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Les pétards sont de retour

● Les pétards sont responsables de plusieurs traumatismes oculaires.
● Les commerçants en vendent plusieurs variétés dangereuses en catimini.

Les pétards sont de retour
Les pétards sont très demandés sur le marché casablancais.

Les quartiers de la capitale économique vivent depuis plusieurs jours aux rythmes de «Achoura». Les achats de jouets ont commencé dans les magasins, centres commerciaux et petits marchés de la ville. On voit partout des étalages de poupées, voitures, armes en plastique… «Les gens achètent, à cette occasion, des fruits secs et des encens, mais surtout des jouets. Achoura est avant tout la fête des tout petits», nous confie Hajja Fatna, vendeuse de jouets en plastique à Derb Sultan.

En effet, la tradition marocaine veut que le 10 Muharram corresponde à un jour de partage et de charité, mais aussi à un jour où les enfants reçoivent des cadeaux, normalement des friandises, des poupées, des tambours… Mais avec le temps, les tam-tams ont perdu de leur importance et ont été remplacés par des jouets plus modernes et des jeux «éducatifs».
Pendant ce mois de Muharram, les jeunes casablancais s’intéressent surtout à un autre type de jeux : les explosifs.

«Dès le premier jour du Nouvel An de l’hégire 1434, nous avons commencé à entendre les explosions de pétards», déplore un habitant de la capitale économique. Normalement interdits à cause de danger qu’ils présentent, les explosifs sont très demandés sur le marché casablancais. «Il y a toujours un moyen de se procurer un paquet ou deux de pétards.
Personnellement, je m’en approvisionne chez un camarade de classe qui en achète avec son père à Derb Omar», nous confie un petit casablancais. Si certains enfants ont le soutien de leurs parents pour acheter ce genre de gadgets, d’autres peuvent s’en procurer en catimini. «Certains commerçants sans scrupule vendent des explosifs dangereux à des petits enfants âgés de moins de dix ans», affirme une mère de famille au Hay Mohammadi, qui ajoute : «Mon fils de six ans a failli perdre son œil l’année dernière à cause d’un explosif». En effet, il suffit de faire un tour au quartier Derb Omar pour constater les nouvelles méthodes de vente d’explosifs.

Une offre variée, malgré l’interdiction

Malgré la décision des autorités de la ville d’interdire la vente de ces produits, plusieurs jeunes et marchands ambulants proposent, en cachette, différents types d’explosifs aux enfants et adultes. Ils détectent leurs clients potentiels et leur soufflent le mot «kanboul» (explosifs). Une fois ce «code» accepté, les vendeurs ou les vendeuses négocient le type d’explosif à commercialiser. Le plus demandé est le «Zidane». Vendu à 20 DH, – le paquet contient 60 unités –, cet explosif est connu pour sa forte contenance en carbone et son effet «satisfaisant». «“Zidane” est très facile à exploser et fait beaucoup de bruit. Il y a un autre type de la même marque encore plus gros pour plus de fun», nous confie un petit casablancais de douze ans. Selon ce petit connaisseur en explosifs, le «ferkh» (oiseau) est également connu pour son explosion rapide et forte : «On achète une ceinture de “ferkh” à 30 DH. On peut ensuite la faire exploser tout entière ou en partie». Un autre type de pétard appelé communément «miche» est également vendu, moyennement 2,5 dirhams, sous forme de ceinture de 20 à 40 unités.

Les «grenades» ou «granada» comme l’appellent les jeunes casablancais, sont par contre plus chères. À 10 DH l’unité, elles ne sont pas aussi fortement commercialisées comme les autres types de pétards. De même, les fusées, vendues à 6 DH l’unité ou 22 DH le paquet, sont aussi demandées par des personnes qui cherchent plus de fun, mais qui ne savent pas forcément comment les utiliser. Selon certains amateurs de ce type de distraction, «chitana» (diablesse) reste de loin le meilleur pétard à faire exploser en cette période. «Malgré sa petite taille, “chitana” produit un effet de tremblement. Pour un effet plus fort, on peut la remplir de carbone», nous explique un jeune casablancais. Importés en majorité de la Chine, ces produits nocifs trouvent toujours un moyen d’arriver entre les mains des enfants. Certains vendeurs les cachent en dessous de leurs marchandises ou bien dans un coin loin des yeux des autorités.

«On doit faire attention, car la police est très à cheval sur ce genre de produits», nous confie l’un des vendeurs qui dissimule les pétards sous des serviettes de cuisine. «Même s’ils sont interdits, les armes de Achoura sont très demandées. En plus, ce n’est pas moi qui les importe. Il faut remonter au haut de la chaîne pour les interdire réellement», souligne-t-il. Selon certains professionnels de ce domaine, plusieurs conteneurs de pétards passent par les mailles des filets. «Ces explosifs sont vendus à des prix beaucoup plus bas que sur le marché dans le port», avance un acheteur de pétards à Derb Omar. Et d’ajouter que «certains jeunes fabriquent leurs propres pétards à base de carbone en poudre et d’autres produits vendus en commerces».

Des produits nocifs

Rappelons que les pétards sont la première cause des accidents en période de Achoura, causant des contusions oculaires avec parfois un œdème de Berlin. L’atteinte oculaire par fusée peut aussi provoquer un éclatement du globe oculaire et une plaie de la paupière. Les bombes de carbone, «étoiles» et la limaille de fer peuvent être responsables de brûlures de deuxième degré palpébrales et conjonctive-cornéennes. Par ailleurs, les pistolets à bille peuvent provoquer des contusions oculaires.
En dehors des traumatismes oculaires, le jeu par pièce d’artifices est responsable de lésions dont le siège, la nature et la gravité sont variables. Les brûlures sont les lésions les plus fréquentes. Elles sont localisées surtout au niveau de la face et au niveau des membres, responsables parfois d’un délabrement. D’autres lésions peuvent aussi être enregistrées notamment des traumatismes auditifs, une gêne respiratoire due à l’allergie au métal et des troubles psychiques provoqués par l’explosion des pièces d’artifices.

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