Selon les éminents chercheurs, historiens, érudits et personnalités du monde de la culture qui ont pris part à cette manifestation, initiée par le ministère de la Culture autour du thème : «Le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, de la Baiâ à l’appel du Sultan en 1939», le regretté Souverain a joué un rôle de premier plan dans les changements significatifs qui ont eu lieu au Maroc durant le 20e siècle, en ayant le courage de braver le colonialisme pour porter le flambeau de la lutte pour la dignité et la liberté.
Dans ce cadre, l’historien et directeur des Archives du Maroc, Jamaâ Baida, a relevé que tout historien ne pouvait aborder le processus de récupération de la souveraineté du Royaume et d’édification des premières institutions du Maroc indépendant sans insister sur l’apport précieux et considérable du Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, précisant que le défunt Souverain était un grand homme politique qui a vite saisi les manœuvres des colonialismes visant à le déposséder de ses prérogatives en tant que Roi légitime du Maroc. Pour couper court aux tentatives du colonialisme, a-t-il dit, le défunt Souverain a multiplié les signes d’adhésion et de soutien aux demandes de réformes formulées par le Mouvement national, et renforcé les contacts et les réunions avec les leaders nationalistes marocains. Il a également évoqué les positions de feu S.M.
Mohammed V durant la Seconde Guerre mondiale mettant en relief son appel, salué par le mouvement national, pour la mobilisation du peuple marocain aux côtés des alliés pour le triomphe des valeurs de liberté et de démocratie.
L’historien a noté que l’appel historique de Tanger avait marqué la rupture entre la résidence générale de France et le Sultan accélérant ainsi le processus de déportation du Souverain en Corse puis à Madagascar, sans réussir toutefois à entamer la symbiose entre le peuple et le Roi comme en témoignent les nombreuses manifestations organisées dans toutes les régions du Maroc réclamant le retour du Souverain.
L’historien Mustapha Chabi a fait remarquer que le voyage de feu S.M. Mohammed V à Tanger et son appel historique lancé dans cette ville marquaient un tournant décisif dans l’histoire du Maroc et une rupture avec une longue période d’attentisme. Ce discours, marqué du sceau de l’intelligence et de la modération dans le propos, a suscité une large satisfaction aussi bien au Maroc que dans le monde arabe, a-t-il dit, précisant que ce discours avait démontré la sagesse et la maturité politique du regretté Souverain qui a insisté sur la détermination du Maroc d’aller de l’avant dans son combat pour le recouvrement de son indépendance et l’adhésion à la Ligue arabe.
Positions courageuses
De son côté, le journaliste et écrivain Mohammed Larbi Messari a souligné les positions courageuses de feu S.M. Mohammed V contre le colonialisme et son attachement à la modernité en symbiose avec les valeurs ancestrales et l’authenticité du pays. Il a affirmé que le regretté Souverain dirigeait la lutte du peuple marocain pour l’indépendance dans un contexte difficile, ajoutant que le Sultan utilisait dans ce combat le pacte du protectorat lui-même, qui a accordé au défunt Souverain plusieurs prérogatives, notamment la responsabilité du colonialisme dans la défense du rôle du Sultan en tant que Roi du Maroc. Il a également évoqué les positions de feu S.M. Mohammed V mêlant modernité et authenticité comme son refus des atteintes aux droits des juifs marocains et ses réunions avec les dirigeants du Parti communiste marocain, ce qui atteste de son attachement au multipartisme en plus de son affirmation que le Maroc indépendant sera une monarchie constitutionnelle.
La deuxième séance de cette université, qui a eu lieu samedi à Errachidia, a été marquée par la projection d’un documentaire sur le combat de feu S.M. Mohammed V et par une exposition de documents et photos sur la symbiose entre le Roi et le peuple pour réussir l’épopée de l’indépendance.
La séance d’ouverture avait été marquée par la lecture du message adressé par S.M. le Roi aux participants à cette université qui a traité de quatre thèmes principaux en rapport avec la vie et l’œuvre de feu S.M. Mohammed V, à savoir «Les mutations de la société marocaine du temps du Sultan Moulay Youssef», «Les appels à la réforme de la société», «La création littéraire et les créateurs» et «Le système éducatif et les tentatives de réforme». Après Rissani et Errachidi, la 17e session de l’Université Moulay Ali Chérif mettra le cap sur Oujda (février 2013), Agadir (mars 2013) et Rabat un mois plus tard. Cette université s’est érigée, depuis sa première session en 1989, en rendez-vous annuel au service de la recherche sur l’histoire et le patrimoine du Maroc sous le règne de la Dynastie alaouite.
