La Banque africaine de développement (BAD) vient de publier un nouveau rapport sous l’intitulé : «libérer le potentiel de l’Afrique du Nord grâce à l’intégration régionale». Ce document a fait le point sur les principaux problèmes et défis à l’intégration régionale en Afrique du Nord, à travers un certain nombre de domaines thématiques. Il s’agit, notamment de : la facilitation du commerce et du transport, l’énergie, le changement climatique et l’environnement, le secteur financier, le développement humain et les technologies de l’information et de la communication. L’une des conclusions de ce rapport est que l’intégration régionale dans cette partie du continent, à laquelle appartient le Maroc, n’en est qu’à ses balbutiements. Avec un commerce intra-régional représentant moins de 4% de l’ensemble des échanges, la région est, dans le monde, la moins intégrée économiquement. Le rapport précise que, de tout temps, l’intégration entre les pays d’Afrique du Nord a été limitée par la politique intra-régionale, conjuguée à d’importants intérêts bilatéraux privilégiant l’intégration avec l’Europe et, plus récemment, une offensive en direction de l’Afrique subsaharienne.
Alors que l’intégration régionale peut contribuer, de façon significative, au développement économique et social des pays d’Afrique du Nord (Algérie, Égypte, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie) en augmentant les possibilités de réaliser des économies d’échelle, en améliorant les échanges extérieurs et régionaux et en renforçant les politiques en vue d’accroître la compétitivité. Les avantages cumulés et indirects de l’intégration régionale grâce à l’intégration poussée et à la mise en œuvre des réformes dans les pays d’Afrique du Nord seraient substantiels.
En effet, selon la Commission économique pour l’Afrique (CEA), les gains de la libéralisation des biens uniquement avoisineront les 350 millions de dollars en 2015. Selon ce document, les divers atouts dont dispose la région offrent l’occasion d’approfondir le développement grâce à l’intégration. Le Maroc, la Tunisie et l’Égypte possèdent des secteurs privés dynamiques ainsi que des bases de production diversifiées, avec des secteurs de services en expansion, malgré la faiblesse de leurs ressources financières. La Libye et l’Algérie ont des excédents de capitaux et de larges marchés des biens et services, ainsi que des potentialités d’emplois pour les migrants. Il existe de toute évidence des possibilités de tirer des avantages mutuels grâce à l’investissement et aux échanges transfrontaliers entre ces deux groupes de pays, soulignent les rédacteurs du rapport. Néanmoins, l’intégration régionale demeure très limitée en Afrique du Nord. Le niveau d’échanges intra-régionaux y est le plus bas de toutes les régions du monde et se situe bien en deçà de celui atteint par d’autres communautés régionales du continent.
Le coût économique de cette absence d’intégration est estimé entre 2 à 3% du PIB. La BAD estime, à travers son rapport, que l’absence de volonté politique et les préoccupations sécuritaires sont en général les facteurs clefs qui entravent l’intégration régionale en Afrique du Nord. La fermeture de la frontière algéro-marocaine depuis 1994 a effectivement divisé la région de l’Afrique du Nord en deux zones géographiques distinctes et difficiles à relier. Cette situation limite les échanges et les investissements entre ces deux pays directement concernés ainsi que le transit des biens et des services, de part et d’autre, des frontières. L’appui politique en faveur de l’intégration régionale en Afrique du Nord n’a pas été ferme et pas souvent concluant, comme l’attestent les résultats non performants, enregistrés dans la mise en application de divers accords et décisions. L’une des causes et conséquences de l’intégration limitée est le caractère fragmenté des initiatives régionales et l’absence d’une architecture institutionnelle unissant les pays d’Afrique du Nord.
L’Union du Maghreb arabe (UMA) regroupe tous les pays de cette région, sauf l’Égypte, qui est membre du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA). Tous les pays de cette région, sauf l’Algérie, font partie de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD). Ces deux organisations ont élaboré des programmes graduels et de long terme pour parvenir à l’intégration économique totale. Toutefois, ces programmes ne sont guère pris en compte dans les politiques nationales et peu de progrès ont été accomplis dans la ratification des accords régionaux.
