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Les «Ombres» de Faten Safieddine

Attraper une ombre, son ombre, l'ombre de l'autre… c'est le grand défi que Faten Saffieddine a réussi à relever en immortalisant par la photo des moments de ses promenades et de ses sorties. À chaque carrefour, à chaque rue, l'objectif de Faten Safieddine a su attraper des ombres et les transformer en œuvres d'art. Et c'est l'exposition «Ombres», que l'artiste offre aux visiteurs du Café Signes de Paris.

Les «Ombres» de Faten Safieddine
Dans cette nouvelle exhibition, Faten offre au public des clichés entre le réel et l'imaginaire. L'artiste égare le spectateur dans une prolifération de miroitements qui induisent des illusions d'optique. Avec son appareil, elle chasse les ombres sur les murs, sur les vitrines, sur les fontaines, par terre. Les silhouettes mobiles et déformées que les phares des voitures font apparaître sur les murs enfièvrent son imagination et leurs postures irréelles lui faisant face intriguent sa créativité. «J'aime sortir de l'ordinaire dans mon travail, j'aime aller à la recherche de nouvelles formes d'expression, de nouveaux supports de création», explique-t-elle.

Ainsi, les formes complexes qu'elle présente suscitent une interrogation permanente. Ce qu'elle montre sort de l'ordinaire et éveille l'esprit critique ou intelligent du spectateur. Les photographies signées par Faten Safieddine interpellent au premier abord. Plusieurs interprétations s'offrent aux sens. Les plans se superposent, le doute règne. Que décider ? Que suivre ? L'image qui nous est reflétée la première fois ou les petits détails dissimulés entre la lumière et l'ombre ? L'art de Faten Safieddine est un art de nomade qui sait la vanité des choses, leur caractère fragile et changeant, leur impermanence. Ici, la lumière n'est convoquée que pour mieux masquer le monde, comme si cet univers, ne semble exister qu'à travers les ombres. Celles-ci se multiplient et se diffractent pour laisser apparaître l'envers des choses. Les décors perdent leur consistance pour que l'ombre s'impose, comme un élément central de la création, donnant ainsi une illusion à l'existence même.C'est le message que veut transmettre l'artiste aux talents multiples.

Que ce soit en photographie, en peinture ou au cinéma, son œuvre est porteuse de messages. Guidé par un souffle poétique et une quête identitaire, le travail de Faten Safieddine présente avec fébrilité les jeux d'ombre et de lumière. Les reflets s'y multiplient et les émotions aussi.
Née en Guinée, libanaise d'origine, marocaine d'adoption, cette femme cosmopolite vit actuellement à Marrakech. Cette ville mythique et charmante, Faten Safieddine en a fait sa muse. Artiste peintre, photographe, documentariste, elle touche à tout et s'essaie sans cesse à de nouveaux genres. «Pour moi, la création n'a pas de limites et ne doit pas concerner un seule support», déclare Faten Safieddine. Parmi ses expositions récentes, deux photographiques au festival du Monde arabe de Montréal.

La photographie en mal d'existence

«La photographie au Maroc n'est pas encore considérée comme un art à part entière, mais je crois que ça viendra si on cesse de regarder le travail des artistes photographes au premier degré», déclare Noureddine Tilsaghani, photographe.
En effet, cet art est considéré comme le parent pauvre des arts visuels au Maroc. Il semble évoluer tout lentement. Il se limite encore aux images stéréotypées. On n'a pas encore réussi à dépasser ce stade pour faire une image plus créative.
Dans la plupart des expositions, on se contente de voir des clichés du Maroc folklorique, de ses belles médinas, ses paysages, ses hommes et ses femmes… Ils sont très rares les artistes qui arrivent à sortir de ces clichés pour faire un véritable travail personnel. Il serait donc temps de faire bouger les choses.
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