C’est à cette problématique de l’accès à la santé qu’entreprend de remédier le régime d’assistance médicale (Ramed), projet colossal mis sur les rails sous l’impulsion de S.M. le Roi Mohammed VI, en complément de celui de la couverture médicale lancé en 2002. Hautement significatif, le geste royal fait date en plaçant l’action sociale de l’État au service des couches les plus défavorisées, jusqu’ici incapables de se prendre en charge médicalement comme il se doit.
En harmonie avec l’esprit de l’engagement royal en faveur du développement humain, le nouveau régime d’assistance médicale ouvre donc la voie pour la première fois aux démunis pour bénéficier des services publics de santé, sur un pied d’égalité avec les autres catégories sociales. Tel est le génie à la base de cette entreprise vertueuse qui formalise, dans les faits, les principes d’entraide sociale et de solidarité nationale dont le Souverain a jeté les bases depuis le début de Son règne. Ce sont donc près d’un tiers de Marocains, économiquement en manque de ressources, qui pourront tirer profit des prestations médicales des hôpitaux publics, avec un investissement avoisinant les trois milliards de dirhams pour la seule année 2012.
Or, si cette grande réalisation sociale a pu voir le jour, c’est dans la continuité de l’autre chantier phare qu’est la couverture médicale de base, lancé il y a 10 ans avec la promulgation du Dahir portant application de la loi sur l’assurance maladie obligatoire (AMO). Avec l’entrée en application de l’AMO en mars 2006, le Ramed est naturellement venu se greffer à cette vision royale intégrée, constamment portée sur le bien-être du citoyen. Cette initiative d’envergure nationale a nécessité plus de temps en raison de la difficulté d’identification de la population éligible. Pour s’y mettre, un comité national de suivi avait été mis sur pied dès 2003. Reste que ce chantier en soi n’est pas parti du néant, puisque le principe de gratuité, fondé jusqu’alors sur le fameux certificat d’indigence, était toujours retenu. Avec le Ramed, il fallait pallier les dysfonctionnements et assurer la couverture à ceux qui en ont réellement besoin.
L’expérience-pilote, qui avait finalement démarré en juin 2008 dans la région de Tadla-Azilal, a permis à 255.000 personnes de bénéficier de la couverture médicale. Au total, 66.500 cartes de bénéficiaire ont pu être distribuées dans la région. La gratuité n’étant pas totale pour tous, la population bénéficiaire, soit 8,5 millions, est répartie en deux catégories : les démunis relatifs et les pauvres absolus. Cette distinction prend en ligne de compte les revenus de chacun des membres du ménage dans les villes ou bien son patrimoine s’il est installé en milieu rural.
C’est cette distinction qui a permis de déterminer la contribution au Ramed : les personnes en situation de pauvreté relative sont tenues de s’acquitter d’une cotisation individuelle de 120 DH/an, sans pour autant dépasser le seuil de 600 DH par foyer. En revanche, les prestations sont totalement gratuites pour les personnes en situation de précarité absolue.
«Une procédure d’adhésion souple et largement accessible»
L’adhésion au Ramed est ouverte à toute personne souhaitant bénéficier de l’assistance médicale. Remis gratuitement aux postulants, le formulaire est déposé, accompagné de documents justificatifs de la situation matérielle des intéressés, à l’annexe administrative, caïdat ou pachalik. Le dossier est étudié par une commission locale, composée de représentants de plusieurs départements, qui décide de l’admission ou pas au nouveau régime. Une fois la décision prise, le dossier est transféré à l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) chargée de l’immatriculation des bénéficiaires. L’agence leur octroie un identifiant personnel et leur délivre une carte par famille, remise au bénéficiaire par les annexes administratives dans un délai de trois mois après le dépôt de la demande.
Les bénéficiaires, pauvres absolus ou relatifs, ont droit aux mêmes prestations médicales assurées par les hôpitaux publics ou tout établissement de santé relevant de l’État. La carte Ramed leur offre la possibilité d’une prise en charge totale des soins médicaux dans les hôpitaux publics. Pour parer à toute insuffisance, l’État entend mettre en place un partenariat public-privé qui permettra d’assurer ces prestations. Des discussions sont en cours avec les médecins du privé afin de réglementer le cadre du partenariat.
Fort de cette initiative royale, le Royaume est en droit de se prévaloir d’être le premier pays du continent africain et du monde arabe à disposer de mécanismes, à la fois efficients et solidaires, de lutte contre la précarité et l’exclusion.
