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«Quand on parle de transmission, les femmes sont au premier plan»

Du 27 au 30 octobre, Essaouira vibrera aux rythmes de la huitième édition du Festival des Andalousies atlantiques. Zoom sur l'esprit de cet événement avec celle qui l'accompagne depuis 3 ans.

«Quand on parle de transmission, les femmes sont au premier plan»
Le Matin : Quel rôle joue le festival des Andalousies atlantiques dans la transmission du patrimoine judéo-marocain ?

Françoise Atlan : Lors de cette édition, nous aurons le bonheur d'écouter la jeune génération, la “relève” en quelque sorte, comme les Jeunes talents du Conservatoire de Fès, qui sont les futurs héritiers de cet art multiséculaire qu'est la “ala”. L'émotion sera également au rendez-vous. Elle sera véhiculée par ces sentiments de reconnaissance et d'admiration suscités par le chant du Maître du «gharnati» Ahmed Piro, qui se produira aux côtés de son élève Baha Ronda et de la jeune Sanaa Marahati qui, depuis sa plus tendre enfance, a été bercée par les “qaçayed” de Samy El Magrebi...

Quels seront les moments forts de cette 8e édition ?

En quelques mots, je dirais que chaque moment du Festival constitue un temps fort. Il faut être présent pour le ressentir, mais il est vrai que cette année, nous avons choisi de faire la part belle à la notion de transmission de maître à élève, cette notion fondamentale qui permet que notre patrimoine culturel, en l'occurrence musical, puisse continuer à perdurer mais aussi à se renouveler. Nous avons également voulu rendre hommage aux femmes, en invitant à la fois des vedettes confirmées (Naima Dziria...) et de jeunes chanteuses comme Sanaa Marahati, qui a été initiée dès son plus jeune âge au répertoire du grand chanteur Sami El Maghrebi.

Quel est l'impact de ce festival à l'international ? Est-ce que vous œuvrez pour qu'il soit visible ailleurs ?

En ce qui concerne la fréquentation du festival, qui est grand par sa qualité mais petit par ses moyens, sa visibilité à l'international ne cesse d'évoluer, puisque nous recevons des médias étrangers comme France-Culture. Bien entendu, le Festival des Andalousies atlantiques est couvert par tous les médias marocains, presse écrite, radio et télévisions.
C'est dire qu'au niveau médiatique, l'impact de ce festival est grand puisqu'il véhicule des valeurs de convivialité, de partage et de tolérance. Le public, qui est extrêmement éclectique, ne s'y trompe pas. Il revient toujours plus nombreux chaque année. Et c'est justement ce qui fait la force et la valeur de cet événement.

Le programme de cette année réserve une place de choix aux femmes artistes. Pourquoi ce choix ?

Quand nous parlons de transmission, nous réalisons que les femmes sont au premier plan, du fait de leur sensibilité et leur acuité. Elles sont à même de conserver notre patrimoine et d'en assurer la pérennité. C'est notamment le cas de l'art culinaire, qu'elles transmettent par le biais de l'éducation, mais aussi de l'art d'une manière globale. Le Maroc est un terreau fertile et extraordinaire de femmes artistes auxquelles nous devons rendre hommage, d'autant que la jeune génération est bien là pour perpétuer cette tradition, avec, en plus, ce côté novateur et audacieux qui fait que les choses avancent. Les interprétations évoluent, toujours dans le respect des maîtres, qui continuent à «veiller au grain». Et ça, nous en sommes heureux !

Finalement, la notion de mémoire est au cœur du festival ?

Depuis sa création, le Festival des Andalousies atlantiques d'Essaouira a voulu honorer les mémoires et les cultures partagées, musulmanes, juives et chrétiennes, qui ont façonné l'histoire de cette terre bénie du Maghreb. Le patrimoine judéo-marocain est précieux. Il a pris naissance de manière évidente et naturelle et a toujours existé sans se poser de questions. Tout le monde connaît Sami El Maghrebi. Qui n'a pas en tête sa fameuse chanson «Lyoum lakhmiss» ? Chacun de nous peut chantonner une mélodie de Salim Halali... Nous avons un devoir de mémoire. Nous devons sauvegarder ce patrimoine commun à nous tous. La prise de conscience est évidente. Ce que nous avons entendu et continuons d'entendre nous permet de dire que la “relève” est assurée.

Comment voyez-vous l'évolution de ce festival ?

Il faut dire que la crise mondiale que nous traversons n'a pas épargné le festival. Mais nous réussirons, sans nul doute, à le maintenir, grâce à sa visibilité de plus en plus importante à l'international. Nous sommes également heureux que ce festival draine un public aussi éclectique. Sa gratuité est un élément essentiel à nos yeux. Elle permet, en fait, à tous d'y assister et, surtout, de vivre de l'intérieur des moments aussi précieux qu'inoubliables.

Naima Dziria, une diva à Essaouira

Le Festival Des Andalousies atlantiques d'Essaouira a été créé à l'initiative de l'Association «Essaouira Mogador» présidée par André Azoulay, et ce en partenariat avec la Fondation Trois Cultures basée à Séville.
Ce rendez-vous de 2011, très attendu par les mélomanes, sera très largement celui du Maghreb avec pour la première fois au Maroc, Naima Dziria. Diva parmi les divas, elle viendra d'Alger et sera accompagnée par l'orchestre de Fouad Didi (Tlemcen) pour proposer aux mélomanes un programme spécialement créé pour Essaouira. Un programme puisé au plus profond du répertoire «haouzi» et «chaabi», avec des haltes qui s'annoncent exceptionnelles, au fil de ce que musulmans et juifs ont écrit, chanté et interprété ensemble, d'Essaouira à Constantine ou d'Alger à Tunis. C'est dans ce contexte que Naima Dziria retrouvera à Essaouira son ami et compagnon de route, le pianiste Maurice Medioni, pour un moment musical d'exception dans la plus pure tradition du répertoire populaire d'Alger.
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