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«Laâcha», une véritable cérémonie

Si en France les obsèques sont jugées être trop chères, au Maroc, le ''repas pour le mort'' qui suit l'enterrement du défunt, connu sous le nom de «Laâcha», s'est transformé en une véritable cérémonie et coûte une ''vraie petite fortune''.

«Laâcha», une véritable cérémonie
Pour l'occasion, des tentes spécifiques (khzayenes) sont dressées sur le long de la rue où se trouvent la maison du défunt dans les quartiers populaires.
«J'ai assisté récemment à ''Laâcha'' suite au décès du père d'une amie et j'ai été réellement surprise. La mère de mon amie et ses deux filles changeaient de vêtement presque toutes les heures. Incroyable !», confie Hasnâa. «De plus, les «invités» étaient tous tirés à quatre épingles, on dirait que j'ai assisté à une fête de mariage. Des rires et des discussions partout dans la maison accompagnés de chansons religieuses. Le diner a été servi par un traiteur, un repas succulent digne des plus grandes cérémonies. No comment», ajoute-t-elle. En effet, de nos jours,'' le repas pour le mort'' a plusieurs points communs avec une fête de mariage. Notamment, le fait de faire appel à un organisateur de fêtes ou un traiteur. «Pour ''Laâcha''suite au décès de mon père, c'est un traiteur qui s'est occupé de l'organisation de la soirée. Tout le monde le fait, pourquoi pas moi ?», indique Leila. «Franchement, c'est beaucoup plus pratique. Le traiteur s'occupe de tout (décoration, nourriture…). De plus, la gastronomie est de haut de gamme, tout le monde l'apprécie», poursuit-elle.

Hamid, traiteur à Casablanca, avoue que l'organisation du ''repas pour le mort'' est une véritable source de revenus. «Bien que triste, en tant que traiteur, je dois admettre que ''le repas pour le mort'' rapporte presque aussi bien que les autres cérémonies. Les gens font de plus en plus appel à nos services pour ce genre d'événement». Et d'ajouter: «Toutes les préparations sont à notre charge. Nous devons nous occuper de la restauration mais aussi de la décoration et de la mise en place des diverses composantes de la cérémonie». Pour ce qui est des prestations proposées ainsi que pour les tarifs, encore une fois, ce sont les mêmes que pour ceux des autres célébrations. Rachid, traiteur casablancais, affirme qu'il suggère les mêmes services pour toutes sortes d'événements, y compris «Laâcha» qui représente pour lui à peu près de 60% de son travail annuel. Par la suite, c'est au client de choisir ce qui lui convient. «Généralement, je propose deux options à mes clients: le cocktail dînatoire et le dîner complet. La première option coûte plus cher. Son prix dépend surtout de sa formule et son contenu. Ainsi, les prix varient entre 200 et 500 dirhams par personne. Plus le client est exigeant, plus les prix augmentent», lance-t-il. «Le dîner complet, le plus demandé, est un dîner traditionnel qui se compose d'une entrée, deux plats principaux, un dessert, jus, thé et petits fours. Je propose également la décoration du lieu et des tables généralement de dix personnes à un prix variant entre 2500 et 3000 dirhams la table. Là aussi, les prix varient et peuvent grimper, selon les moyens des clients et de la nourriture désirée.», poursuit Rachid.

Tenues spéciales
Pour assister à ces cérémonies de «Laâcha», une simple djellaba n'est plus à l'ordre du jour. Membres de la famille du défunt, proches, voisins… prévoient des vêtements spécialement conçus pour l'occasion. «J'étais étonné par la diversité des caftans et ''takchitas'' dernier cri que portaient les femmes lors de la veillée funèbre d'un cousin», lache Abderrahmane.
Khadija, couturière, dit être habituée à recevoir des clientes qui commandent des vêtements traditionnels pour assister à un ''repas pour le mort''… «Au début, je trouvais cela plutôt bizarre que quelqu'un vienne me demander de coudre des vêtements pour les obsèques mais je m'y suis habituée avec le temps», raconte-t-elle. Et d'ajouter : «Je reçois souvent des femmes qui me demandent de leur coudre des caftans ou ''takchitas'' pour la soirée de «Laâcha» et des djellabas pour le jour de la visite de la tombe… Personnellement, et humainement, je ne suis pas d'accord avec ce genre de comportements mais professionnellement, je dois avouer que cela me rapporte énormément». Outre l'organisation de la cérémonie et les vêtements, les gens commencent également à faire appel à des cameramen et photographes. Bref, tout ce qu'il faut pour faire de ce jour où «l'heureuse âme» a été rendue, un souvenir inoubliable.

Ambiance des quartiers populaires

Si le décès dans les quartiers chics a pris un timbre festif, dans les quartiers populaires, les gens respectent toujours le deuil. Les voisins du défunt, les proches et les membres de la famille préparent ''le repas pour le mort'' : le couscous.
A partir du lendemain du décès, les voisins et les proches s'occupent de tous les repas pendant les trois premiers jours.
Au petit déjeuner et au goûter, ils apportent beurre, miel, café noir, petits pains aux grains de sésame «krichlat», olives, œufs…
Pour le déjeuner et le dîner, le couscous reste le seul menu approprié à l'occasion. Le soir du troisième jour, le délai donné selon la coutume pour la fin du deuil, les cuisinières (tebbakhates) prennent la relève des traiteurs pour préparer un repas à connotation festive, justement pour marquer cette fin. Pour l'occasion, des tentes spécifiques (khzayenes) sont dressées sur le long de la rue où se trouvent la maison du défunt.
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