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L'augmentation du smig dans le textile

Pour les textiliens, l'application immédiate de cette mesure est jugée pénalisante pour la compétitivité des exportations marocaines.

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À partir du 1er juillet 2011, tous les secteurs d'activité au Maroc, hormis le textile-habillement, devront accorder une augmentation de 10% aux smigards (+5% à partir du 1er juillet 2012). La souplesse semblerait requise pour ce secteur jugé fragile et particulier. «Sur le principe, on est d'accord. Seulement, on ne peut pas absorber cette hausse dans la conjoncture actuelle. D'autant que l'ancienne augmentation de 10% du Smig, à partir de 2008, était déjà établie sur 4 ans. On est en 2011, à la dernière année, pourtant, on n'a augmenté les salaires minimums que de 7,5%. On est déjà en retard par rapport à cette première augmentation du Smig», précise Saïd Belkhayat, président de l'Amith section Fès. C'est dire que la profession s'attend encore une fois à une application progressive de cette mesure. En d'autres mots, les professionnels exigeraient de répartir la hausse sur quelques années, plutôt que de demander une subvention à l'État.

M. Belkhayat ajoute qu'«une augmentation de 15% du Smig équivaut à une hausse de 10% du prix de vente. Ce qui est énorme. D'autant que les contrats avec les donneurs d'ordre industriels et distributeurs occidentaux sont déjà signés, étant donné que notre activité est très largement tournée vers la sous-traitance».
En effet, une révision à la hausse des salaires est toujours considérée comme une augmentation du coût de production qui dépend, d'ailleurs, de nombreux facteurs, dont les charges d'exploitation et la productivité, qui donnent une meilleure image des écarts de compétitivité. Le coût/minute, notion très utilisée dans le secteur, indique la valeur du coût total pour l'entreprise par minute de production. Le coût/minute moyen est à peu près de 8 centimes d'euro au Maroc, contre près de 7,5 centimes d'euro en Tunisie, 5,5 centimes en Jordanie et 4,5 centimes en Égypte. Les autres coûts de facteurs (eau, électricité, gaz, fuel, transports…) sont les plus chers au Maroc et les moins chers en Égypte. En Jordanie, ils sont en moyenne deux fois plus chers qu'en Égypte.
À rappeler dans ce sillage que le Smig au Maroc s'établit à 10,39 DH, soit près de 0,93 euro de l'heure. Un niveau qui, d'après les professionnels du secteur, est pénalisant pour la compétitivité des exportations textile-habillement marocaines, du moment qu'il demeure supérieur à ceux des pays concurrents comme la Roumanie ou encore la Tunisie.

Il est à signaler que le salaire minimum dans le secteur textile-habillement au Maroc est 24 % supérieur à celui du secteur textile-habillement en Tunisie, dont le salaire minimum se situe à 0,75 euro (convention collective textile-habillement) contre 0,86 euro pour l'Algérie.
La Jordanie, dont le salaire légal par heure est de 0,77 euro par heure, fixe le salaire minimum dans le textile-habillement à 0,61 euro contre 0,24 euro de l'heure pour l'Égypte. Il n'en demeure pas moins que la Turquie est très compétitive, même avec un salaire horaire de presque deux euros.
L'environnement favorable, créé notamment par l'Union douanière avec l' UE, qui permet aux exportateurs turcs de bénéficier de la règle de la simple transformation, ainsi que le marché intérieur turc en sont pour beaucoup.

Benchmarking Tunisie-Maroc

La Tunisie et le Maroc sont deux fournisseurs importants de l'Union européenne en habillement. Ils ont des stratégies voisines, fondées sur la co-traitance, le produit fini et le circuit court et sont très largement tournés vers les marchés européens.
Suite à une comparaison, établie par le Cedith (Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement), de leurs performances à l'exportation vers l'Union européenne, il ressort notamment que :
- Les deux pays sont des fournisseurs importants de l'Union européenne. En 2010, la Tunisie en était le 6e fournisseur textile-habillement pour 2,6 milliards d'euros et le Maroc le 7e fournisseur pour 2,24 milliards d'euros.
- La Tunisie excelle en balnéaire, en lingerie féminine, en vêtements professionnels et en sportswear ; le Maroc est très performant en prêt-à-porter féminin (manteaux, vestes et ensembles pour femmes, robes, jupes, chemisiers…) et en sportswear/casualwear.
- Les prix moyens de la Tunisie sont, pour la plupart des produits, sensiblement supérieurs à ceux du Maroc, ce qui suggère que la stratégie tunisienne de valeur ajoutée, de mutation vers la co-traitance, le produit fini et le collectionning est plus avancée que celle du concurrent marocain.
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