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Les agriculteurs montent au créneau

Création d'un collectif d'agriculteurs pour défendre les intérêts du secteur et dénoncer l'attitude hostile de certains députés européens.

Les agriculteurs montent au créneau
Le collectif d'agriculteurs réuni lundi à Casablanca.
Une fois n'est pas coutume, les professionnels du secteur agricole s'unissent autour d'une cause commune : dénoncer la campagne de dénigrement dont fait l'objet l'Accord de libre échange (ALE) agricole Maroc–UE au sein du Parlement européen. Certains milieux politiques et groupes de pression font tout leur possible pour bloquer la ratification finale de cet accord. Car contrairement à ce qu'on pourrait le croire, à elle seule, la ratification par les Etats membres de l'Union ne suffit pas à le rendre praticable. Conformément à la nouvelle procédure de co-décision créée par le Traité de Lisbonne, le Parlement de Strasbourg dispose désormais d'un droit de regard et peut éventuellement bloquer le nouveau processus de libéralisation agricole entre le Maroc et l'UE. Dernier détail, la règle veut aussi que l'accord soit accepté ou rejeté en bloc, il n'est pas question de le modifier au niveau de l'instance parlementaire.

Après trois longues années de négociations difficiles, puis une année de complications «bureaucratiques» au niveau de la commission à Bruxelles (l'UE présidée alors par l'Espagne), l'ALE agricole tarde encore à se soumettre au vote des parlementaires. Juste une date «provisoire», vers fin janvier 2012, a été fixée pour la fameuse séance plénière.
Entre-temps, le député français José Bové, l'un des farouches opposants à l'accord, en sa qualité de rapporteur principal, devrait encore une fois intervenir devant les membres de la Commission du commerce international. Aux yeux des agriculteurs marocains, ces groupes de pression veulent coûte que coûte priver le Maroc du profit attendu d'une nouvelle saison agricole en cas d'application du nouvel ALE.
Outre José Bové (parti vert) qui prétend vouloir défendre les petits agriculteurs marocains et européens, les hostilités émanent aussi d'un autre député écolo espagnol (part vert) et du rapporteur italien Lorenzo Fontana (ligue du Nord).

L'extrême droite s'est donc alliée à l'extrême gauche mais leur poids politique, relativise Younes Zrikem, président de l'Asmex, demeure faible. N'empêche, à peine créé le collectif des agriculteurs marocains (regroupant à la fois des exportateurs et des importateurs, petits et grands, 13 fédérations et 3 associations), se dit prêt à aller plus loin pour contredire les arguments avancés par ces trois députés européens.
Quitte à pousser le gouvernement marocain à revoir sa démarche de négociation avec l'Europe sur d'autres dossiers, particulièrement l'accord sur les services ou encore celui de la pêche (reconduit pour une année, l'accord de pêche expirera au mois de février 2012).

Le Collectif pense que les actions menées jusqu'ici à Bruxelles et à Strasbourg, celles des ministres de l'Agriculture et des Affaires étrangères, ainsi que les professionnels, n'ont pas réussi à convaincre ces trois députés du caractère mutuellement profitable de l'ALE agricole. «Les accusations de destabilisation des marchés européens ou de non-respect des règlements en vigueur qui sont adressées régulièrement aux agriculteurs marocains constituent des allégations mensongères et doivent être contredites par des chiffres et des faits objectifs», lit-on dans une déclaration officielle présentée par le Collectif lors d'un point de presse organisé lundi dernier à Casablanca. Et d'ajouter : «Le fait que des députés européens, en charge de ce dossier, rédigent des rapports aussi peu conformes à la réalité et faisant preuve d'une mauvaise foi flagrante nous inquiète profondément et nous amène aujourd'hui à vouloir rétablir certaines vérités».

En effet, au risque de déstabilisation du marché européen en cas de ratification de l'ALE, le Collectif rappelle que le volume total des exportations de fruits et légumes vers l'UE représente moins de 0,05% de l'ensemble des volumes échangés en Europe. Mieux encore, en termes de respect des normes, une inspection de l'UE menée en février 2011 a émis des conclusions satisfaisantes sur les réglementations et les contrôles mis en place par le Maroc.

Lorsqu'on sait que deux anomalies seulement ont été détectées dans les produits marocains contre neuf du côté des produits d'Espagne, on mesure bien à quel point les opposants de l'ALE tiennent à préserver les intérêts des lobbies agricoles d'Espagne, de France et d'Italie. Les consommateurs européens, eux, qu'on le veuille ou non, sont et resteront friands de fruits et légumes made in Maroc.

Les dessous d'une hostilité

Younes Zrikem, l'un des principaux négociateurs marocains de l'ALE agricole au nom des professionnels, tente d'expliquer l'attitude hostile des trois députés européens. Outre l'agenda politique des ennemis de l'intégrité territoriale du Royaume, il pense que certains députés seraient en train de régler leurs comptes avec la Commission européenne (comme quoi, celle-ci ne les a pas associés dans certains accords, notamment celui signé avec les pays du Mercosur). Puis, ajoute-t-il, les opérateurs agricoles européens (France, Espagne, Italie) considèrent le Maroc comme un concurrent qui ne cesse d'accroître ses parts de marché. Enfin, Younes Zrikem dit avoir constaté une méconnaissance technique des enjeux d'un ALE agricole chez certains députés européens.

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