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Les doléances des femmes

Quel est le rôle des femmes dans un monde arabe en pleine ébullition ? C'est en substance la question qui fut posée à la rencontre internationale qui s'est déroulée récemment à Casablanca.
Cette rencontre, organisée en partenariat avec la Fondation Hanns Seidel, a été une opportunité pour les femmes présentes de débattre des questions liées à la place des femmes, aux nouveaux rôles à jouer et aux nouveaux droits à défendre dans ce monde arabe en changement perpétuel. Ainsi, les intervenantes ont essayé, chacune à sa manière, d'apporter des regards croisés sur ce que pourrait devenir un mieux-être pour les peuples maghrébins et arabes.

Les doléances des femmes
«Au Maroc, la jeunesse d'une façon générale, et plus particulièrement les filles du fait qu'elle sont porteuses d'un double élan pour le changement, est appelée à jouer un rôle très important au sein de la société», précise Nouzha Skalli, ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité. Et d'ajouter : «Traditionnellement, les femmes sont les forces du changement, mais malheureusement notre gouvernance, d'une façon générale, n'a pas suffisamment fourni les moyens pour la jeunesse et pour les femmes en particulier pour être associés à la gestion de la chose publique». En effet, il y a eu une petite ouverture, selon les propos de la ministre, à travers la liste nationale pour les femmes et à travers maintenant les listes additionnelles dans les communes qui leur ont permis de participer avec un taux beaucoup plus important qu'auparavant. «Ainsi, à partir de cette mouvance de citoyenneté, de changements et d'implication de plus en plus grande de la jeunesse et des femmes, il est devenu évident de réfléchir aux moyens qui peuvent servir à élargir leur champ de participation dans la gestion de la chose publique».

Elle a incité les jeunes à s'engager dans les partis politiques afin d'exprimer leurs attentes et leurs doléances. «Il y a une prise de conscience énorme aujourd'hui, chacun sait que la démocratie et le développement ne peuvent avoir lieu sans l'implication des femmes. Et notre pays a réalisé des progrès dans ce domaine. Les jeunes doivent pour participer massivement à la gestion des affaires publiques et relancer la dynamique des réformes lancées par Sa Majesté le Roi au Maroc depuis une décennie dans les domaines social, économique, politique et culturel», souligne-t-elle. Le même appel a été lancé par Malika Benaouda, professeur de Droit à l'université Saâd Dahlab à Blida en Algérie. «Les femmes doivent s'engager dans la vie publique afin de faire valoir leurs droits civiques. Ce qui se passe dans le monde arabe est semblable à une secousse tellurique qui favorise le débat sur la liberté de s'exprimer, de s'habiller et sur les droits humains fondamentaux», soutient-elle. Le Maroc a enregistré un progrès dans ce domaine mais le combat des femmes en Algérie et dans certains pays arabes s'est toujours heurté aux sensibilités religieuses qui freinent son émancipation.

Et les postes à hautes responsabilités politiques restent encore non accessibles pour les femmes, en parfaite contradiction avec les discours politiques tenus par certains partis qui s'abstiennent d'ouvrir leurs portes à la représentation féminine. Aujourd'hui, on peut tout juste compter les femmes élues sur les doigts de la main, souligne Mme Benaouda. Qui plaide pour une volonté de changement et de transformation qui concilie et prône le juste milieu entre la modernité et la tradition. De même, elle a mis l'accent sur le renforcement d'une communication transfrontalière, à la fois, entre les Etats du Maghreb et les autres pays arabes, étant donné que les femmes arabes ont le même combat. Lors de cette rencontre internationale, cette même idée de l'unité des femmes entre les pays arabes a été reprise par Simone Susskind, présidente de Actions in The Mediterranean (Belgique). Et enfin, le mot de la fin a été donné par Sabah Chraibi, présidente de l'Association marocaine pour la promotion de l'entreprise féminine. Une recommandation, née de la synthèse des interventions des femmes présentes, pleine d'espoir et d'espérance. «Les participantes ont déclaré que les peuples des Etats du Maghreb et arabes doivent dynamiser leur union. Nos instances politiques et économiques, culturelles et sociales se projettent dans un agenda programme pour relever les défis d'un Maghreb arabe uni, fraternel et solidaire pour un développement économique régional, une stabilité politique institutionnelle et une libre circulation des idées et des personnes», conclut-elle.
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Questions à : Nouzha Skalli • Ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité.

«La participation des femmes dans les affaires publiques va permettre de réhabiliter le politique»

• Quels sont les modes de participation des femmes que vous suggérez ?

Ce qui est remarquable dans cette dynamique de changement que connaît le pays, et plus particulièrement après le discours historique de S.M. le Roi Mohammed VI qui prône la régionalisation, c'est que cela ouvre largement les portes aux jeunes et aux femmes à s'inscrire et participer à la gouvernance. Je crois que le fait de constitutionnaliser les droits politiques des femmes au niveau de la région et au niveau national est une opportunité exceptionnelle pour changer le paradigme de la participation politique en général et pour faire intégrer autant d'hommes que des femmes.

• Quel est le rôle attribué aux femmes dans ce cas-là ?

Parmi les grandes qualités qui sont reconnues aux femmes, c'est d'abord la proximité des choses du quotidien. Et le principal reproche au politique c'est d'être très éloigné de la réalité et des préoccupations quotidiennes des citoyennes. Nous pensons que la participation des femmes à la chose publique est une opportunité d'améliorer leur propre sort par ce qu'elles souffrent et ne trouvent pas de réponses. Le fait que les hommes politiques acceptent le partage et la participation des femmes dans les affaires publiques va permettre de réhabiliter le politique.
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