«Le hasard fait bien les choses", dit-on. Avec Abdelkader Secteur, il a fait des merveilles. Et ce ne sont pas les spectateurs, qui ont été nombreux à se rendre au Mégarama jeudi dernier pour assister au one man show de cet artiste de talent, qui diront le contraire. Abdelkader Secteur, humoriste algérien de son état, a réussi à faire hurler de rire une salle comble, durant deux heures, non stop, s'il vous plaît. Un exploit. Le hasard qui a fait de Abdelkader, citoyen lambda dans une petite ville perdue, un humoriste confirmé a été également celui du calendrier. Ce spectacle, de ce génie du rire, ne pouvait pas mieux tomber qu'en cette période de haute tension, pour offrir aux esprits tourmentés par les débats actuels, des moments de pure délectation.
Le temps du spectacle, Kader a déballé sa «Vie de chien», un titre judicieusement choisi pour exprimer la détresse d'un immigré algérien (qui aurait pu appartenir à n'importe quel autre pays du Maghreb) en France. Sans cabotinage aucun, l'humoriste a réussi à trouver le bon ton et le rythme exact pour maintenir en haleine les spectateurs sans jamais les lasser. Tournant en dérision sa vie d'immigré arabe, il a multiplié les blagues sur des situations cocasses et hilarantes.
Ses tribulations, avec son compagnon de voyage, auquel l'ambassade de France en Algérie a refusé les multiples demandes de visa une trentaine de fois (au point que les gens du village le surnommaient Ahmed «regret»), avant de le lui accorder enfin, sont tout simplement décapantes.
La malchance a donc voulu qu'il se retrouve en France avec cet énergumène, laid et stupide, dont la tête longue et fine lui rappelle son reflet dans le «thermos». Ensemble, ils découvrent une société aux antipodes de la leur. Avec leurs têtes d'arabes, ils font fuir les Françaises qui s'écartent à leur passage pour éviter d'être trop proche d'eux.
Constat affligeant qui leur fait prendre une décision cruciale et d'une extrême importance. Les deux immigrés se résolvent à faire comme les autres, c'est-à-dire à essayer de leur ressembler au maximum pour fondre dans la masse. Et c'est là où le bât blesse.
Cette décision, finalement pas si judicieuse que ça, donne lieu à une série d'épisodes rocambolesques qui accentuent le décalage entre la culture de nos héros et celle de leur pays d'accueil. Leurs aventures avec le chien qu'ils adoptent, comme le ferait tout Français qui se respecte, prennent une dimension catastrophique. Les histoires de Kader avec son chien «Boubi», nom que portent tous les chiens du bled, le mènent dans des digressions qui lui font effectuer des va et vient entre son enfance dans son petit patelin et sa vie actuelle à Paris.
Les vannes se suivent sur le mode de vie de ses compatriotes et sur la perception différente de la vie de l'autre côté de la Méditerranée. En observateur indécrottable, il décortique avec un sens inouï de la dérision les phénomènes des deux sociétés.
Tout y passe, de la manière de traiter les chiens dans les deux pays à la manière dont son père le traitait en passant par la façon dont les Algériens prennent leur dîner bien copieux avant d'être en proie à des cauchemars surréalistes, à la différence des Français qui dorment légers. Mais là où le fou rire est au rendez-vous, c'est quand il compare l'enterrement du «gawri», qui se déroule dans la sérénité la plus totale et sans dépassement aucun, à celui du voisin du bled qui conduit à tous les excès.
Et c'est avec un grand sourire que l'on se rend compte, nous autres spectateurs, que cette «vie de chien» que nous décrit Abdelkader Secteur, avec beaucoup d'humour et non sans caricature, est bien la nôtre. Elle renvoie à la réalité d'une tranche de la population arabe immigrée qui se retrouve dans un environnement où elle perd tous ses repères.
Si vous n'avez pas eu l'occasion de savourer ces moments de pure bonheur avec cet artiste, sachez vous pouvez vous rattrappez. Il vous donne rendez-vous au «Marrakech du rire», le Festival international d'humour de la ville ocre.
Il faut dire qu'il a du chien, Abdelkader Secteur.
Découvert par Jamel Debbouze il y a quelques années, l'humoriste d'origine algérienne est connu sur YouTube depuis plusieurs années. Il a commencé dans un petit village de l'Ouest algérien à l'occasion d'un mariage où une coupure d'électricité soudaine a plongé tout le monde dans le noir. «Je racontais des blagues à un groupe d'amis qui ont tellement rigolé que j'ai fait suivre celles-ci à un autre groupe de personnes, puis à un autre et encore à un autre… jusqu'à ce qu'on me tende un micro. Puis l'électricité est revenue. Je me suis rendu compte que j'avais le potentiel pour faire rire les gens», explique-t-il. N'est-ce pas que le hasard fait bien les choses ?
Le temps du spectacle, Kader a déballé sa «Vie de chien», un titre judicieusement choisi pour exprimer la détresse d'un immigré algérien (qui aurait pu appartenir à n'importe quel autre pays du Maghreb) en France. Sans cabotinage aucun, l'humoriste a réussi à trouver le bon ton et le rythme exact pour maintenir en haleine les spectateurs sans jamais les lasser. Tournant en dérision sa vie d'immigré arabe, il a multiplié les blagues sur des situations cocasses et hilarantes.
Ses tribulations, avec son compagnon de voyage, auquel l'ambassade de France en Algérie a refusé les multiples demandes de visa une trentaine de fois (au point que les gens du village le surnommaient Ahmed «regret»), avant de le lui accorder enfin, sont tout simplement décapantes.
La malchance a donc voulu qu'il se retrouve en France avec cet énergumène, laid et stupide, dont la tête longue et fine lui rappelle son reflet dans le «thermos». Ensemble, ils découvrent une société aux antipodes de la leur. Avec leurs têtes d'arabes, ils font fuir les Françaises qui s'écartent à leur passage pour éviter d'être trop proche d'eux.
Constat affligeant qui leur fait prendre une décision cruciale et d'une extrême importance. Les deux immigrés se résolvent à faire comme les autres, c'est-à-dire à essayer de leur ressembler au maximum pour fondre dans la masse. Et c'est là où le bât blesse.
Cette décision, finalement pas si judicieuse que ça, donne lieu à une série d'épisodes rocambolesques qui accentuent le décalage entre la culture de nos héros et celle de leur pays d'accueil. Leurs aventures avec le chien qu'ils adoptent, comme le ferait tout Français qui se respecte, prennent une dimension catastrophique. Les histoires de Kader avec son chien «Boubi», nom que portent tous les chiens du bled, le mènent dans des digressions qui lui font effectuer des va et vient entre son enfance dans son petit patelin et sa vie actuelle à Paris.
Les vannes se suivent sur le mode de vie de ses compatriotes et sur la perception différente de la vie de l'autre côté de la Méditerranée. En observateur indécrottable, il décortique avec un sens inouï de la dérision les phénomènes des deux sociétés.
Tout y passe, de la manière de traiter les chiens dans les deux pays à la manière dont son père le traitait en passant par la façon dont les Algériens prennent leur dîner bien copieux avant d'être en proie à des cauchemars surréalistes, à la différence des Français qui dorment légers. Mais là où le fou rire est au rendez-vous, c'est quand il compare l'enterrement du «gawri», qui se déroule dans la sérénité la plus totale et sans dépassement aucun, à celui du voisin du bled qui conduit à tous les excès.
Et c'est avec un grand sourire que l'on se rend compte, nous autres spectateurs, que cette «vie de chien» que nous décrit Abdelkader Secteur, avec beaucoup d'humour et non sans caricature, est bien la nôtre. Elle renvoie à la réalité d'une tranche de la population arabe immigrée qui se retrouve dans un environnement où elle perd tous ses repères.
Si vous n'avez pas eu l'occasion de savourer ces moments de pure bonheur avec cet artiste, sachez vous pouvez vous rattrappez. Il vous donne rendez-vous au «Marrakech du rire», le Festival international d'humour de la ville ocre.
Il faut dire qu'il a du chien, Abdelkader Secteur.
Un humoriste-né
Abdelkader Secteur, à l'affiche du Comedy Club depuis plus d'un an, a débarqué au Maroc afin de présenter son dernier one man show «Vie de chien», spectacle qui a eu lieu le 10 mars 2011 au Mégarama à Casablanca et le 11 mars 2011 au théâtre Mohammed V à Rabat. Après son franc succès auprès de la communauté maghrébine de France, de Belgique et des Pays-Bas, Abdelkader Secteur a fait découvrir son dernier spectacle au public marocain.Découvert par Jamel Debbouze il y a quelques années, l'humoriste d'origine algérienne est connu sur YouTube depuis plusieurs années. Il a commencé dans un petit village de l'Ouest algérien à l'occasion d'un mariage où une coupure d'électricité soudaine a plongé tout le monde dans le noir. «Je racontais des blagues à un groupe d'amis qui ont tellement rigolé que j'ai fait suivre celles-ci à un autre groupe de personnes, puis à un autre et encore à un autre… jusqu'à ce qu'on me tende un micro. Puis l'électricité est revenue. Je me suis rendu compte que j'avais le potentiel pour faire rire les gens», explique-t-il. N'est-ce pas que le hasard fait bien les choses ?
