Après le succès flamboyant qu'ont connu les séries mexicaines doublées en arabe classique et les séries turques doublées en syrien, nos chaînes nationales se sont décidées à profiter de la «success story» du doublage, en décidant de doubler certains feuilletons sud-américains, indiens et même nord-américains en darija.
Tout a commencé avec «Les deux visages d'Ana», une série qui a partagé les avis en deux. Des optimistes qui considèrent l'initiative comme très positive, «c'est bien de voir la darija s'imposer sur les chaînes de télévision, rendant meilleure l'accessibilité au public marocain qui se reconnait bien plus dans le dialecte marocain que dans l'arabe classique ou le français.
''Peut-être que dans 5 ou 10 ans, je pourrais enfin allumer la télévision nationale sans avoir à ressentir un décalage culturel'', dit Najwa. «Et pourquoi pas, puisque tout le monde exporte sa langue mère ou son dialecte à travers les films et les séries.
Peut-être plus tard, en zappant, nous allons trouver un de ces feuilletons doublés en darija diffusé sur une autre chaîne non marocaine. Comme ça, le dialecte marocain ne sera plus une langue des extraterrestres qui nécessite du sous-titrage pour les citoyens du monde arabe», ajoute Hicham.
Fatouma Kadmiri, psychiatre, est tout aussi positive: «Je n'ai pas eu l'occasion de voir ces séries. Mais je pense que ça reste quand même une bonne idée, n'oublions pas qu'il y a assez d'analphabètes au Maroc, avec cette initiative, ils auront la possibilité de bénéficier d'un vrai moment de plaisir. Ça leur permettra de faire un voyage en étant complètement détendus», affirme-t-elle.
Amal, elle, a un autre son de cloche: «Non mais c'est quoi cette idée de traduire en dialecte? Comme si nous ne connaissions pas la darija, comme si ne nous la parlions pas assez. En plus, ce n'est même pas la vraie darija», assure-t-elle. Et d'ajouter: «Les doubleurs ne facilitent pas la tâche non plus, le son est complètement décalé par rapport à l'image. Ils ne fournissent aucun effort dans les intonations de leurs voix. C'est lamentable!».
Les séries diffusées lors des prime-times de la chaîne nationale suscitent l'engouement de toutes les tranches de la population, y compris les enfants qui les suivent avec ferveur.
«Toute génération invente son propre langage, c'est normal donc que les jeunes soient influencées. Le fait est que les mères doivent surveiller le taux de consommation de ces séries par leurs enfants.
Cela peut créer un réel moment de partage sauf qu'il ne doit pas être fait dans l'excès. L'enfant doit regarder autre chose», explique Fatouma Kadiri.
Pour les pessimistes, ce genre de programmes télévisés est plutôt une ''violence économique''.
Il ne fait que répondre aux besoins du marché publicitaire. «Nta Balid, Makatswach», (tu es un idiot, tu ne vaux rien). «skot a klil ladab», (tais-toi, tu es impoli). «kanbghik a cheri», (je t'aime mon chéri). «bghiti chwia dial fatair?», (tu veux des crêpes?). «ma 3rftch kifach nchkrk a Topo», (je ne sais pas comment te remercier Topo)….
Nous entendons beaucoup ces phrases, un peu étrangères à notre langage, avec des prénoms qui n'ont aussi aucun rapport avec notre société. Et pour cause, il s'agit des fameuses séries doublées en darija.
EXPLICATION Saida Taoufik • Coach
Quel est l'impact direct de ces séries sur la population marocaine ?
Les séries télévisées étrangères, ‘'doublées'' ou non, sont très mauvaises pour la société. Elles introduisent des cultures et des valeurs différentes des nôtre, en manipulant mentalement le téléspectateur, en utilisant l'esthétique audiovisuel. Quand en plus elles sont traduites, voire doublées en darija, la calamité est encore plus grande. L'histoire de la série devient plus crédible et plus proche du téléspectateur.
Y a-t-il quelque chose de positif dans le suivi régulier de ces séries ?
Non, pas du tout. Elles prédisposent les gens à la dépendance visuelle, c'est du ‘'venin dans le miel'', comme on dit. Ces séries sont, non seulement médiocres, mais aussi dangereuses. C'est à cause de ces feuilletons que les jeunes apprennent à banaliser la drogue, la violence, les armes, la débauche…
Quel effet par rapport aux familles ?
Négatif aussi. Ces séries sont diffusées, en boucle, pendant les seuls moments où la famille peut être unie. Ce qui l'empêche tout simplement de communiquer, puisqu'il y a forcément quelqu'un qui en est «accro». Alors avec le temps, les membres de la famille deviennent des automates vivants et le côté «critique» de leurs cerveaux est débranché.
Les enfants aussi souffrent de ces ‘'phénomènes de télévision'', vu qu'ils commencent à les suivre à un âge très tôt...
Saida Taoufik • Coach
Tout a commencé avec «Les deux visages d'Ana», une série qui a partagé les avis en deux. Des optimistes qui considèrent l'initiative comme très positive, «c'est bien de voir la darija s'imposer sur les chaînes de télévision, rendant meilleure l'accessibilité au public marocain qui se reconnait bien plus dans le dialecte marocain que dans l'arabe classique ou le français.
''Peut-être que dans 5 ou 10 ans, je pourrais enfin allumer la télévision nationale sans avoir à ressentir un décalage culturel'', dit Najwa. «Et pourquoi pas, puisque tout le monde exporte sa langue mère ou son dialecte à travers les films et les séries.
Peut-être plus tard, en zappant, nous allons trouver un de ces feuilletons doublés en darija diffusé sur une autre chaîne non marocaine. Comme ça, le dialecte marocain ne sera plus une langue des extraterrestres qui nécessite du sous-titrage pour les citoyens du monde arabe», ajoute Hicham.
Fatouma Kadmiri, psychiatre, est tout aussi positive: «Je n'ai pas eu l'occasion de voir ces séries. Mais je pense que ça reste quand même une bonne idée, n'oublions pas qu'il y a assez d'analphabètes au Maroc, avec cette initiative, ils auront la possibilité de bénéficier d'un vrai moment de plaisir. Ça leur permettra de faire un voyage en étant complètement détendus», affirme-t-elle.
Amal, elle, a un autre son de cloche: «Non mais c'est quoi cette idée de traduire en dialecte? Comme si nous ne connaissions pas la darija, comme si ne nous la parlions pas assez. En plus, ce n'est même pas la vraie darija», assure-t-elle. Et d'ajouter: «Les doubleurs ne facilitent pas la tâche non plus, le son est complètement décalé par rapport à l'image. Ils ne fournissent aucun effort dans les intonations de leurs voix. C'est lamentable!».
Les séries diffusées lors des prime-times de la chaîne nationale suscitent l'engouement de toutes les tranches de la population, y compris les enfants qui les suivent avec ferveur.
«Toute génération invente son propre langage, c'est normal donc que les jeunes soient influencées. Le fait est que les mères doivent surveiller le taux de consommation de ces séries par leurs enfants.
Cela peut créer un réel moment de partage sauf qu'il ne doit pas être fait dans l'excès. L'enfant doit regarder autre chose», explique Fatouma Kadiri.
Pour les pessimistes, ce genre de programmes télévisés est plutôt une ''violence économique''.
Il ne fait que répondre aux besoins du marché publicitaire. «Nta Balid, Makatswach», (tu es un idiot, tu ne vaux rien). «skot a klil ladab», (tais-toi, tu es impoli). «kanbghik a cheri», (je t'aime mon chéri). «bghiti chwia dial fatair?», (tu veux des crêpes?). «ma 3rftch kifach nchkrk a Topo», (je ne sais pas comment te remercier Topo)….
Nous entendons beaucoup ces phrases, un peu étrangères à notre langage, avec des prénoms qui n'ont aussi aucun rapport avec notre société. Et pour cause, il s'agit des fameuses séries doublées en darija.
EXPLICATION Saida Taoufik • Coach
«Les séries télévisées étrangères prédisposent les gens à la dépendance visuelle»
Quel est l'impact direct de ces séries sur la population marocaine ?
Les séries télévisées étrangères, ‘'doublées'' ou non, sont très mauvaises pour la société. Elles introduisent des cultures et des valeurs différentes des nôtre, en manipulant mentalement le téléspectateur, en utilisant l'esthétique audiovisuel. Quand en plus elles sont traduites, voire doublées en darija, la calamité est encore plus grande. L'histoire de la série devient plus crédible et plus proche du téléspectateur.
Y a-t-il quelque chose de positif dans le suivi régulier de ces séries ?
Non, pas du tout. Elles prédisposent les gens à la dépendance visuelle, c'est du ‘'venin dans le miel'', comme on dit. Ces séries sont, non seulement médiocres, mais aussi dangereuses. C'est à cause de ces feuilletons que les jeunes apprennent à banaliser la drogue, la violence, les armes, la débauche…
Quel effet par rapport aux familles ?
Négatif aussi. Ces séries sont diffusées, en boucle, pendant les seuls moments où la famille peut être unie. Ce qui l'empêche tout simplement de communiquer, puisqu'il y a forcément quelqu'un qui en est «accro». Alors avec le temps, les membres de la famille deviennent des automates vivants et le côté «critique» de leurs cerveaux est débranché.
Les enfants aussi souffrent de ces ‘'phénomènes de télévision'', vu qu'ils commencent à les suivre à un âge très tôt...
Saida Taoufik • Coach
