L'année scolaire 2010-2011 s'est bel et bien achevée. Si certains sont contents d'être enfin «libérés» pour quelques mois de vacances, pour d'autres, c'est le cauchemar.
«Oh mon Dieu ! C'est une catastrophe !» C'est en général la première réplique qui nous vient à l'esprit lorsqu'on nous annonce le redoublement de notre bambin. Une vraie claque que l'on prend en pleine figure. «Où a-t-on échoué ?», «Pourquoi a-t-il fallu que ce soit mon enfant ?»
En effet, quand le verdict tombe en fin d'année et que les parents se rendent compte que leur enfant devra refaire l'année, ils rentrent dans une colère noire et pensent déjà à la punition qu'ils vont lui infliger. «On m'a annoncé il y a deux semaines que ma fille allait redoubler cette année.
Cela a été un véritable choc pour moi. C'est la première fois que cela lui arrive. Après lui avoir fait la morale pour qu'elle comprenne les conséquences de son échec, je compte bien la priver d'argent de poche, voire de sorties. C'est décidé, pendant les vacances, elle rattrape son retard», confie Loubna amèrement.
Mais il est important de savoir qu'en agissant de la sorte, les parents ne font que compromettre davantage la situation et que l'enfant, obstiné comme il est, ne prêtera aucune attention à vos critiques et persistera dans ses errements.
Au lieu d'entrer en guerre ouverte avec lui, il faut plutôt essayer de lui montrer un côté compréhensif et sympathique. Il est donc important en premier lieu que les parents eux-mêmes dédramatisent la situation, pour pouvoir en parler avec l'enfant dans les termes les plus
positifs. S'il n'a pas pu réussir son année scolaire, il doit réussir son redoublement.
Bien que ce soit difficile à croire du point de vue des parents, en des moments pareils, l'enfant souffre en silence. Il se sent inférieur par rapport à ses camarades de classe et a le plus grand besoin du soutien moral de ses parents pour aller au bout de la crise. Démotivation, perte de confiance, mauvaise estime de soi, ce sont les principaux symptômes développés par la majorité des jeunes redoublants.
Ces derniers sont fragilisés et développent des sentiments d'échec, d'infériorité, d'impuissance et surtout d'humiliation. Ils se retranchent derrière une attitude butée et refusent en bloc tout conseil, marquant par là un mécontentement face à un événement qu'ils ne maîtrisent pas.
Ils peuvent même sombrer dans une dépression. C'est pourquoi, une bonne attitude des parents ne peut qu'être bénéfique pour que l'enfant traverse ce passage sans crise profonde et sans souffrir de troubles psychiques graves.
Aussi, faut-il faire attention à ne pas culpabiliser le petit pour ce malheureux incident et, surtout, il ne faut pas le comparer à ses camarades et même à ses frères et sœurs.
Cependant, pour que le redoublement soit bien vécu par l'élève, ce dernier doit également comprendre sa part de responsabilité dans l'échec, ce qui va l'amener à réfléchir sur les nouvelles mesures à prendre pour ne pas reproduire les erreurs de l'année passée. Pour cela, il doit sentir que ses parents sont convaincus que c'est une décision bénéfique pour lui. Ainsi, le jeune redoublant doit comprendre que son échec n'est pas la fin du monde. Au contraire, dans plusieurs cas, le redoublement a été le secret du succès d'un grand nombre d'élèves qui ont su se relancer en tirant les leçons qui s'imposaient.
Pour qu'il ne vive pas la rentrée comme une expérience traumatisante, l'enfant aurait certainement besoin d'être mis en contact avec d'autres élèves (voisins, cousins…) qui ont vécu cette situation et ont su en tirer profit.
Ce contact va certainement le rassurer et lui permettra de comprendre qu'il n'est pas le seul à vivre une telle situation et que, tout comme les autres, il s'en remettra.
- Explorer les difficultés scolaires de l'enfant avant d'arriver à l'échec.
- Faire sentir à l'enfant que vous êtes ses partenaires et non pas une source supplémentaire de pression psychique.
- Un redoublement est parfois une seconde chance offerte à l'enfant pour se rattraper.
- Le redoublement a ses indications précises et ne doit pas être utilisé comme la solution miracle à toutes les difficultés.
- Enfin, quand un redoublement est indiqué, il faut savoir que ceci n'est pas une chose simple pour l'enfant et que votre vécu compte pour lui autant que le redoublement lui-même.
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EXPLICATIONS: dr. Houda Hjiej
• Pédopsychiatre
Réaction à adopter
«Évitez de culpabiliser l'enfant!»
Que signifie le redoublement d'un enfant ?
Le redoublement n'est pas en soi une finalité. Il est toujours la conséquence d'un dysfonctionnement qui peut être de plusieurs natures. Un redoublement est souvent proposé pour un enfant n'ayant pas les compétences nécessaires pour passer au niveau supérieur, ces capacités peuvent être aussi bien scolaires qu'émotionnelles.
Quel conseil pouvez-vous donner aux parents d'élèves redoublants pour qu'ils gardent leur sang-froid ?
Le plus important, comme vous le dites si bien, c'est le vécu des parents vis-à-vis de ce redoublement. L'enfant réagira de façon positive ou négative en fonction de la représentation que les parents ont du redoublement. Les parents réagiront plus ou moins bien en fonction du sens que le redoublement a pour eux. Celui-ci peut être perçu, soit comme leur échec personnel, soit comme une consolidation de quelque chose qui va permettre à l'enfant de mieux s'épanouir par la suite. Parfois, l'échec de l'enfant peut être perçu par les parents comme un acte agressif de l'enfant à leur égard, ce qui complique encore plus les choses.
Est-ce que le redoublement peut avoir des conséquences négatives sur le psychisme de l'enfant ?
Le plus dur pour l'enfant c'est la réaction négative des parents à l'encontre du redoublement. Après, l'enfant peut aussi refuser un redoublement et mal le vivre, à cause du décalage que cela peut créer entre lui et ses camarades de classe, mais ceci est plus facile à gérer avec l'enfant que la culpabilité qu'il peut ressentir vis-à-vis de ses parents.
Comment peut-on aider l'enfant à se rattraper sans forcément le gronder ou le punir ?
Justement en évitant de le culpabiliser et de lui imputer toute la responsabilité.
Comment peut-on le préparer psychiquement pour l'année suivante ?
Les choses se passent mieux quand on explique clairement à l'enfant les causes ayant abouti à la prise de cette décision. Le fait que l'enfant comprenne ce qui s'est passé et comment il serait possible d'y remédier va lui permettre de se sentir compris, accompagné et, surtout, il pourra comprendre que ce redoublement n'est pas une fatalité ou quelque chose de définitif, signant son échec.
Faut-il profiter des vacances d'été pour faire des cours de soutien ?
Il n'est pas prouvé que les cours de soutien systématiques puissent remédier aux difficultés de l'enfant, notamment quand celles-ci sont d'ordre émotionnel. Et souvent, les enfants traînent des difficultés pendant longtemps et le redoublement vient justement mettre les parents face à la réalité d'un enfant qui a besoin d'aide, mais pas obligatoirement d'une aide purement scolaire.
«Oh mon Dieu ! C'est une catastrophe !» C'est en général la première réplique qui nous vient à l'esprit lorsqu'on nous annonce le redoublement de notre bambin. Une vraie claque que l'on prend en pleine figure. «Où a-t-on échoué ?», «Pourquoi a-t-il fallu que ce soit mon enfant ?»
En effet, quand le verdict tombe en fin d'année et que les parents se rendent compte que leur enfant devra refaire l'année, ils rentrent dans une colère noire et pensent déjà à la punition qu'ils vont lui infliger. «On m'a annoncé il y a deux semaines que ma fille allait redoubler cette année.
Cela a été un véritable choc pour moi. C'est la première fois que cela lui arrive. Après lui avoir fait la morale pour qu'elle comprenne les conséquences de son échec, je compte bien la priver d'argent de poche, voire de sorties. C'est décidé, pendant les vacances, elle rattrape son retard», confie Loubna amèrement.
Mais il est important de savoir qu'en agissant de la sorte, les parents ne font que compromettre davantage la situation et que l'enfant, obstiné comme il est, ne prêtera aucune attention à vos critiques et persistera dans ses errements.
Au lieu d'entrer en guerre ouverte avec lui, il faut plutôt essayer de lui montrer un côté compréhensif et sympathique. Il est donc important en premier lieu que les parents eux-mêmes dédramatisent la situation, pour pouvoir en parler avec l'enfant dans les termes les plus
positifs. S'il n'a pas pu réussir son année scolaire, il doit réussir son redoublement.
Bien que ce soit difficile à croire du point de vue des parents, en des moments pareils, l'enfant souffre en silence. Il se sent inférieur par rapport à ses camarades de classe et a le plus grand besoin du soutien moral de ses parents pour aller au bout de la crise. Démotivation, perte de confiance, mauvaise estime de soi, ce sont les principaux symptômes développés par la majorité des jeunes redoublants.
Ces derniers sont fragilisés et développent des sentiments d'échec, d'infériorité, d'impuissance et surtout d'humiliation. Ils se retranchent derrière une attitude butée et refusent en bloc tout conseil, marquant par là un mécontentement face à un événement qu'ils ne maîtrisent pas.
Ils peuvent même sombrer dans une dépression. C'est pourquoi, une bonne attitude des parents ne peut qu'être bénéfique pour que l'enfant traverse ce passage sans crise profonde et sans souffrir de troubles psychiques graves.
Aussi, faut-il faire attention à ne pas culpabiliser le petit pour ce malheureux incident et, surtout, il ne faut pas le comparer à ses camarades et même à ses frères et sœurs.
Cependant, pour que le redoublement soit bien vécu par l'élève, ce dernier doit également comprendre sa part de responsabilité dans l'échec, ce qui va l'amener à réfléchir sur les nouvelles mesures à prendre pour ne pas reproduire les erreurs de l'année passée. Pour cela, il doit sentir que ses parents sont convaincus que c'est une décision bénéfique pour lui. Ainsi, le jeune redoublant doit comprendre que son échec n'est pas la fin du monde. Au contraire, dans plusieurs cas, le redoublement a été le secret du succès d'un grand nombre d'élèves qui ont su se relancer en tirant les leçons qui s'imposaient.
Pour qu'il ne vive pas la rentrée comme une expérience traumatisante, l'enfant aurait certainement besoin d'être mis en contact avec d'autres élèves (voisins, cousins…) qui ont vécu cette situation et ont su en tirer profit.
Ce contact va certainement le rassurer et lui permettra de comprendre qu'il n'est pas le seul à vivre une telle situation et que, tout comme les autres, il s'en remettra.
Conseils aux parents
- Un enfant en difficulté scolaire est rarement un enfant qui ne veut pas travailler ou qui manque de volonté.- Explorer les difficultés scolaires de l'enfant avant d'arriver à l'échec.
- Faire sentir à l'enfant que vous êtes ses partenaires et non pas une source supplémentaire de pression psychique.
- Un redoublement est parfois une seconde chance offerte à l'enfant pour se rattraper.
- Le redoublement a ses indications précises et ne doit pas être utilisé comme la solution miracle à toutes les difficultés.
- Enfin, quand un redoublement est indiqué, il faut savoir que ceci n'est pas une chose simple pour l'enfant et que votre vécu compte pour lui autant que le redoublement lui-même.
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EXPLICATIONS: dr. Houda Hjiej
• Pédopsychiatre
Réaction à adopter
«Évitez de culpabiliser l'enfant!»
Que signifie le redoublement d'un enfant ?
Le redoublement n'est pas en soi une finalité. Il est toujours la conséquence d'un dysfonctionnement qui peut être de plusieurs natures. Un redoublement est souvent proposé pour un enfant n'ayant pas les compétences nécessaires pour passer au niveau supérieur, ces capacités peuvent être aussi bien scolaires qu'émotionnelles.
Quel conseil pouvez-vous donner aux parents d'élèves redoublants pour qu'ils gardent leur sang-froid ?
Le plus important, comme vous le dites si bien, c'est le vécu des parents vis-à-vis de ce redoublement. L'enfant réagira de façon positive ou négative en fonction de la représentation que les parents ont du redoublement. Les parents réagiront plus ou moins bien en fonction du sens que le redoublement a pour eux. Celui-ci peut être perçu, soit comme leur échec personnel, soit comme une consolidation de quelque chose qui va permettre à l'enfant de mieux s'épanouir par la suite. Parfois, l'échec de l'enfant peut être perçu par les parents comme un acte agressif de l'enfant à leur égard, ce qui complique encore plus les choses.
Est-ce que le redoublement peut avoir des conséquences négatives sur le psychisme de l'enfant ?
Le plus dur pour l'enfant c'est la réaction négative des parents à l'encontre du redoublement. Après, l'enfant peut aussi refuser un redoublement et mal le vivre, à cause du décalage que cela peut créer entre lui et ses camarades de classe, mais ceci est plus facile à gérer avec l'enfant que la culpabilité qu'il peut ressentir vis-à-vis de ses parents.
Comment peut-on aider l'enfant à se rattraper sans forcément le gronder ou le punir ?
Justement en évitant de le culpabiliser et de lui imputer toute la responsabilité.
Comment peut-on le préparer psychiquement pour l'année suivante ?
Les choses se passent mieux quand on explique clairement à l'enfant les causes ayant abouti à la prise de cette décision. Le fait que l'enfant comprenne ce qui s'est passé et comment il serait possible d'y remédier va lui permettre de se sentir compris, accompagné et, surtout, il pourra comprendre que ce redoublement n'est pas une fatalité ou quelque chose de définitif, signant son échec.
Faut-il profiter des vacances d'été pour faire des cours de soutien ?
Il n'est pas prouvé que les cours de soutien systématiques puissent remédier aux difficultés de l'enfant, notamment quand celles-ci sont d'ordre émotionnel. Et souvent, les enfants traînent des difficultés pendant longtemps et le redoublement vient justement mettre les parents face à la réalité d'un enfant qui a besoin d'aide, mais pas obligatoirement d'une aide purement scolaire.
