais d'augmentation du capital de Safilait.
L'objectif de la prise de participation, qui est le premier investissement du fonds dans le secteur agroalimentaire, est comme le souligne Amine Mohamed Benhalima, président de cette filiale du groupe CDG, dans l'entretien «d'accompagner cette société nationale qui a un potentiel important compte tenu du développement du secteur laitier dans son ensemble», qui dispose d'un contrat-programme qui vise l'autosuffisance et l'amélioration de la productivité, la qualité dans son développement ». Cette prise de participation est l'occasion de faire un focus sur ce fonds Fipar holding qui investit dans les télécoms, les utilities, l'industrie automobile à travers le projet de l'usine de Renault, cimenteries, emballage, l'énergie, le secteur financier, le secteur portuaire à travers Tanger Med Port Authority, et en priorité dans les sociétés non cotées.
Société d'investissement sans durée de vie limitée, elle s'implique dans le minoritaire stratégique et dispose de nombreux atouts, ce qui lui a valu et c'est une première un décret cadre qui l'autorise à investir sur les trois prochaines années jusqu'à 400 millions de DH par opération unitaire sans solliciter au préalable l'accord du ministère des Finances. L'objectif in fine de ce fonds étant de «rentabilité financière à moyen et long terme et en parallèle, de participer au développement de sociétés et de secteurs importants et participer à notre échelle au développement de l'économie, souligne Benhalima. Nous aidons à la création de valeur dans les entreprises où nous intervenons. Créer de la valeur c'est aussi contribuer à la création de l'emploi.
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LE MATIN : Quel est le paysage des fonds d'investissement et comment se positionne Fipar- Holding ?
Mohamed Amine Benhalima : Il y a un certain nombre de fonds, qui en général ciblent les PME marocaines, qui se sont considérablement développées ces dernières années. Ces fonds qui ont des durées de vie et des tickets d'investissement limités ont des tailles diverses qui vont de 100 millions à 1 milliard de DH. Ces fonds ont joué un rôle important dans le développement du capital investissement au Maroc. Ils sont liés à des groupes marocains mais aussi à des groupes étrangers. Les actionnaires de ces fonds sont en général des institutionnels de la place et des organismes de développement multilatéraux à l'instar de la BEI, ou d'autres organismes comme la Caisse des Dépôts et des Consignations française. On a également d'autres sociétés d'investissement sur le marché qui peuvent avoir des tailles plus importantes. Nous avons à Fipar-Holding une spécificité, nous sommes une société d'investissement sans durée de vie limitée et en même temps nous faisons du minoritaire stratégique. Nous prenons des prises de participation minoritaires sur un horizon moyen et long terme, avec des tickets significatifs. Ce type d'investissement, à cette échelle, est encore rare au Maroc.
Avec quel objectif in fine pour Fipar-Holding ?
Un objectif clair, bien sûr, de rentabilité financière à moyen et long terme. Mais nous souhaitons en parallèle, à travers notre intervention, participer au développement de sociétés et de secteurs importants et participer à notre échelle au développement de l'économie. Nous aidons à la création de valeur dans les entreprises où nous intervenons. Créer de la valeur c'est aussi contribuer à la création de l'emploi. Pour ce faire, nous accompagnons les sociétés investies dans leur développement, dans la modernisation dans leur gouvernance quand cela est nécessaire. Nous accompagnons financièrement des investisseurs nationaux et internationaux d'envergure et dans l'environnement marocain pour faciliter leur évolution. Notre ambition, vous le voyez, est aussi de participer au développement des Investissements Directs Etrangers au Maroc.
Fipar-Holding est présente dans de nombreux secteurs de l'économie. Quels sont ces secteurs et sur quels critères s'opèrent les participations ? Quelle est en d'autres termes la marque ADN de Fipar-
Holding ?
Fipar-Holding a été créée en 1989 et a été rachetée par la CDG en 2003. A cette date, le portefeuille était de 300 millions de DH. Nous parlons aujourd'hui d'un portefeuille comptable en valeur d'acquisition, sans prendre en compte les plus values latentes de 6,5 milliards de DH depuis la structuration de Fipar en société d'investissement qui détient des participations minoritaires significatives avec une logique de rentabilité financière de moyen et long terme. Nous n'avons pas un secteur particulier de prédilection, nous sommes une société diversifiée présente dans de nombreux secteurs comme les télécoms, les utilities, l'industrie automobile, les cimenteries, l'emballage, l'énergie … présente aussi dans le secteur financier et le secteur portuaire à travers Tanger Med. Je voudrais aussi préciser que, même si notre portefeuille contient des titres cotés à la Bourse des valeurs de Casablanca, ce qui assure une certaine liquidité du portefeuille, nous investissons en priorité sur du non coté, à différents stades de maturité, de la création, au stade de développement. Ce « détail » a son importance car pour un entrepreneur à la tête d'une entreprise non cotée en Bourse, faire appel à une société d'investissement comme la nôtre est une bonne manière de lever un volume de fonds propres conséquent, pour l'aider à passer à un autre stade de développement, et se présenter sur le marché des capitaux par la suite.
Fipar-Holding se présente comme un investisseur pas seulement financier mais stratégique qui investit à différents stades de maturité. Fipar a initié ces dernières années des opérations d'envergure comme celles avec Meditel, Tanger Med ou Renault. Comment s'est articulée votre stratégie dans ces projets et pour quelles raisons ont-ils été choisis ?
Ces trois dossiers ont en commun d'être de grands projets structurants. Le deuxième opérateur télécom au Maroc, un des plus grands ports de la Méditerranée et une des usines d'automobile les plus importantes au monde. Chaque investissement a sa propre logique, mais nous privilégions de grands projets structurants pour les atouts dont ils disposent et aussi et surtout parce qu'ils contribuent au développement économique de notre pays. Pour le premier dossier, Méditel, je rappelle que la CDG a été historiquement actionnaire à sa création. La CDG a pris ensuite une participation dans un véhicule spécial dédié qui s'appelle Holdco, qui détenait une part du capital de Meditel, l'amenant ainsi à contrôler 18% du capital de la société. Avec la sortie de Telefonica et de Portugal Telecom, nous avons fait valoir notre droit de préemption. Nous avons ainsi acheté les parts des deux opérateurs pour monter à 50% du capital de l'opérateur, les 50% étant détenus par le groupe FinanceCom. C'était à la fois une opportunité et cela nous permettait de préserver nos intérêts et de rester maître de notre destin. Nous avons pu par la suite choisir nous-mêmes avec notre partenaire marocain, un opérateur de référence qui pouvait nous accompagner dans le développement de la société et qui avait la même vision stratégique que nous. Si nous n'avions pas fait cela, nous aurions peut-être « subi » un opérateur qui pouvait nous imposer sa vision dans le cadre du développement de Meditel. Aujourd'hui, les trois partenaires travaillent conjointement pour développer la société dans un secteur qui est devenu de plus en plus concurrentiel. La force de frappe de notre partenaire français conjuguée à l'importance des deux institutions marocaines dans le tour de table font que l'actionnariat est équilibré et accompagne efficacement la société, ce qui n'était pas forcément le cas auparavant.
Qu'en est-il du projet Tanger Med, qui a été incubé dans le groupe CDG ?
Le projet a connu un formidable développement depuis son lancement, et grâce à notre adossement à la CDG, et notre proximité avec TMSA, nous avons eu l‘opportunité de prendre un ticket de 30% dans le capital de Tanger Med Port Authority (TMPA), filiale dédiée aux activités portuaires (70% TMSA, 30% Fipar). TMPA porte aussi bien Tanger Med I, dont les deux quais sont déjà concédés, que Tanger Med II en cours de développement. C'est une opportunité unique d'être présent dans un projet d'infrastructure majeur à l'échelle méditerranéenne.
Le complexe industriel Renault Tanger-Méditerranée devra commencer ses activités début 2012, l'objectif étant de produire 90.000 unités avec une première ligne de montage pour arriver à 180 000 unités en 2014 grâce à une seconde ligne de montage. Quel est votre apport dans cette société ?
Le groupe français FSD, spécialisé dans l'industrie et l'équipement automobiles, a inauguré il y a une semaine à Tanger Free Zone (TFZ), une usine de production de pièces automobiles avec un investissement de 300 millions de DH. Le mouvement s'accélère. Pour nous et pour l'ensemble des partenaires publics et privés de ce projet extrêmement important, cette usine positionne le Maroc sur la carte automobile mondiale et sera une source de création d'emplois puisque l'on prévoit la création de 5000 emplois sur le seul site de Melloussa. L'impact sera important puisque le projet crée plusieurs cercles d'opportunités au niveau des équipementiers et sous équipementiers qui alimenteront l'usine. Les pouvoirs publics ont apporté un soutien important pour la réussite de ce projet et nous avons eu l'opportunité d'investir à hauteur de 47% du capital dans la société d'actifs qui s'appelle Renault Tanger Méditerranée et qui porte l'ensemble des actifs du projet. C'est grâce à notre adossement au groupe CDG que nous avons eu accès à des opportunités d'investissement de cette importance. Notre implication dans ces grands projets, Meditel, TMPA, Renault Tanger Méditerranée s'est faite sur une période courte de deux ans.
L'actualité pour cette société d'investissement, c'est la prise de participation de Fipar dans le capital de la société Safilait qui est classée 3e opérateur national en termes de marché de transformation des produits laitiers. Quel est le montant de l'investissement et quels sont les objectifs de ce partenariat ?
Nous investissons 200 millions de DH par le biais d'augmentations de capital qui amènent notre part à 37% du capital de Safilait. L'objectif de la prise de participation est d'accompagner Safilait dans son développement. C'est une société qui a connu une croissance importante ces dernières années pour atteindre plus de 500 millions de dirhams de chiffre d'affaires à fin 2010, et qui a encore un potentiel important compte tenu du développement du secteur laitier dans son ensemble. Celui-ci dispose d'un contrat programme qui vise l'autosuffisance et l'amélioration de la productivité et de la qualité. Nous sommes aussi en présence d'un management expérimenté, et d'un groupe marocain d'envergure, le Groupe Sopar/Kettani, un groupe d'entrepreneurs ambitieux qui ont investi dans différents secteurs de l'économie marocaine. L'ensemble de ces atouts a fait que nous nous sommes intéressés à cette prise de participation dans le cadre d'un processus compétitif et que nous avons, il y a une semaine, finalisé l'opération de participation. C'est notre premier investissement dans le secteur agroalimentaire.
Fipar-Holding se présente comme un investisseur pas seulement financier mais stratégique, quels sont les atouts de Fipar-Holding ?
Un de nos principaux atouts, c'est notre appartenance au groupe CDG. Cela nous permet d'avoir accès à des opportunités, compte tenu de l'image de notre groupe, et du fait qu'il soit le premier investisseur institutionnel de notre pays. Cela permet aussi de faire bénéficier les sociétés que nous accompagnons de synergies qui sont nombreuses avec d'autres sociétés en portefeuille ou avec d'autres sociétés du groupe. Nous avons donc une capacité de nous positionner très rapidement, nous avons la neutralité et l'image de tiers de confiance avec le groupe CDG. Nous avons aussi l'effet taille qui nous permet d'investir des tickets significatifs avec des fourchettes assez larges. Nous avons un autre atout, nous sommes un investisseur à long terme, nous n'avons pas d'horizon limité ou d'horizon de liquidation. Cela nous permet de nous impliquer fortement dans la gouvernance des sociétés investies, ce qui s'accompagne de la mise en place des meilleurs standards en termes de corporate gouvernance : comités d'audit, stratégique, nominations et rémunérations …Nous validons les décisions stratégiques les plus importantes. Nous investissons dans des secteurs d'avenir, dans des sociétés avec qui nous partageons nos valeurs de citoyenneté, de performance, d'innovation. Comme filiale d'établissement public, nous soumettons nos projets d'investissement dans le non coté au ministère de l'Economie et des Finances, qui les autorisent par le biais d'un décret signé par le Chef du Gouvernement. Nous avons eu l'honneur d'être autorisés tout récemment à investir sur les trois prochaines années jusqu'à 400 millions de DH par opération unitaire, sans avoir recours à cette autorisation. Les investissements supérieurs à ce montant restent eux dans le cadre du process normal de demande d'autorisation. Nous avons désormais un décret cadre qui nous donne plus de souplesse dans nos interventions. C'est un acte de confiance de la part de nos institutions, le ministère de l'Economie et des Finances et la DEPP en particulier dans les processus d'investissement et de gouvernance de FIPAR, qui nous honore.
Fipar International et Fipar-Holding sont elles liées ?
Fipar International a changé de dénomination fin 2010 pour devenir CMTV International, l'objectif étant d'éviter toute confusion entre les deux sociétés. Elles ont en commun le même actionnaire, à savoir la CDG, mais elles sont bel et bien deux structures différentes.
Quelles sont les perspectives de Fipar-Holding?
Nous avons une enveloppe d'investissement importante pour les toutes prochaines années, soit 3 milliards de DH que nous comptons affecter à différents secteurs d'industrie, d'infrastructures, de services. Nous investissons d'ores et déjà dans le développement des régions et le projet de régionalisation avancée offrira certainement des opportunités nouvelles.
