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Lundi 17 Mars 2025
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Le conseil de la ville touche le fond

La métropole patauge depuis des mois, victime d'un conseil de la ville où la présidence et les élus considèrent la gestion locale comme un simple passe-temps.

Le conseil de la ville touche le fond
Un sacré conseil de la ville que celui qui trône à Casablanca. Une session de février non clôturée pour cause de compte administratif non ratifié. Celle d'avril annoncée par les communiqués puis, tout bonnement, portée disparue. Et nous revoilà de retour pour tenir une session du mois de juillet, alors que le mois d'août rend son dernier souffle. Sauf que cette dernière session, programmée vendredi 19 août, n'a pas eu lieu faute de quorum, sachant que celui-ci n'était fixé qu'au tiers des élus, vu que c'était la deuxième tentative de tenue de ladite session. Autant de réunions cruciales pour la gestion de la plus grande métropole du pays qui font, désormais, patrie de l'histoire. Inutile d'évoquer l'accumulation des déficits et des entraves à la gestion locale, ainsi que le handicap hérité sur plusieurs sessions et qui va inéluctablement peser de tout son poids sur l'avenir de la métropole.

«Le conseil est paralysé car le président ignore les doléances des élus, y compris celles émanant de ses alliés, dont le groupe du PJD. Il s'agit tout d'abord de réajuster la composition du bureau de la présidence, car il est marqué par une absence totale d'équilibre, dans la mesure où il ne bénéficie pas d'une vraie majorité et n'est pas représentatif du conseil.

À ce propos, la moitié des membres du bureau de la présidence portent la casquette d'un parti qui ne détient qu'une dizaine de sièges au conseil. Et c'est on ne peut plus antidémocratique !» explique Mustapha Benane, faisant allusion au PAM (Parti authenticité et modernité). Et de préciser : «Nous avons tout fait pour attirer l'attention sur cette situation afin de rétablir l'ordre des choses, mais, malheureusement, nos réclamations sont restées lettre morte. Cette proposition a été rejetée de manière catégorique sans présentation, en retour, d'une alternative quelconque. Inutile de préciser que ce sont les Casablancais qui font les frais de cet imbroglio, et de manière dramatique». Le maître de cérémonie, Mohamed Sajid en l'occurrence, ne semble plus maîtriser quoi que ce soit au sein du conseil, aussi bien l'opposition que sa propre majorité. Ne serait-ce pas là une situation délibérément enfantée par ce dernier ? Plusieurs réalités, considérées de très près, seraient de nature à verser allègrement dans cette théorie. Dernier exemple en date, la fameuse réunion du conseil qui devait se dérouler vendredi dernier. Une session (peu) ordinaire, débutant à 15h en plein Ramadan, avec comme fil conducteur un ordre du jour composé de… 22 points ! Excusez du peu. Cela peut être qualifié de tout sauf de sérieux. Et vu que c'était la deuxième tentative de tenue de la session en question, fixant le quorum au tiers des élus, les travaux de la prochaine réunion seront entamés, comme le stipule la charte communale, quel que soit le nombre des présents.

Les autres exemples ne manquent pas et il suffit de remonter en amont dans les réunions du conseil, pour se rendre compte que ce dernier ressemble plus à un rassemblement des Pieds Nickelés qu'autre chose. Dans ce capharnaüm, l'horizon 2012, signant le renouvellement du Parlement et de tous les conseils que compte le pays, a accentué la fâcheuse attitude de fuite en avant. En ce sens, l'on ne se retrouve plus dans une logique de gestion qui bine qu'ayant comme perspective le développement, est plutôt mue par un souci partisan et politicien. Résultat, ou plutôt conséquence, le conseil de la ville vit une paralysie sans précédent, qu'elle soit préméditée ou non.

Aujourd'hui, majorité et opposition semblent parler le même langage, du moins sur certaines questions. Plusieurs doléances fusent ainsi en chœur des deux bords, comme celle relative à la clarification du contrat qui lie la ville à Lydec, ainsi que celles relatives à toutes les sociétés qui font dans la gestion déléguée. De même, il est question d'aborder les dossiers relatifs à la ville de Casablanca en toute transparence, dans le cadre d'un plan de développement clair arrêté de manière unanime. Des réclamations qui ne suscitent pas d'écho de la part de la présidence du conseil de la ville. De la à dire que la situation actuelle n'augure rien de bon il n'y a qu'un pas. En tout cas, Casablanca se retrouve aujourd'hui à la croisée des chemins et des décisions vitales sont à prendre.

«Outre l'ankylose et le vide total qui caractérisent le conseil durant la conjoncture actuelle, on constate que le président gère les choses de la ville de manière unilatérale. Aussi, nous déclinons toute responsabilité de ce qui pourrait découler de pareille gestion et des éventuelles conséquences qui pourraient en résulter. De plus, si la gestion de Casablanca est utilisée, aujourd'hui, à des fins électoralistes au niveau de certaines circonscriptions, à cause justement de la domination de certaines parties, nous constatons malheureusement que la métropole est dans une situation de crise et c'est le président du conseil qui en endosse l'entière responsabilité, ainsi que les membres du bureau défectueux qui s'accrochent à leurs sièges, en dépit du fait que ce bureau ne jouit pas d'une réelle représentativité au sein du conseil», souligne Mustapha Benane.

Une autre hypothèse qui prévaut actuellement voudrait que toute cette mascarade soit savamment orchestrée, le temps d'aborder les élections législatives, le 25 novembre 2011, qui finiront par occulter, de par leur importance, tout ce qui concerne le conseil de la ville, du moins pour plusieurs mois. Entre temps, les communales pointeront du nez, afin d'élire un nouveau conseil et, au demeurant, passer l'éponge sur les manquements et dysfonctionnements qui, semble-t-il, caractériseraient l'assemblée locale actuelle.

Charte communale

Depuis que le conseil de la ville est dans l'impasse, des voix s'élèvent et brandissent l'article 25 de la charte communale. L'article en question stipule que l'autorité de tutelle, à savoir le ministère de l'Intérieur, à travers le wali, assure la gestion de la ville lorsque le conseil est dans l'incapacité de le faire, et ce pendant une période de trois mois. Cette période durant laquelle les activités du conseil sont tout bonnement gelées est sujette à prorogation pour trois mois supplémentaires, avant la dissolution pure et simple du conseil. «Concernant l'article 25 de la charte communale, son application relève des prérogatives de l'autorité. En ce qui nous concerne, nous aurions préféré que la solution et la sortie de crise voient le jour au sein du conseil de la ville, pour la simple raison que l'application de l'article 25 signifie tout simplement que le conseil a perdu toute légitimité, pour que l'autorité compétente intervienne et assure la gestion de la ville en lieu et place du conseil», indique un élu de la majorité. Considérant que l'article 25 reste une prérogative de l'autorité, qui juge de l'utilité et du moment de son application, la plupart des élus semblent être plus dans une logique de déblocage de la situation de manière démocratique au sein du conseil, à travers les outils dont ils disposent, et ainsi poursuivre leur mission plutôt que d'en arriver à la dissolution, ultime issue.
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