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Stareo n'est plus !

Souffrant d'un déficit de 700 millions de dirhams, Stareo abandonne le secteur. Entre-temps, on optera pour une période transitoire de 2 mois à compter de la semaine prochaine.

Stareo n'est plus !
Rebondissement inattendu dans le dossier du transport urbain à Rabat-Salé-Zemmour-Zaers. Sans crier gare, le ministère de l'Intérieur a décidé d'annuler le contrat qui lie la Wilaya de la région à Stareo, la société délégataire du transport urbain et d'opter pour une période transitoire de deux mois à compter de la semaine prochaine. Comme motif, Mohammed Reda Benkhaldoune, membre du Conseil de la ville de Rabat et député du Parti de la Justice et du Développement, évoque le non respect des clauses dudit contrat. « Stareo n'a pas tenu son engagement de mettre en circulation 400 bus neufs pendant les 18 mois suivant l'entrée en vigueur du contrat ». En effet, il ressort d'une note du ministère de l'Intérieur que, jusqu'en janvier 2011, la flotte de Stareo se composait en tout et pour tout de quelque 290 nouveaux véhicules acquis soit de l'étranger soit d'anciennes sociétés délégataires du transport. La société reste ainsi loin de l'objectif contenu dans le contrat qui prévoit la mise en service de 634 nouveaux véhicules à échéance. Pour justifier ces dysfonctionnements, Stareo argue des multiples problèmes de gestion liés à certaines particularités du transport dans la région, notamment la concurrence qu'exercent le transport clandestin et le transport assuré par les ministères (près de 500 bus).

« En ce qui concerne le développement du transport clandestin, nous estimons qu'il est dû essentiellement à la mauvaise gestion de la société », rétorque M. Benkhaldoune. Pour étayer ses propos, il fait savoir que la société délégataire souffre d'un déficit profond estimé à 700 millions de dirhams. Devant ce déficit avéré, deux options s'offrent à la société : soit elle déclare sa faillite, ce qui paralysera le transport au niveau de toute la région et pénalisera les citoyens, soit elle cède son parc d'autobus à l'autorité délégataire qui en prendra momentanément la charge pendant une période transitoire s'étalant sur deux mois. Pour éviter le premier scénario qui serait catastrophique à tous les niveaux, l'autorité délégante du transport public à Rabat a décidé d'entrer en négociations avec Stareo en vue de l'acquisition de son parc d'autobus. « La première réunion entre les deux parties a été fixée pour lundi prochain », annonce Noureddine Lazrak, président de la commune urbaine de Salé. Déjà, on commence à penser et à préparer l'après Stareo. Le choix des autorités a été arrêté sur la création d'une société de développement local dont le capital sera détenu à hauteur de 51% par la commune et à hauteur de 49% par le secteur privé (à l'instar de Rabat Parking qui assure actuellement la gestion des parkings de la capitale).

Cette société entrera en fonction une fois la période de transition arrivée à échéance. Pour tous les passagers inquiets pour leurs déplacements ou encore les employés de Stareo qui craignent pour leurs emplois, pas de panique. Il n'y aura pas de risques sur la continuité du service ni sur les emplois, à en croire les responsables. En effet, les problèmes de Staero ne datent pas d'aujourd'hui. Fin novembre 2010, le PJD avait adressé une question écrite au ministère de l'Intérieur, déplorant l'état de vétusté avancée du parc des bus desservant la ville de Rabat, leurs retards fréquents ainsi que les conditions de transport difficiles, et interrogeant le ministère sur les mesures qu'il a prises pour redresser cette situation. La réponse de Mohammed Saâd Hassar, secrétaire général du ministère, était plutôt encline à l'indulgence vis-à-vis de la société délégataire.

« Vous n'êtes pas sans savoir que Staero a démarré ses activités en novembre 2009 sous plusieurs contraintes, notamment la difficulté de desserte de l'ensemble des lignes à cause du mauvais état mécanique de la flotte acquise qui représentait un danger pour la vie des citoyens, ce qui a poussé l'autorité déléguante à en interdire l'usage. Cependant, la société a pu surmonter ces contraintes et acquérir 289 bus neufs de l'ensemble des 400 bus devant être mis en circulation pendant les premiers 18 mois de la gestion déléguée. Maintenant que les travaux de tramway touchent à leur fin, il sera procédé à la restructuration du réseau de transport urbain, ce qui est susceptible d'améliorer les conditions de transport des citoyens et de leur offrir des services de qualité ». Aujourd'hui, les critiques qui fusent de part et d'autre au sujet des crises de transport dans les grandes artères desservies par Stareo seraient pour beaucoup dans l'abrègement de la durée de service de la filiale de Veolia qui était censée s'étaler sur 15 ans selon les dispositions du contrat. Affaire à suivre…

Pour la petite histoire

C'est en grande pompe que Stareo, filiale de la multinationale française Veolia Environnement, fait son entrée en 2008 au secteur du transport à Rabat-Salé-Zemmour-Zaers pour en prendre les commandes officiellement en novembre 2009. Sa durée de service n'était pas de tout repos. Elle était ponctuée de crises de transport, de grèves des employés et de plaintes émanant de citoyens lésés mettant en cause notamment le sous-effectif du parc. Ce n'est que début 2011 que la société a pris d'énergiques mesures pour améliorer la qualité du service en procédant au redéploiement de son parc d'autobus sur toute la région et en programmant l'acquisition de 111 nouveaux bus sur l'année 2011 pour un investissement de 141 millions de dirhams. La première livraison de ces bus en provenance de la Chine vient d'être reçue par Stareo début mars dernier. Tous ces plans ambitieux ont été avortés par l'annulation du contrat de gestion déléguée qui est tombée comme un couperet sur tout le monde.
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