La voisine qui a bien vu que, la petite attendait sa mère et qu'elle avait l'air perdu, a rapidement fermé la porte avant même de laisser le temps à Sofia de demander de l'aide. Vers 13h30, lorsque Fatiha (la mère) arrive, la petite éclate en sanglots «Maman, pourquoi tu m'as laissée toute seule. J'ai faim et j'ai sali mes vêtements parce que je voulais aller aux toilettes et personne ne m'a aidée».
Sofia et sa mère ne sont pas les seules à avoir vécu une mésaventure à cause de l'indifférence des voisins de nos jours. Cette scène, est une parmi tant d'autres, qui se répètent tous les jours. En effet, la relation entre les voisins n'est plus marquée par la solidarité comme au bon vieux temps. Aujourd'hui, tout le monde s'enferme chez lui et ne veut plus rien savoir sur son voisin. Souvent les habitants d'une même résidence ne se parlent pas et peuvent aussi ne pas se connaitre. «Je me souviens encore de la relation qui nous liait avec nos voisins, pendant mon enfance. Nous pouvions compter sur tous les habitants du quartier à chaque fois que nous avions besoin de quelque chose ce qui était très rassurant. Aujourd'hui, une telle chose n'existe plus. Moi-même, je m'enferme chez moi et je refuse de savoir quoi que ce soit sur ce qui se passe à l'extérieur. Je crois que l'évolution de notre société et le remplacement des maisons par les résidences y est pour quelque chose. Les quartiers populaires, par exemple, gardent toujours leurs bonnes habitudes», confie Hamza.
Même son de cloche pour Abdelkrim Belhaj, psychosociologue qui trouve qu'il s'agit d'une particularité des temps modernes qui marque la vie urbaine, bien que moins dans les milieux populaires. « Il faut dire que la vie en société a beaucoup évolué, tout en subissant des transformations au niveau social et culturel. Dès lors, il est à constater qu'avec les nouvelles formes d'habitation, soit les ensembles résidentiels (quartiers, cités et immeubles..) la vie communautaire s'individualise davantage alors que c'est l'objectif d'un destin collectif et solidaire qui devait s'installer », explique-t-il. Et d'ajouter : «Une territorialité dans l'occupation des espaces se dessine aux dépens des liens sociaux, ce qui instaure une limitation des échanges, pendant que le commun ayant trait à la vie collective qui devait, normalement, amorcer de l'intérêt et du partage entre les voisins est devenu l'objet, non pas d'un consensus mais d'une délégation et d'une organisation réglementaires».
Cette limitation des échanges et ce développement de l'individualisme que nous vivons actuellement nous amènent à développer des réflexes de repli sur soi. Ces réflexes peuvent parfois provoquer certaines situations dans lesquelles tout individu peut se retrouver, comme celle de se surprendre à espérer que notre voisin ne sortira pas sa poubelle en même temps que nous afin de ne pas être obligé de s'arrêter pour lui faire la conversation, ou de se retrouver à plusieurs dans un ascenseur en train de compter les étages… Selon certaines personnes, il s'agit plutôt d'une mesure sécuritaire pour éviter tout problème ou conflit qui peuvent se produire entre voisins. «Je préfère n'avoir aucune relation avec mes voisins. Avec tout ce que nous entendons en ces temps ci, je ne peux pas faire confiance à des personnes que je ne connais pas.
On ne sait jamais à qui on a affaire. Il vaut donc mieux rester prudent et se tenir à l'écart», lance Abdessamad.
«La cohabitation se transforme en une simple forme de coexistence»
La solidarité entre les gens vivant en voisinage dans un même lieu est devenue conditionnée par la réglementation, qui n'est pas toujours observée, créant, ainsi, la distance plutôt que la proximité. Ainsi, un esprit d'indifférence a pris forme dans les rapports entre voisins, et c'est l'option de droit qui l'emporte sur le devoir.
C'est un ensemble de facteurs sociologiques et psychologiques qui ont engendré une telle situation. Disons que c'est la tendance lorsqu'on habite un lieu dans lequel se trouve circonscrite la vie privée, qui est la marque actuelle de la vie en société, alors que le social avec ses interactions et ses engagements a commencé à disparaitre, transformant la cohabitation en une simple forme de coexistence. L'habiter correspond, donc, à un besoin personnel animé par la raison qui prévaut sur le besoin de vivre ensemble, lequel étant généré par l'affectif qui reste une dimension humaine tant privilégiée dans notre culture.
Sofia et sa mère ne sont pas les seules à avoir vécu une mésaventure à cause de l'indifférence des voisins de nos jours. Cette scène, est une parmi tant d'autres, qui se répètent tous les jours. En effet, la relation entre les voisins n'est plus marquée par la solidarité comme au bon vieux temps. Aujourd'hui, tout le monde s'enferme chez lui et ne veut plus rien savoir sur son voisin. Souvent les habitants d'une même résidence ne se parlent pas et peuvent aussi ne pas se connaitre. «Je me souviens encore de la relation qui nous liait avec nos voisins, pendant mon enfance. Nous pouvions compter sur tous les habitants du quartier à chaque fois que nous avions besoin de quelque chose ce qui était très rassurant. Aujourd'hui, une telle chose n'existe plus. Moi-même, je m'enferme chez moi et je refuse de savoir quoi que ce soit sur ce qui se passe à l'extérieur. Je crois que l'évolution de notre société et le remplacement des maisons par les résidences y est pour quelque chose. Les quartiers populaires, par exemple, gardent toujours leurs bonnes habitudes», confie Hamza.
Même son de cloche pour Abdelkrim Belhaj, psychosociologue qui trouve qu'il s'agit d'une particularité des temps modernes qui marque la vie urbaine, bien que moins dans les milieux populaires. « Il faut dire que la vie en société a beaucoup évolué, tout en subissant des transformations au niveau social et culturel. Dès lors, il est à constater qu'avec les nouvelles formes d'habitation, soit les ensembles résidentiels (quartiers, cités et immeubles..) la vie communautaire s'individualise davantage alors que c'est l'objectif d'un destin collectif et solidaire qui devait s'installer », explique-t-il. Et d'ajouter : «Une territorialité dans l'occupation des espaces se dessine aux dépens des liens sociaux, ce qui instaure une limitation des échanges, pendant que le commun ayant trait à la vie collective qui devait, normalement, amorcer de l'intérêt et du partage entre les voisins est devenu l'objet, non pas d'un consensus mais d'une délégation et d'une organisation réglementaires».
Cette limitation des échanges et ce développement de l'individualisme que nous vivons actuellement nous amènent à développer des réflexes de repli sur soi. Ces réflexes peuvent parfois provoquer certaines situations dans lesquelles tout individu peut se retrouver, comme celle de se surprendre à espérer que notre voisin ne sortira pas sa poubelle en même temps que nous afin de ne pas être obligé de s'arrêter pour lui faire la conversation, ou de se retrouver à plusieurs dans un ascenseur en train de compter les étages… Selon certaines personnes, il s'agit plutôt d'une mesure sécuritaire pour éviter tout problème ou conflit qui peuvent se produire entre voisins. «Je préfère n'avoir aucune relation avec mes voisins. Avec tout ce que nous entendons en ces temps ci, je ne peux pas faire confiance à des personnes que je ne connais pas.
On ne sait jamais à qui on a affaire. Il vaut donc mieux rester prudent et se tenir à l'écart», lance Abdessamad.
Avis du spécialiste
Abdelkrim Belhaj • psychosociologue«La cohabitation se transforme en une simple forme de coexistence»
La solidarité entre les gens vivant en voisinage dans un même lieu est devenue conditionnée par la réglementation, qui n'est pas toujours observée, créant, ainsi, la distance plutôt que la proximité. Ainsi, un esprit d'indifférence a pris forme dans les rapports entre voisins, et c'est l'option de droit qui l'emporte sur le devoir.
C'est un ensemble de facteurs sociologiques et psychologiques qui ont engendré une telle situation. Disons que c'est la tendance lorsqu'on habite un lieu dans lequel se trouve circonscrite la vie privée, qui est la marque actuelle de la vie en société, alors que le social avec ses interactions et ses engagements a commencé à disparaitre, transformant la cohabitation en une simple forme de coexistence. L'habiter correspond, donc, à un besoin personnel animé par la raison qui prévaut sur le besoin de vivre ensemble, lequel étant généré par l'affectif qui reste une dimension humaine tant privilégiée dans notre culture.
