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Derrière le ton positif, les sujets qui fâchent

Toujours peu de courage pour aller aux sources fiscales.

Derrière le ton positif, les sujets qui fâchent
Nizar Baraka s’exprimant au Parlement.

C’est aujourd’hui que le ministre de l’Économie et des Finances présentera le projet de loi de finances 2013 en séance plénière devant les élus des deux Chambres du Parlement. Il s’agit du premier Budget préparé par le gouvernement Benkirane d’où son importance pas uniquement économique, mais politique et stratégique. Car, les prévisions qui y sont incluses feront sûrement l’objet d’un suivi, contrairement à la coutume qui consiste à faire table rase, même si les objectifs ne sont pas atteints. Remarque générale : le projet de Budget 2013 est décliné sous une note positive. La majorité des indicateurs qui en constitue le corps table sur des améliorations affirmées. La croissance du PIB devrait ainsi gagner 1,1 point, passant de 3,4% en 2012 à 4,5 l’année prochaine. Il faut dire que le débat sur le taux de croissance n’a jamais été tranché entre les prévisions gouvernementales, celle du HCP et celles des autres organismes de la conjoncture. Cette évolution prévue n’est tout de même pas contraire au trend mondial.

Selon le FMI, la croissance économique mondiale devrait se redresser en 2013, pour s’établir à 3,6% contre 3,3% en 2012 et 3,8% en 2011. Toutefois, la zone euro, marché immédiat du Maroc, n’est pas encore sortie de la tourmente. Après une récession en 2012 (-0,4%), cette région devrait enregistrer une croissance faible, limitée à 0,4%. Cette situation s’explique partiellement par les effets de l’austérité budgétaire, la montée du taux de chômage et le désendettement des secteurs privés.

Autre remarque à l’endroit de ce PLF 2013, a trait à la multiplication des exceptions et autres exonérations fiscales contrairement à la volonté affichée d’introduire une réelle réforme globale et structurelle de la fiscalité. Il ne s’agit pas là d’un vice à encoller à l’actuel exécutif. Ses prédécesseurs ont dû fléchir devant certains lobbies forts de l’économie.

L’immobilier, l’agriculture, le tourisme et autres grands contributeurs continuent d’en profiter. D’aucuns estiment que le gouvernement se trompe toujours de cible en ce qui concerne les ressources fiscales. Il critique par la même occasion la décision de taxer les moyens et hauts salaires même si une telle mesure est censée renforcer le budget social en alimentant le Fonds de solidarité. À titre d’illustration, un salarié qui touche 25 000 DH par mois, à raison d’un taux de 3%, devra payer chaque année 9 000 DH au profit du Fonds. À ce niveau de salaire, la personne concernée est considérée comme riche, alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter, tandis que les engagements ne sont pas les mêmes que pour un petit salaire. Il faut s’attendre à un débat houleux au Parlement, à ce niveau.

Autre préoccupation majeure : la préservation des équilibres macroéconomiques. C’est devenu un vrai baromètre de la performance d’une économie depuis la crise de 2008. Et, compte tenu des évolutions prévues des recettes et des dépenses globales pour l’année 2013, le déficit budgétaire se situerait à 43,5 milliards de DH ou 4,8% du PIB. Loin des 3% fixés à terme, mais une réduction prometteuse, explique-t-on par rapport à la loi de Finances 2012.

Enfin, c’est devenu depuis quelques années une Arlésienne, le projet de réforme de la Loi organique relative à la loi de Finances devrait connaitre un meilleur sort que par le passé. Ce texte consacre la performance dans la gestion des deniers publics et la programmation des dépenses selon la motivation des besoins ainsi que le développement de l’audit des politiques publiques. Il devrait, annonce-t-on, intégrer le projet de la régionalisation avancée en introduisant la dimension régionale dans la présentation du budget de l’État.

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