Menu
Search
Samedi 18 Mai 2024
S'abonner
close

Rétrospective de l'œuvre de Meki Megara

Pour célébrer le peintre tétouanais, Meki Megara, la Villa des arts de Rabat expose du 5 novembre au 30 janvier prochain, un grand nombre de toiles du maître.

Rétrospective de l'œuvre  de Meki Megara
La mer, le vent chargui sont les récurrences picturales de l'artiste-peintre Meki Megara.
Considéré comme un grand artiste peintre marocain, Meki Megara a marqué la peinture marocaine de son empreinte, laissant derrière lui une œuvre de qualité inestimable. Plus de 50 ans de carrière professionnelle qui ont permis à son nom et à ses créations d'entrer dans l'histoire de l'art contemporain marocain.
La Fondation ONA lui consacre une grande manifestation (successivement dans les deux Villas des arts de Rabat et Casablanca) en empruntant des œuvres majeures de sa collection à sa famille et à quelques collectionneurs. C'est, en effet, le moins que cette institution puisse faire pour honorer les profondes recherches de ce peintre et son militantisme pour l'art, dans le vrai sens du terme. Car feu Meki fait partie de ces vétérans qui ont contribué à la mise en valeur d'une nouvelle forme de production artistique avec des techniques mixtes utilisant divers matériaux. Depuis sa première exposition, en 1949, il n'a jamais cessé de produire et de surprendre avec son art.

«Meki Megara est l'un des premiers artistes à avoir fait ses études académiques à l'étranger. Mais malgré son initiation à la peinture figurative à l'école de Madrid, il a toujours été tenté par le style abstrait. En tant que professeur à l'École des Beaux-arts de Tétouan, il était le seul à enseigner à ses étudiants le côté spirituel et technique de la peinture, en plus du dessin. D'ailleurs, moi aussi j'étais son élève et j'ai appris énormément de lui en le côtoyant de très près. Son souci était de donner une image de l'artiste tétouanais. Son installation à Martil a été pour quelque chose dans ses influences picturales. On pouvait sentir le froid de cette cité sur ses toiles, quand elle était désertée par les vacanciers. Il entretenait une forte relation avec son environnement. Une relation qui n'est pas seulement visuelle, mais faite aussi de sensibilités qui affleurent dans ses créations, comme autant de symboles reflétant la mer, les vents chargui et gharbi connus dans cette région», confie le peintre Abdelkrim El Ouazzani qui ne cache pas son estime pour ce grand peintre, connu également pour ses qualités relationnelles. «Il était très bon, humain, modeste et n'a jamais eu de conflit avec quiconque. Je regrette qu'il n'ait pas été consacré de son vivant.

Alors qu'il était bien considéré par beaucoup de professionnels et passionnés de la peinture. Mais il n'est jamais trop tard, comme on dit, et je loue l'initiative de la Fondation ONA qui lui rend cet hommage qu'il mérite vraiment». En effet, Meki Megara a séduit beaucoup de gens qui l'ont suivi dans sa carrière, notamment l'historien M'hamed Benaboud et l'artiste peintre Bouabid Bouzaid, directeur du musée de l'Art moderne à Tétouan. Tous les deux furent à l'initiative d'un ouvrage consacré à toutes ses œuvres. « Mekki Megara est un peintre un peu touche à tout, même si les paysages, les portraits et les natures mortes semblent emporter sa faveur», écrit le poète Benjelloun dans la préface du livre. «En somme, Megara n'a rien à envier aux portraitistes les plus célèbres de l'histoire de la peinture. Il a connu de nombreuses tendances artistiques allant du classicisme à l'expressionnisme et à l'art abstrait», selon le concepteur de cet ouvrage, M. Benaboud, qui explique cette polyvalence par «sa capacité à innover», avant de conclure que «son œuvre vivra éternellement».

Dans son témoignage intitulé «Mekki Megara entre la réalité et le trompe-l'œil», José Luis Gomez, de l'Académie royale des Beaux-arts de San Telmo en Espagne, estime que «le défunt est sans doute l'un des pionniers de l'art contemporain marocain. Un artiste qui, avec ses pinceaux, a écrit des pages brillantes de l'histoire de l'art national et international, laissant une trace indélébile chez ses élèves et amis et une œuvre à l'épreuve du temps en raison de sa qualité.» En présentant son œuvre, la Fondation ONA nous fait découvrir un autre volet du peintre, peu connu de tout le monde. Celui de sa participation à la conception des pièces monétaires du Maroc. «Nous remercions Bank Al Maghreb qui nous a prêté sa collection originale des pièces de monnaies illustrant les évolutions de sa réflexion sur la pièce de monnaie. Dans cette collection numismatique inédite, nous présentons des pièces de monnaie qui portent la signature de Meki Megara et qui font de lui le père artistique de plusieurs pièces», souligne Naima Slimi, responsable pédagogique et culturelle à la Villa des arts de Rabat.

Biographie

Natif de Tétouan en 1933, Meki Megara est diplômé de l'École des Beaux-arts à Tétouan en 1952. Trois ans plus tard, il poursuit ses études à l'École supérieure des Beaux-arts «Santa Isabel de Hungria» de Séville (Espagne), puis s'installe, en 1959, à Madrid tout en continuant sa recherche à l'École supérieure des Beaux-arts «San Fernando». S'initiant chez Mariano Bertuchi, M. Megara adopta Séville et Madrid comme lieux de résidence et de travail pictural. Son retour à l'École des Beaux-arts de Tétouan, en 1960, pour y enseigner la peinture et la perspective a été une heureuse aubaine pour les Marocains.
Nommé en 2007 membre de l'Académie royale des Beaux-arts de Cádiz, les œuvres de Megara font partie de collections privées et officielles marocaines, et aussi dans d'autres pays comme l'Espagne, France, Italie, États-Unis, Tunisie, Irak, Syrie...
Lisez nos e-Papers