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«Le Maroc acteur de l’unité du mouvement municipal africain»

L’année 2013 sera riche en événements, parmi lesquels la tenue du IVe Congrès mondial des Cités et gouvernements locaux unis (CGLU) à Rabat, qui réunira quelque 3 000 maires venus du monde entier. Après Paris en France, Jeju en Corée du Sud et Mexico au Mexique, Rabat accueillera, au nom de l’Afrique, le quatrième sommet mondial des villes.

«Le Maroc acteur de  l’unité du mouvement  municipal africain»
Aux côtés du Président de la République du Sénégal Macky Sall, le ministre de l’Intérieur Mohand Laenser.

Au-delà de l’aspect de grand-messe, en quoi cet événement triennal est-il important ? Il soutient une dynamique portée par les collectivités locales africaines qui ont été au centre des débats du Sommet Africités de Dakar qui s’est tenu du 4 au 8 décembre 2012 et qui a marqué un retour indéniable du Maroc dans le continent africain, dans ce qu’il a de plus «démocratique», à savoir dans le local, étant entendu que toute intégration ne peut se faire que par la base et par la décentralisation. Un retour souhaité et fêté, comme en témoignent l’accueil et les ovations faites aux édiles du Maroc venus très nombreux à Dakar. L’unité du mouvement municipal africain a d’autre part été confirmée par l’intégration de l’Afrique du Sud, désormais membre des instances dirigeantes du CGLU, et le maintien du siège du Congrés à Rabat.

L’élection de Khalifa Babacar Sall, maire de Dakar et secrétaire général de l’Association internationale des maires francophones, à la présidence du CGLU, celle de Hamza Ould Hamza, maire de Nouakchott, au poste de vice-président de l’Afrique du Nord sont de bon augure pour le Maroc qui a obtenu le poste de trésorier du CGLU monde. À Dakar, le Maroc, qui était l’invité d’honneur, était présent avec une forte délégation, présidée par le ministre de l’Intérieur Mohand Laenser et Fathallah Oualalou, maire de la ville de Rabat, et composée de ministres, d’élus, de présidents et de responsables des collectivités locales et des administrations centrales, de représentants d’organisations de la société civile, d’opérateurs économiques des secteurs publics et privés, des universitaires. Le sommet aura constitué un moment privilégié pour resserrer les liens avec les pays d’Afrique et un moment de réflexion autour d’un thème d’avenir : «Construire l’Afrique à partir de ses territoires : quels défis pour les collectivités locales ?»

Le CGLU selon ses statuts se définit comme «la voix unie et le défenseur de l’autonomie locale et de la coopération entre les gouvernements locaux», une tendance déjà intégrée à travers le choix de la décentralisation pour lequel le Maroc a opté, comme le souligne Abdelouahed Ourzik, directeur des Affaires juridiques et de la coopération et coordonnateur du Pavillon marocain au Sommet de Dakar, qui rappelle qu’au sommet Africités de Marrakech, le Prix de la décentralisation Africités V a été attribué au Maroc pour les efforts accomplis, cinquante années durant, en matière de gestion locale et de décentralisation. Depuis l’adoption du premier découpage communal, en 1959, le Maroc s’est en effet engagé dans un processus de décentralisation et de déconcentration avec le renforcement des 75 préfectures et provinces, des 16 régions et des 1 503 communes urbaines et rurales. Parallèlement aux rencontres politiques des maires, des ministres, des partenaires de développement, le Sommet de Dakar a été riche en discours, en débats : 150 sessions et plusieurs tables rondes portant sur l’état des lieux de l’Afrique et son avenir, sur l‘intégration de l’Afrique : où en est on ? Quelles étapes faut-il franchir ? La conférence sur la régionalisation avancée a constitué l’un des moments forts avec la présentation de l’Initiative nationale de développement humain par Mme Nadira Guermai, gouverneur, l’expose de M. Sakkel, directeur général de l’Agence du Bouregrerg, du chantier de développement que connait la ville de Rabat et ses perspectives d’avenir, la présentation par MM. Beniiche et Belfdil des expériences respectives de Casablanca et de Rabat en matière de développement des investissements et de facilitation de l’environnement des affaires. L’atelier spécialement consacré à la coopération décentralisée, présidé par Salah Hamzaoui, président de la région Tadla-Azilal, a également connu une forte affluence et a été suivi par la signature d’une vingtaine de conventions entre des communes marocaines et africaines en présence du ministre de l’Intérieur et de hauts responsables du ministère.

La table ronde sur la régionalisation a drainé un auditoire très concentré : dans une salle comble où était présents de nombreux maires Africains et après un rappel du contexte historique de la régionalisation au Maroc par Hassan Aghmari, directeur des élections, et un exposé de Rachid Afirat, directeur du Patrimoine, gouverneur, Abdelouahad Ourzik, directeur des Affaires juridiques et de la coopération et coordonnateur du Pavillon marocain au Sommet de Dakar a mis l’accent sur les principales caractéristiques du projet de régionalisation avancée qui reposent sur plusieurs dimensions. Sur une approche globale et intégrée tout d’abord, qui tient compte des réalités économiques, sociales et géographiques de toutes les composantes du territoire du Royaume ; sur une approche originale parce qu’elle repose sur des principes fondamentaux inscrits dans la Constitution qui consacrent la nouvelle répartition des pouvoirs entre l’État et les Collectivités territoriales ; sur une approche participative parce qu’elle met à contribution les acteurs économiques et sociaux et la société civile, une approche progressive qui prend en considération les acquis de l’expérience en matière de décentralisation…

Au Maroc, les régions n’ont été élevées par la Constitution au rang de collectivités locales qu’en 1992, mais le travail de la Commission consultative de la régionalisation (CCR) a permis un «saut qualitatif», car il pose les fondements d’un nouveau modèle de régionalisation pour les pays en développement qui repose sur l’instauration d’une plus grande légitimité démocratique ; sur des compétences étendues et mieux articulées pour les régions, notamment en matière de développement intégré ; sur le projet d’adopter un plan de mise à niveau sociale des régions ; sur le renforcement des capacités exécutives et de gestion des collectivités territoriales pour une gouvernance plus performante, sans oublier un nouveau découpage du pays en 12 régions «viables, alliant cohérence et stabilité», au lieu des 16 actuellement en vigueur. Les rapports de l’État avec les CT, qui étaient fondés sur la notion de tutelle, devraient laisser la place au principe de «libre administration» consacré par la nouvelle Constitution qui implique une autonomie administrative et financière.

Autre question nodale : celle du rôle des représentants de l’État et des autres institutions pour assister les CT et assurer la cohérence avec l’action de l’État en matière de développement.
Le débat a porté sur les enjeux liés aux compétences qui seront dévolues aux régions, à leur modalité de financement, «ce réel douloureux», et à la question des voies et moyens pour renforcer les capacités en encadrement et en ressources humaines qualifiées. Sur cette question, Allal Sekrouhi est revenu sur l’impérieuse nécessité de former le capital humain, selon quels profils, quel modèle, quels modules de formation ! Le projet de création de l’Académie africaine des collectivités locales avait été sélectionné parmi 15 programmes prioritaires au Sommet Africités de Marrakech. Le Maroc peut être sur le plan de la formation un partenaire stratégique, notamment en termes d’accréditation des centres de formation.

En termes d’amélioration des compétences, c’est Najat Zarrouk, gouverneur, directrice de la Formation des cadres administratifs et techniques au ministère de l’Intérieur, qui porte le projet et que nous avons interrogée. Mme Zarrouk n’a eu de cesse d’encourager le réseau des femmes élues locales d’Afrique qui s’étaient réunies en mars 2011 à Tanger pour leur premier forum, des femmes élues locales d’Afrique qui veulent améliorer leurs compétences et leur formation pour mieux répondre aux attentes des populations.
Des attentes immenses liées aux services de base, au logement, à l’eau, à l’électricité, à la collecte des déchets, aux latrines, mais aussi des revendications en termes de justice sociale, de dignité, de liberté... des revendications qui doivent être entendues, faute de quoi, avec l’accélération de l‘urbanisation et le basculement vers les villes, il faudra s’attendre à d’autres «Printemps africains».

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