La musique andalouse en fête à Fès

Pour le plaisir de ces derniers ainsi que pour des centaines d'amateurs de musique andalouse à travers le Maroc, la commune urbaine de Fès organise la 16e édition du Festival de la musique andalouse qui aura lieu, cette année, du 1er au 5 mars prochain, sous le signe « Tous pour soutenir la question du Sahara marocain ».
A l'instar des autres années, cette édition, dédiée à l'âme du grand artiste feu Moulay Ahmed Loukili, prévoit un programme riche et varié. Fès accueillera ainsi quelques unes des meilleures troupes de musique andalouse nationales qui animeront les cinq soirées du festival. D'autres groupes, venus de l'étranger, se joindront à la liste pour animer les activités du festival. Des orchestres de musique andalouse d'Algérie, de France et d'Espagne, aussi connus les uns que les autres, viendront, eux aussi, s'associer à cette fête.
Dans la rubrique Hommage, les festivaliers pourront écouter des témoignages sur la vie et le parcours de feu Moulay Ahmed Loukili, l'un des maitres ayant révolutionné la musique andalouse, aussi bien au niveau des paroles que des mélodies. Une exposition proposant un voyage artistique dans l'immense œuvre de feu Loukili sera également installée tout au long de cette manifestation.

Comme à l'accoutumée, la Conférence du Festival, qui a retenu cette année la thématique de "l'ouverture de la culture marocaine sur le monde, la musique andalouse en exemple", réunira une pléiade de chercheurs et universitaires de Tanger, Rabat, Meknès et Fès. Il sera question de donner une rétrospective sur les dates clés de l'histoire de cet art noble, mais aussi de proposer des pistes de réflexion pour la sauvegarde de cette musique ancestrale.Devenu un rendez-vous incontournable aussi bien pour les professionnels que pour les amateurs, ce festival vise à préserver cet art musical riche et varié, fruit d'influences entre le Maghreb, l'Andalousie et l'Orient. Rappelons que la première édition de ce festival avait été organisée en 1939 par le service de la culture et des arts et la seconde en 1969 par le ministère de la Culture et de l'enseignement originel, en collaboration avec la ligue des pays arabes.

Le festival de Fès de la musique andalouse fait partie, aujourd'hui, des célèbres festivals sur le patrimoine organisés chaque année dans la cité idrisside, dont ceux des musiques sacrées du monde, du Malhoun, de la culture soufie, de la culture amazighe et du Samaâ et Madih.

Une origine ancestrale

On ne peut déterminer avec précision l'époque où la musique andalouse a fait son apparition au Maroc, les chroniques étant muettes à ce sujet, mais il est probable que les villes septentrionales du pays avaient connu cet art dès le début du dixième siècle, c'est-à-dire à l'époque où l'Espagne musulmane connaissait l'âge d'or de sa civilisation. Sa culture rayonnait alors, de toute son intensité, sur le monde occidental, et des esprits avides de savoir, venaient approfondir leurs connaissances ou perfectionner leurs talents artistiques. Ce patrimoine artistique s'est constitué à la faveur des vagues migratoires successives vers le Maghreb, jusqu'à la fin du 15e siècle (1492, chute de Grenade et fin de la reconquista des rois catholiques). Quoique n'ayant jamais été transcrite, cette musique a été conservée dans toute sa pureté et sa rigueur et transmise par une longue lignée de musiciens. Elle est inscrite profondément dans les cœurs et les âmes des fils de Fès, Tétouan, Rabat, Salé, Marrakech, Chefchaouen, Tanger, Oujda… elle imprègne toutes les couches sociales de la population et fait partie de la vie quotidienne.