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Les jeux d'enfants entre hier et aujourd'hui

La marelle, les osselets, les billes, l'élastique, le saut à la corde,…sont remplacés par les consoles de jeux. Seuls le foot de rue et «cache-cache» ont survécu.

Les jeux d'enfants entre hier et aujourd'hui
Outre les problèmes physiques, ce qui inquiète davantage, et les parents et les médecins, ce sont les effets psychologiques.
Bien loin le temps où tous les enfants du voisinage sortaient pour jouer dans le quartier pendant les weekends et les vacances. Ces périodes étaient marquées par l'engouement des petits de 5 à 14 ans des deux sexes, qui s'adonnaient à divers jeux, aujourd'hui jetés aux oubliettes. «Je ne vois plus les filles jouer aux osselets et l'élastique comme à notre époque, quand je les aperçois dans le quartier, elles sont plus en train de trainer que de jouer», signale Houda, 32 ans. «Heureusement qu'à l'école, ils les incitent encore à pratiquer quelques jeux collectifs, comme la fameuse marelle. Sinon, j'aurais été vraiment déçue», ajoute-t-elle. «On joue à la marelle à l'école, mais je n'aime pas beaucoup, je préfère jouer avec mes copines à «Tape-Tape les mains» ou «la Police et les voleurs», c'est plus amusant», affirme Nisrine sa fille, 5 ans. «Quand je ne vais pas à l'école, je reste à la maison pour regarder les DVD», ajoute-t-elle. Nisrine n'est pas un cas unique, le problème avec beaucoup d'enfants, c'est qu'ils préfèrent rester chez eux regarder la télévision, jouer à la PlayStation, ou passer leur temps devant l'ordinateur.

Ce qui n'est pas du tout bénéfique pour eux, «l'addiction aux jeux sur écran provoque des conséquences nocives sur la santé physique des enfants. Beaucoup d'entre eux, souffrent de troubles alimentaires, qui varient entre anorexie ou obésité selon les cas», explique Khalid Amar, pédiatre. Et d'ajouter «l'obésité en particulier peut causer, à long terme, des problèmes cardio-vasculaires, du diabète et même de l'hypertension». L'obésité pointée du doigt par le médecin est la principale conséquence remarquée chez les enfants accros aux jeux vidéo, vu que ceux-ci, ont tendance à habituer les enfants à la sédentarité. «Dans certains pays, l'addiction aux jeux est considérée dangereuse, autant que les drogues et l'alcool. Elle est prise en charge dans les mêmes centres», assure Amar. Outre les problèmes physiques, ce qui inquiète davantage, et les parents et les médecins, ce sont les effets psychologiques. En effet, la dépendance totale à ce genre d'activité sédentaire, provoque tout un ensemble de complications psychiques. «Je regrette le jour où j'ai acheté à mon fils, une PlayStation. Je ne le reconnais plus, c'était un enfant plein d'énergie et de vivacité, très bon élève et surtout calme.

Mais depuis qu'il est «fan» des jeux vidéos, il a complètement changé», raconte tristement Karim 45 ans.
«Marouane est devenu un «petit monstre» de 10 ans, turbulent à la maison, violent avec ses petits copains de l'école, ses notes ont baissé considérablement et il ne quitte plus sa chambre, les yeux rivés sur l'écran de la Play», ajoute-t-il.
«L'utilisation sans contrôle parental des jeux vidéo, a pour résultat, d'apprendre aux enfants la violence et l'agressivité, elle apprend aussi l'égoïsme», atteste Fatima El Kettani, psychologue, spécialiste des problèmes familiaux. «Les enfants des anciennes générations ne souffraient pas des maux d'aujourd'hui, les jeux qu'ils exerçaient leur apprenaient le partage et la compréhension.

Ils sont devenus des adultes, pour la plupart, en bonne santé physique et psychique», ajoute-t-elle. Et elle n'est pas la seule à le penser, Bouchaïb Karroumi, pédopsychiatre, va encore plus loin, «les enfants marocains, comme les autres du monde entier, s'adonnent de plus en plus aux jeux sur écran, c'est une tendance qui prend de l'ampleur partout. Les conséquences ce qui rend des enfants irritables, au comportement agressif, et réactions colériques.
Ce type de jeux porte préjudice à la santé des enfants qui les exercent avec dépendance», certifie-t-il.
Mais pour les spécialistes, ceci n'est pas la faute aux enfants, mais celle des parents, «le rôle des parents est essentiel dans ce genre de cas, ils doivent contrôler la qualité et la durée des jeux et des émissions de télévision que leurs enfants regardent.

Les parents ne doivent pas négliger que leur progéniture n'est pas assez mature pour décider elle-même. Ils doivent s'impliquer davantage dans les activités de leurs enfants», assure Karroumi. «Les parents n'accordent plus assez de temps à leurs enfants, ils préfèrent les laisser devant les écrans de télévision ou d'ordinateur tout le temps, pourvu qu'ils ne les dérangent pas», indique El Kettani.
Effectivement, les enfants sont les victimes des changements que connait la société. Entre mondialisation et facilité d'information, et les parents qui sont devenus de moins en moins présents.
Les enfants se retrouvent la majorité du temps seuls ou en compagnie des domestiques, donc, ils se rabattent sur les jeux et la télévision, «les enfants sont en manque de leurs parents, ces derniers n'ont plus assez de temps à leur accorder.

Les femmes sont submergées par le travail, les familles sont moins présentes dans l'éducation des enfants, les voisins, on ne les connait presque plus, il est normal que l'enfant passe son temps devant le jeu ou l'écran de l'ordinateur», estime El Kettani.
Pour Kerroumi, tout n'est pas blanc ou noir, «il ne faut pas nier, qu'il existe des jeux éducatifs, qui stimulent l'imagination et la créativité des enfants. Comme il existe des émissions de télévision qui aident à leur bonne éducation. Le secret est de savoir choisir, chose que les enfants ne peuvent pas faire, d'où l'importance d'un contrôle parental continu», dit-il. Et d'ajouter «la durée d'exposition de l'enfant face à l'écran, est un point non négligeable, concernant les répercussions psychologiques. Plus l'enfant est addict aux jeux, plus les effets peuvent être catastrophiques puisque cette addiction peut se répercuter sur son équilibre physique, psychique et scolaire».
Les spécialistes s'accordent sur le fait de privilégier les jeux collectifs pour parer aux conséquences nuisibles des jeux vidéo.

«Il faut que les parents sensibilisent leurs enfants aux incidences des jeux, mais surtout, il faut qu'ils les encouragent à favoriser les activités ludiques, sportives, artistiques,… bref les activités «plein air» et collectives.
Ce type d'occupation a pour avantages de développer, non seulement, les capacités psychomotrices de l'enfant, mais aussi ses aptitudes de socialisation et de relationnel», déclare Karroumi.
«Il convient de revenir un peu aux sources, les parents doivent inciter leur progéniture à se sociabiliser et partager, pour cela les jeux constituent le meilleur apprentissage. Il suffit d'en choisir les bons», signale El Kettani.

Adieu les jeux de famille

Monopoly, scrabble, jeux de carte,… ne sont plus à la mode, aujourd'hui, chacun son passe-temps: les pères aux cafés, les mères au shopping et les enfants, entre consoles de jeux, ordinateurs et copains. Et même lorsque les parents souhaitent passer du temps avec leurs adolescents, ces derniers ont toujours une excuse pour se dérober.
«Lorsque j'étais adolescent, toute la famille se réunissait le week-end autour d'un jeu de société, soit monopoly, soit scrabble. Je me souviens très bien des grandes discussions et des rires», confie joyeusement Abderrahman, 52 ans. «Malheureusement, je n'ai pas réussi à reprendre la même habitude avec mes enfants, ils trouvent ce genre de jeux «dépassés». Ils me répètent que ce sont des activités pour vieux et étant jeunes, ils préfèrent s'amuser entre eux», ajoute-t-il.
«Ma fille de 14 ans trouve le scrabble très compliqué, elle est habituée aux jeux d'ordinateur, qui ne demandent pas beaucoup d'efforts et de concentration. Du coup on se retrouve, l'une dans le salon, l'autre dans sa chambre. On ne fait rien ensemble et ça m'attriste beaucoup», déclare Najat, 40 ans.

Des dessins animés pas très appropriés
Le temps de l'innocence a disparu, outre les nouveaux jeux préférés des enfants, les dessins animés qu'ils suivent à la télévision ou sur les DVD qu'ils achètent, ne leur sont pas tous bénéfiques, entre irréalité, agressivité et malice, les enfants sont perdus. «Mes fils de sept et dix ans adorent «Tom et Jerry», et je dois avouer que je préfère qu'ils regardent ça plutôt que certains «Mangas», comme les fameux «Pokémon» et «Digimon»», confie Houria 40 ans. En effet, l'inconvénient de ce type de dessins animés, est de faire vivre les enfants dans le virtuel. Beaucoup d'études occidentales, ont prouvé que l'addiction des enfants à certains dessins animés, leur fait perdre le sens de la réalité.
«Mon beau-frère avait offert à mon fils un casque-virtuel, qu'il avait acheté spécialement pour lui à l'occasion de sa réussite, il y'a deux ans. Malheureusement, on a découvert que c'était un cadeau empoisonné. Mon fils ne faisait plus la différence entre les personnages qu'il passait son temps à regarder et son vrai entourage», annonce tristement Mohamed 50 ans. Les dessins animés sont devenus aussi très agressifs et relatent une réalité sombre du monde, «tous les dessins animés que mes frères regardent traitent de la guerre, du terrorisme et de la violence. On a l'impression de regarder les informations du soir, pas des dessins animés pour enfants», assure Sanaa, 25 ans. Et d'ajouter «sans parler de ceux qui vulgarisent la perversité, comme les «Winx» et «Totally Spice», que les préadolescents suivent avec ferveur», ajoute-t-elle. Effectivement, ces dessins animés ne conviennent pas aux enfants et encore moins à ceux de notre société. Vu que les histoires traitent des sujets pas du tout appropriés pour leur âge.

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