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Quand les parasites ravagent la peau !

La maladie de leishmaniose est déjà connue au niveau du sud du Maroc, surtout dans la province d'Errachidia et Goulmima depuis une quarantaine d'années et en enregistre des centaines de cas par an, avec des pics épidémiques tous les 5 ans.

Quand les parasites ravagent la peau !
La leishmaniose est devenue dans les pays qui en souffrent un problème sanitaire urgent. Dans certaines formes l'évolution spontanée sans traitement est mortelle en quelques mois. En effet, le taux de la proportion de risque de mortalité de cette maladie est élevé faute de moyens diagnostiques et de médicaments. La leishmaniose non traitée a un taux de proportion de risque de mortalité de 100%, alors que sous traitement, ce taux reste quand même de 10%. La leishmaniose est un parasite dont l'agent pathogène est un zooflagellé appartenant au genre leishmania transmis par la piqûre d'un insecte « phlébotome » qui appartient au genre Phlebotomus. Ce petit insecte a l'aspect d'un très petit moustique velu, de couleur jaunâtre, à gros yeux noirs dont les ailes lancéolées, frangées de longs poils. Seule la femelle est hématophage. Les parasites leishmania, dont il existe environ 17 espèces pathogènes chez l'homme, sont des protozoaires flagellés lesquels envahissent des cellules appelées macrophages. Le phlébotome s'infeste lors de son repas en sang en piquant un hôte qui est aussi bien un homme ou un animal. Il absorbe ainsi les cellules parasitées.

La piqûre du phlébotome est douloureuse mais ne laisse pas de trace. La leishmaniose est une maladie à évolution habituellement lente qui peut revêtir plusieurs aspects. Les symptômes de cette maladie sont une fièvre prolongée avec altération de l'état général, perte d'appétit, amaigrissement et perte de poids, abdomen volumineux, maux de tête et vertiges, transpiration abondante et diarrhée. On peut également remarquer que le malade devient pâle avec un teint cireux et blafard pouvant faire évoquer une hémopathie ou même une leucémie. On peut distinguer trois formes de leishmaniose. D'abord la leishmaniose viscérale connue également sous le nom de kala-azar ou de fièvre noire. Et c'est la forme la plus grave de la maladie. Le parasite migre dans les viscères comme le foie, la rate et la moelle osseuse et en l'absence de traitement, aboutit presque toujours à la mort du malade. La vitesse de progression de la maladie est extrêmement variable, s'étendant sur une durée d'une à vingt semaines. Même la guérison du kala-azar n'est pas totalement définitive, elle laisse toujours des séquelles.

Quelque temps après la réussite du traitement, qui peut durer quelques mois ou même plusieurs années, peut apparaître une forme secondaire, connue sous le nom de "leishmaniose cutanée post kala-azar", ou PKDL. Cette forme se manifeste d'abord par un érythème morbilliforme (ressemblant à la rougeole) du visage, qui s'étend graduellement sur tout le corps. Par la suite les lésions peuvent confluer pour former des lésions mutilantes et évoquant la lèpre, et pouvant parfois être responsable de cécité si elles atteignent les yeux. La deuxième forme de la maladie est la leishmaniose cutanée. C'est la forme la plus commune de leishmaniose. Cette forme de la maladie est endémique dans de nombreuses régions du monde. Environ vingt espèces différentes de leishmania sont capables d'infecter les humains.

Une lésion rouge surélevée, se développe à l'emplacement de la piqure (souvent des semaines ou parfois des années plus tard). La lésion alors s'ulcère et peut secondairement être infectée par de bactéries. Enfin il y a la leishmaniose cutanéo-muqueuse. Dans cette forme de leishmaniose, ce sont essentiellement les muqueuses et la peau du visage qui sont atteintes. Après une phase cutanée primitive silencieuse, une ou plusieurs lésions apparaissent à la face ou aux membres à partir du point d'inoculation. Ces lésions s'ulcèrent puis guérissent spontanément en laissant des cicatrices indélébiles. Dans de nombreux cas cependant, les lésions sont envahissantes, perforent les cloisons et entraînent des mutilations parfois importantes et très invalidantes. La guérison n'est pas spontanée et les risques de surinfection sont importants.

Leishmania canine

Tout comme pour les humains, la leishmaniose canine peut avoir de graves conséquences sur la santé du chien. Quand un insecte infecté pique un chien, une petite lésion appelée «chancre» apparaît, généralement sur son oreille ou sur son museau. Le parasite envahit ensuite les cellules du chien et altère son système immunitaire. La leishmaniose est une maladie qui évolue lentement et qui peut parfois être très grave chez le chien. Fort heureusement, tous les chiens piqués par le phlébotome ne développent pas la maladie et certains chiens hébergent le parasite sans être malades. Ce parasite envahit les cellules de différents organes et peut donc entraîner des dommages multiples au foie, à la rate ou aux reins, ainsi que des lésions sur la peau. Les symptômes dépendent de la localisation du parasite dans l'organisme du chien, ce qui rend le diagnostic difficile.
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Explication : HAMDI BENALI HOURIA • Médecin dermatologue

«Il n'y a pas de vaccin contre la leishmaniose»

Qu'est-ce que la leishmaniose ?

La leishmaniose est une maladie parasitaire à tropisme cutané liée à l'inoculation par piqûre d'un insecte appelé le phlébotome. Au Maroc, la leishmaniose est plutôt fréquente au sud du pays.

Quels sont les symptômes de cette maladie et quel diagnostic peut-on suivre ?

Tout d'abord, un diagnostic de leishmaniose est à envisager de façon systématique devant des lésions cutanées chroniques plus de trois semaines en zone endémique ou chez les voyageurs en provenance des régions du sud comme Zagora, Ouarzazate, Goulmima… Pour ce qui est de la piqûre de l'insecte, sa forme classique est appelée le bouton d'Orient. C'est une lésion cutanée rouge, indurée, croûteuse et indolore. Cette lésion siège en général sur le visage et les membres découverts accessibles aux piqûres d'insectes. L'évolution est parfois chronique surtout en l'absence de traitement. Dans ce cas, la lésion s'affaisse pour laisser une cicatrice inesthétique. Il existe aussi d'autres formes cliniques possible de la maladie, notamment, la forme sporotrichoide, la forme cutanée diffuse, les lésions cutanées post kala-azar (ce sont des lésions cutanées à la suite d'une leishmaniose viscérale) et des lésions cutanées chez les immunodéprimés (VIH). En cas de doute lors d'un séjour dans une région endémique, il faut procéder à un examen para clinique : frottis sur la lésion. Si le résultat donne une biopsie cutanée avec des colorations spéciales (MAY GRUNWALD-GIEMSA), cela met en évidence des corps de leishmanies.

Comment peut-on traiter cette maladie ?

Pour traiter la leishmaniose on utilise les dérives de l'antimoine : GLUCANTIME par voie injectable pendant 20 jours ou par voie intra-lesionnelle pendant 3-6 semaines.

Quels sont les moyens de prévention possibles ?

Il est nécessaire de prévoir des moyens de prévention en cas de séjour dans une zone endémique, à noter des topiques anti-moustiques et une moustiquaire.

Existe-t-il un vaccin contre la maladie?

Jusqu'à présent, aucun vaccin n'est disponible.
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