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Quand manger sain devient obsessionnel !

Trop calculer ses calories, valoriser certains produits alimentaires par rapport à d'autres, surveiller son hygiène alimentaire d'une façon exagérée… bref surveiller son alimentation plus qu'il n'en faut peut devenir problématique.

Quand manger sain devient obsessionnel !
Manger sainement ne peut être que bénéfique mais à condition que cela se fasse de manière raisonnable et sans exagération tout en s'autorisant, parfois, des écarts. «J'ai 21ans, je mesure 1m80 et je pèse 57kg. Je ne me trouve pas maigre mais beaucoup de personnes me le disent, surtout mes parents qui s'inquiètent. Mon problème est que je contrôle tout ce que je mange. Je ne mange jamais bêtement. C'est comme s'il y avait une calculatrice dans ma tête qui compte tout ce que je mange. Dès que je finis un repas, je pense à tout ce que j'ai mangé», confie Hasna. Et d'ajouter «J'essaye de me faire plaisir mais aussi d'éviter tout ce qui peut être calorique (pâtes, pommes de terre, frites, riz, pizzas, hamburgers...). Je consomme énormément de légumes. De cette façon, je culpabilise moins par la suite. Je m'offre des féculents une fois par semaine. Le soir, je ne mange que de la salade et je déteste me faire inviter par des amis car je ne vais pas pouvoir contrôler ce que je vais manger ou alors j'emmène ma salade et mes aliments. En surveillant mon comportement, ma mère me dispute souvent et dit qu'il s'agit d'une maladie: l'orthorexie».

En effet, l'orthorexie est un trouble du comportement alimentaire (tout comme l'anorexie mentale et la boulimie) qui est décrit par une obsession pathologique de manger sainement et aboutit à de nombreuses restrictions alimentaires. Les conseils des médecins en matière de nutrition et les messages de santé qui nous exhortent à ne pas manger trop sucré, trop salé, de prendre cinq fruits et légumes par jour, sous peine de mettre notre santé en danger, sont pris au pied de la lettre par certaines personne, qui, du coup, s'acharnant à les respecter, se trouvent à penser continuellement à leur alimentation, ce qui constitue un trouble du comportement alimentaire. La«pureté diététique» est problématique. D'autant plus que ceux qui la respectent se sentent supérieurs aux autres (sur le plan de l'alimentation), et peuvent parfois s'ériger en donneurs de leçon. Les personnes souffrant d'orthorexie sont bien souvent très minutieuses, attentionnées et organisées. Elles veulent, avant tout, rester en bonne santé, guérir d'une maladie ou rester mince(synonyme de bonne santé pour elles) et vont alors développer leurs propres règles alimentaires auxquelles elles vont s'astreindre. Graisses, sucre, sel, produits chimiques… les orthorexiques fuient tout ce qu'ils jugent poison pour leur corps. Ils sont majoritairement consommateurs de produits bio et dans certains cas deviennent végétariens. En cas d'entorse à ce régime, les orthorexiques sont pris d'un fort sentiment de culpabilité et vont tout faire pour purifier leur organisme: diète, détox, privation…

Comme l'orthorexique refuse toute nourriture qu'il jugerait impure et passe le plus clair de son temps dans l'élaboration de ses repas, il va petit à petit se couper de toute vie sociale. Difficile de dîner chez des amis ou d'aller au restaurant quand on ne sait pas d'où vient la nourriture ou comment elle a été préparée comme pour le cas de Hasna. C'est précisément cet isolement qui est la conséquence la plus importante de cette obsession. Quant aux risques pour la santé, l'orthorexique veut, avant tout, être en bonne santé. Il va donc manger en conséquence et il ne risque pas vraiment de développer de manque. Sauf dans certains cas extrêmes où l'orthorexie devient trop restrictive et mène à une perte de poids et à des carences nutritionnelles.

Selon les spécialistes, le principal problème concerne l'éducation alimentaire donnée par des parents orthorexiques. Ils vont alors transmettre leur phobie de «l'alimentation-poison» à leurs enfants qui, à l'adolescence, risquent de devenir anorexiques ou boulimiques. Le risque de développer des troubles obsessionnels est grand, car pour eux, manger devient culpabilisant.

Troubles alimentaires, les différences

Boulimiques, anorexiques et orthorexiques ont tous un rapport déviant à la nourriture. Mais quand les anorexiques vont se sous-alimenter pour perdre du poids et les boulimiques s'alimenter de façon excessive sans sensation de faim ou de plaisir, les orthorexiques mettent l'accent sur la qualité plus que sur la quantité. Pour l'orthorexique, l'objectif est d'être en bonne santé. Il a peur des effets de l'environnement sur son organisme et va chercher à les réduire par une alimentation saine, de qualité.
Autre grande différence entre ces trois troubles, c'est qu'il n'existe pas, comme pour l'anorexie et la boulimie, de dimension physiologique dans l'orthorexie. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles l'orthorexie n'est pas considérée comme une grave maladie.
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EXPLICATIONS : Pr Lobna Lemseffer,
psychologue

«L'orthorexie traduit un fonctionnement addictif»

Comment bien manger peut-il devenir source de problèmes ?
Le fait de vouloir manger sainement et équilibré ne nuit pas à la santé sauf quand cela devient une obsession à tous les moments de la journée qui dirige et handicape le quotidien.

Quand est-ce qu'on tombe dans l'excès ?
Cela devient un excès lorsque l'alimentation est une préoccupation continuelle. La personne est obnubilée par la gestion de ses repas, en éliminant toutes matières grasses, produits chimiques ou toute autre matière pouvant nuire à sa santé. On parle alors d'orthorexie, qui représente un trouble du comportement alimentaire, au même titre que l'anorexie ou la boulimie.

Comment savoir si on est orthorexique ?
Le docteur Bartman a été l'un des premiers à parler de cette maladie. Il a élaboré un test sous forme de petites questions pour aider à identifier les éventuels signes de l'orthorexie. Les éléments à analyser sont, entre autres, la durée de la planification du régime alimentaire, la détérioration de la qualité de vie, l'isolement ou encore la culpabilité.

A quel point ce trouble alimentaire peut être
grave ?

L'orthorexie traduit un fonctionnement addictif, et comme toutes les addictions, ce trouble peut conduire à l'isolement social, à une perte de la liberté d'action et à une soumission aux règles alimentaires.

Quels conseils pouvez-vous donner aux personnes orthorexiques ?
Les conseils à donner aux personnes souffrant d'orthorexie sont avant tout la prévention, en développant des habitudes nutritionnelles plus équilibrées et en évitant les positions extrêmes. Et pour arrêter le développement de cette maladie, il faut intervenir le plus tôt possible. Les thérapies cognitivo-comportementales sont généralement très efficaces pour prendre en charge ces symptômes, en s'attaquant aux difficultés des personnes dans «l'ici et maintenant».

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