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Je revendique la «Mafia» des honnêtes gens

Zakaria Fahim
Militant associatif et membre de Transparency Maroc.

Je revendique la «Mafia» des honnêtes gens
Le premier réflexe, c'est de se dire qu'il y a là une contradiction ou un ''bug''. En effet, comment peut-on associer la mafia à l'honnêteté. C'est une gageure, on n'a qu'à repréciser la définition de la mafia pour s'en convaincre. La mafia est une organisation criminelle dont les activités sont soumises à une direction collégiale occulte et qui repose sur une stratégie d'infiltration de la société civile et des institutions. On parle également de système mafieux. Tout le monde a vu un jour un film de série ''B'' sur la mafia des années 30 de Chicago, la ville qui bien plus tard connut la montée politique fulgurante d'un certain Obama. La même ville renvoie sur deux visages, la loi de la jungle et aussi la face ''Eliot Ness''. Là, une minorité engagée peut inverser le cours des choses et faire de la contagion positive une réalité qui court vite et apporte des solutions de fonds aux personnes concernées pour faire de Chicago un havre de paix et de prospérité.

Nous devons comprendre comment ces gens fonctionnent et coordonnent leurs actions autour des trois circuits intimement liés, à savoir l'économie illégale, légale et légale-mafieuse pour les ''désactiver''. Les politiques de lutte contre cette organisation puissante se heurtent à l'adaptabilité de ces structures souples et décentralisées, capables de délocaliser leurs activités et de diversifier leurs flux financiers sans limites à grande échelle. Une institution internationale estime l'évasion annuelle des devises de l'ordre de 1,6 milliard de dollars américains.

Entreprendre des enquêtes transnationales et remonter les multiples filières deviennent alors un casse-tête pour les juges, d'autant plus que certains pays comme les paradis fiscaux ne font pas encore suffisamment d'efforts pour leur faciliter la tâche, et ce malgré ''le collapse financier'' de 2010. Il faut réquisitionner ces sommes indues logées dans des comptes bancaires dans les pays occidentaux. Il est aussi important pour le Maroc de généraliser les demandes de confirmation d'informations, à ces fournisseurs publics ou privés pour les marchés internationaux signés par le Royaume, de l'absence de commissions et/ou sommes assimilées versées à des tiers dans le cadre du marché. Nous devons agir maintenant en comprenant que nous devons accélérer le mouvement permettant de mettre en réseau les honnêtes gens et nous appliquer cette devise «Ne nous demandons pas ce que le pays peut faire pour nous, mais plutôt qu'est ce que nous pouvons faire pour lui. Un exemple simple, dans les pays dits développés, le temps moyen donné par chacun à l'associatif est situé entre 5 et 10%. Chez nous, c'est une affaire d'une infime minorité et qui donne tout son sens à cette assertion: «Une seule main n'applaudit pas, elle gifle…». Il est important de comprendre que si nous voulons arrimer tout le monde au Maroc de demain qui gagne, nous aurons besoin de l'effort de chacun. Est-il normal que la définition d'''honnêtes gens'' soit représentée par des personnes qui rasent les murs, ont des revenus à 3 zéros au maximum et qu'en plus, on leur demande ''de se couper la main gauche''.

Oups, c'est vrai, tout le monde n'est pas gaucher comme moi, alors, pour tous les autres, vous avez bien compris, c'est bien sûr l'autre main qu'il faut… Des actions toutes simples, nous devons encourager notre communauté frileuse de s'engager dans la vie de la cité et que nous ayons en plus des personnes qui prennent des responsabilités dans la vie associative, plus de jeunes qui vont ''prendre la citadelle politique'' pour faire entendre nos voix et surtout apporter notre contribution aux réformes nécessaires pour un Maroc qui gagne.
Réduisons les temps dans les cafés et transférons les dans des troisièmes mi-temps à valeur ajoutée pour accompagner les associations de nos quartiers, des écoles de nos enfants ou les nôtres (de notre temps) pour ceux qui ont mis leurs enfants dans le privé.
Pour que cette école publique soit celle de toutes les classes sociales, comme c'était encore le cas de ma génération, où l'enfant du notable fréquentait le bourgeois, l'artisan et l'ouvrier et tous les autres sans préjugés et avec délectation insouciante et constructive. L'ascenseur social fonctionnait avec une école qui permettait de croiser les regards.

Nous pouvons pour cela initier des projets-pilotes disséminés sur tout le Royaume, du type semi-privé, au début à partir du collège, basé sur la méritocratie calqué sur les meilleurs des systèmes dits missions que nous connaissons tous. La contribution financière serait fonction des revenus des parents pour permettre de mettre dans le même bassin tous nos enfants. L'objectif, c'est d'attirer les talents, élèves et enseignants, et favoriser la contagion positive sur le système actuel. Nous pouvons atteindre un double objectif : optimiser nos ressources et avoir des réussites rapides et visibles. En parallèle, nous pouvons mettre du cœur, du temps et du dialogue dans ''l'école première du jeune citoyen''.

Une idée simple: pourquoi ne pas faire entrer les agents de la circulation dans l'école entre 9h et 11h pour aborder le code de la route et les relations avec la police de façon générale. Et en plus, nous ne devons pas omettre un levier important à savoir l'Internet pour immortaliser ces échanges et communiquer avec nos jeunes. D'autres exemples concrets: initier les RDV du dernier vendredi de chaque mois des membres du syndic pour prendre un verre et aborder les actions concrètes à réaliser dans leur immeuble et aussi dans leur rue et leur quartier. Là aussi, il faut rendre l'acte de se voir facile, du type se voir sur les toits (on a la chance d'avoir souvent du beau temps) et chacun ramène un jus, un thermos, des gâteaux pour mettre de la convivialité sans lourdeur « administrative ». Combien de personnes que nous apprécions beaucoup sont croisés uniquement lors d'un décès. La perte de cette spontanéité accélère ce renfermement sur soi et sur des gens qui nous ressemblent que trop et qui malgré nous nous rendent myopes. Nous devons nous engager à prendre immédiatement une couverture sociale à notre personnel de maison et à celui du syndic. Un geste pour plus de solidarité et de dignité.

Nous avons des attentes légitimes, à nous de les prendre, en rentrant sur le terrain du jeu pour participer de l'intérieur à l'application stricte de règles du jeu transparentes, innovantes et mettant en exergue cette devise « Un pour tous et tous pour un ». Nous devons prendre des initiatives rapides vis-à-vis de nos jeunes, en allant vers des modèles de rupture du type « Bidaya », encourager l'auto-emploi avec un axe à 360° offrant la couverture sociale à l'entrée des jeunes entrepreneurs et aussi un ensemble de services.
L'objectif: c'est offrir des opportunités à tous avec de la dignité et une reconnaissance sociale capables de donner l'envie de se dépasser, de rêver grand et en couleurs et surtout en 3D.
Chacun peut faire son marché pour être acteur du changement; le plus important, c'est de donner corps à cette « mafia » des honnêtes gens.

Prenez l'exemple du jardiner, s'il a dans une roseraie 3 roses trop hautes, le premier réflexe, c'est de couper celles qui dépassent un certain niveau et non pas d'emmener les autres à pousser plus. Moralité, ''si nous levons tous la tête pour faire avancer le ''Schmilblick'', il n'y aura plus rien à couper''.
Nos honnêtes gens doivent entendre et écouter ce qui se passe autour d'eux, une envie de partage et construction d'un Maroc par le bas avec une vision à long terme.
A nous d'être les infiltrés du système pour un Maroc pour tous par l'effort mutualisé et continu. Alors, mesdames, messieurs les nantis, soyez égoïstes : partagez.
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