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L’ambassade de Pologne rend hommage au peintre Ahmed Cherkaoui

● La Pologne fête le 220e anniversaire de ses relations culturelles et scientifiques avec le Maroc, ayant commencé avec le voyage du comte Jan Potocki.
● Plusieurs activités culturelles et artistiques sont organisées à cette occasion, à partir du 3 mai à la Bibliothèque nationale.

L’ambassade de Pologne rend  hommage au peintre Ahmed Cherkaoui
Ahmed Cherkaoui a passé une année à étudier l’art polonais.

Pour commémorer ces 220 ans de relations entre les deux pays, l’Ambassade de Pologne a préparé un événement de grande importante coïncidant avec la fête nationale de la République de Pologne. Une idée née lors d’une rencontre, en été 2011 à Tanger, qui a réuni le peintre et sculpteur polonais, Tomek Kawiak, l’avocate Joanna Karniol et son mari Bogdan Szczesiak, l’actuel ambassadeur de la République de Pologne au Maroc, Witold Spirydowicz, et sa femme Marta, consul de Pologne.

« Nous avons discuté du journal de voyage au Maroc, voyage effectué il y a exactement 220 ans par le comte Jan Potocki, scientifique, écrivain et inventeur polonais. Nous étions étonnés de l’actualité des descriptions des paysages, de la nature et des types humains qu’il a développées dans son ouvrage « Voyage dans l’Empire du Maroc ». Au fil de la discussion, nous nous sommes intéressés à l’histoire des fascinations mutuelles entre le Maroc et la Pologne qui existaient depuis plus de deux siècles. Ainsi, nous avons pensé à organiser une exposition mettant en exergue les liens entre l’art de la Pologne et celui du Maroc, deux pays, pourrait-on dire, si éloignés et si proches en même temps », explique M. l’ambassadeur, dont le projet a pris plus d’ampleur avec d’autres prestations en parallèle.

L’inauguration de cette manifestation s’effectuera, donc, le 3 mai à la Bibliothèque nationale du Royaume, à travers une exposition plastique inédite de célèbres peintres marocains et polonais, et ce, en hommage à l’artiste Ahmed Cherkaoui. Ce dernier qui fut passionné par l’art graphique, très développé dans les années soixante en Pologne, a passé une année à étudier l’art polonais. Son travail à Varsovie, réalisé entre 1960 et 1961, l’a placé en tant que précurseur de la peinture moderne au Maroc.

Des peintres de grande notoriété sont, ainsi, invités à cet événement, notamment Farid Belkahia, Mohamed Melehi, Mahi Binebine, Mohamed Mrabet, Nourddine Chater, Omar Mahfoudi, Mohamed Menguit, Zakaria Ramhani, Mustapha Hafid et Aziz Sayed. Ces derniers seront accompagnés d’artistes polonais très liés avec le Maroc sur les plans professionnel et sentimental comme Tomek Kawiak, Bogdan Korczowski et Anna Draus Hafid. Un séminaire figure, également, au programme de la journée du 4 mai où des spécialistes débattront du passage de Jan Potocki au Maroc, des relations maroco-polonaises, puis des Polonais qui ont laissé, à travers leur résidence au Royaume, des traces visibles et profondes dans les domaines scientifique, social et culturel. Des débats qui seront appuyés par la projection de documentaires réalisés par Urszula Dubowska et Daniel Szczechura.


Entretien avec Witold Spirydowicz, ambassadeur de la République de Pologne au Maroc

«Le Maroc a toujours fasciné les Polonais»

Le Matin : Quel est votre constat sur les relations entre le Maroc et la Pologne ?
Witold Spirydowicz : Justement, cet événement est le fruit d’une relation séculaire entre nos deux pays, surtout culturelle qui existe officiellement et intensément depuis un demi-siècle. Symboliquement, on prend, bien sûr la date de 1791 liée au premier voyage de notre scientifique, chercheur et écrivain, Jean Potocki, qui a publié son livre «voyage dans l’empire du Maroc en 1791» (Varsovie 1792) en langue française en gage d’amour pour ce pays. Le constat n’était pas aussi intensif en ce temps-là. Mais, le Maroc était toujours un pays qui fascinait les Polonais. Par contre, beaucoup de Marocains ont trouvé leur inspiration artistique en Pologne.

Qu’est-ce qui attire, d’après vous, les Polonais au Maroc ?
L’exotisme, le mode de vie, puis la chaleur et la générosité des Marocains. L’atmosphère ici est très amicale. Je dirai même qu’il y a une certaine similitude quant à nos caractères envers les étrangers que nous accueillons très bien.

Que représente Jean Potocki pour les Polonais ?
Il nous a fait découvrir cette terre encore inconnue pour nous. En effet, quand je lis les pages de son journal, je trouve beaucoup d’actualités sur le Maroc à travers les caractères des personnes, la description des paysages, le mode de vie, les traditions et les coutumes…
D’ailleurs, après avoir écrit son journal, il a publié un roman où il y a beaucoup d’expériences marocaines qui ont contribué à cette liste emblématique pour les Polonais. C’est pour cela que nous invitons pour cet événement un metteur en scène polonais, qui constitue pour nous la continuité de Potocki. Car comme son prédécesseur, lui aussi voyage constamment pour s’inspirer des autres cultures du monde, dont celle du Maroc où il vient régulièrement à Rabat.

Quel a été le frein qui a empêché l’enrichissement de ces relations ?
Il faut admettre que le Maroc reste plus attiré par la culture française. Mais, avec les changements que connaît le monde actuellement, c’est au tour de la langue anglaise qui domine la culture polonaise et celle de toute l’Europe centrale et orientale. Elle est devenue la langue de la culture et de la communication entre les peuples. Je pense que cette barrière de la langue ne constituera plus un obstacle entre nos deux pays. Il faut, donc, accélérer nos échanges dans plusieurs domaines, dont l’enseignement où nous avons énormément à offrir pour les étudiants étrangers.

Pourquoi le choix de Ahmed Cherkaoui pour ce grand hommage ?
C’est une figure symbolique et emblématique de la peinture marocaine. C’est quelqu’un qui a permis plus d’interactions entre nos deux pays. Je pense que l’année qu’il a passée en Pologne a intensément contribué à l’enrichissement de sa créativité picturale. D’ailleurs, c’est sur le conseil de notre artiste polonais, Tomek Kawiak qui travaille à Tanger, que nous avons choisi de rendre hommage à ce grand artiste marocain, grande figure de la culture marocaine.

Y a-t-il des perspectives d’échanges plus intenses dans le domaine culturel ?
Bien sûr. J’ai, en effet, rencontré le ministre de la Culture, M. Sbihi, dans le but de collaborer et d’intensifier davantage nos contacts. Je prévois, donc, pour cette année une autre exposition qui montre la vie de Tatar, un musulman polonais. Cette initiative a été bien accueillie par le ministre. Mon homologue marocain travaille, également, dans la même perspective pour faire découvrir le Maroc en Pologne.
C’est une action que nous menons des deux côtés et que nous espérons qu’elle soit très fructueuse dans toutes les disciplines (musique, théâtre, cinéma, etc.), à travers des semaines culturelles de part et d’autre.

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