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L'espace public occupé

Entre voitures, terrasses de cafés et différents travaux, les trottoirs perdent peu à peu leur fonction d'origine.

L'espace public occupé
Marcher dix mètres sans être bloqué par des amas de terre ou des morceaux de béton arrachés relève presque de l'impossible.
Les trottoirs, cette partie latérale de la rue réservée aux piétons et destinée à assurer leur sécurité, se trouve aujourd'hui dénaturée. En effet, on y trouve des voitures stationnées, des terrasses de cafés, des arbres mal plantés et mal situés, ainsi que des fosses et des chantiers inachevés. Cet espace appartenant aux collectivités publiques est désormais abandonné aux utilisateurs privés. Cette mauvaise utilisation des trottoirs est l'une des principales causes d'accidents qui menacent les piétons.
Pas plus loin que la semaine dernière, Amine, 10 ans, a failli perdre sa jambe, à cause d'une voiture garée sur un trottoir dans un boulevard de la commune de Sidi Othmane à Casablanca. Selon les témoignages, Amine n'est pas un cas unique. Hassan raconte : «Non seulement le boulevard est dangereux parce que les gens ne respectent pas les feux rouges, mais en plus les automobilistes compliquent la situation en garant leurs voitures sur les trottoirs. Nous n'avons même plus d'espace où marcher».
D'après certains citoyens, confrontés à cette situation de manière quotidienne, ce qui encourage l'anarchie en matière de stationnement est, généralement, le manque de surveillance et le laisser-faire des autorités concernées. De leur côté, les automobilistes essayent de se trouver des alibis.

«Trouver une place pour stationner sa voiture dans une grande ville comme Casablanca relève du parcours du combattant.
Entre les parkings plein à craquer et les travaux du tramway, on peut mettre des heures pour garer sa voiture correctement. Le trottoir est la seule alternative qui nous reste. Bien que ce geste représente un danger pour les piétons, nous n'avons pas vraiment le choix», lâche un automobiliste.
D'après le code de la route, le trottoir est réservé aux piétons et aux usagers se déplaçant sur des véhicules à roulettes comme les poussettes pour enfant et les patins à roulettes. Donc, un véhicule motorisé n'a pas le droit de stationner et de circuler sur un trottoir, sauf sur les «charretières», parties de trottoir dont la bordure est abaissée pour permettre aux véhicules à moteur de pénétrer dans la propriété adjacente.
Outre le stationnement anarchique des voitures, les terrasses des cafés dérangent également les piétons. Wafâa, jeune rbatie, ne supporte plus de devoir marcher sur la chaussée au milieu des automobiles pour faire ses courses chaque matinée, au lieu de passer par l'accotement du trottoir.
«Il est vrai que les autorités ont fourni beaucoup d'efforts pour lutter contre ce phénomène, cependant certains cafés continuent tout de même d'installer des terrasses sur les trottoirs. C'est inacceptable !» s'indigne la jeune femme.

Les piétons ne sont pas au bout de leurs peines.
Les fosses et Les chantiers inachevés viennent s'ajouter à la liste des désagréments sur les trottoirs. «Beaucoup de trottoirs sont devenus impraticables. Marcher dix mètres sans être bloqué par des amas de terre ou des morceaux de béton arrachés, relève presque de l'impossible. Des trous, des ordures, de la boue… on y trouve tout ce qui peut déranger.
Franchement, je préfère utiliser la chaussée. Bien que ce soit dangereux, c'est moins fatigant et surtout moins frustrant», témoigne amèrement Hicham. En effet, les marcheurs sont obligés de zigzaguer sur le trottoir.
Ils ne peuvent plus marcher sans être confrontés aux risques de chute ou de blessure. Ce qui engendre un sentiment d'insécurité pour les usagers, sans parler de la mauvaise image que reflètent ces trottoirs fissurés. «Nous ne pouvons plus marcher sur les trottoirs sereinement. Après les travaux, ils sont toujours abandonnés dans un état délabré. Comme si supporter toutes les contraintes des travaux sur les trottoirs (poussières, pollution sonore…) n'était pas suffisant.

Nous avons l'impression que la réparation des “dégâts” occasionnés par les travaux ne figure pas sur la liste des priorités des responsables communaux. C'est inadmissible !» fustige Réda. Entre leurs mauvaises utilisations, les travaux qui s'éternisent ou les chantiers suspendus, les trottoirs perdent tout leur sens et leur utilité.


Code de la route et trottoir

Le code de la route est clair quant à la bonne utilisation des trottoirs.
- Article 6 : Tout véhicule doit être maintenu à une distance suffisante du bord de la chaussée pour éviter tout accident aux usagers des trottoirs, refuges, contre allées et accotements.
- Article 13 : Lorsqu'une partie de la route a été aménagée spécialement en trottoir ou pistes en vue de circulations déterminées (pour piétons, cavaliers, cyclistes, etc.), il est interdit de l'utiliser pour d'autres modes de circulation.
- Article 52 : Par dérogation à l'article 13 ci-dessus, la circulation des cycles est admise sur les trottoirs à condition que les machines soient conduites à la main.
- Article 53 : Lorsque les trottoirs ou contre-allées sont aménagés spécialement pour l'usage des piétons le long de la voie publique, ceux-ci doivent s'y tenir, en cas d'impossibilité, ils ne doivent emprunter la chaussée qu'après s'être assurés qu'ils peuvent le faire sans danger.

* Journaliste stagiaire
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