Toutes les pistes sont à explorer pour le redressement des comptes extérieurs du pays. C’est ce qu’assurent les spécialistes. En effet, en plus de la nécessité de développer la compétitivité de l’économie nationale et de ses entreprises, en agissant sur les facteurs déterminants à ce sujet, certains économistes suggèrent aussi d’autres pistes, notamment la politique de change. Il en est ainsi des analystes du CMC (Centre marocain de conjoncture) qui ont planché, dans leur dernière publication, sur le positionnement compétitif du Maroc.
«Dans la mesure où la récession menace les principaux partenaires de la zone euro sous l’effet de la crise de la dette souveraine, et où cette récession impactera de manière négative l’activité économique du Maroc et par conséquent viendra contrarier la dynamique des exportations, contribuant, ipso facto, à l’aggravation du déficit commercial, déjà préoccupant», le CMC s’interroge : «dans quelle mesure la politique de change peut-elle être mise à contribution pour aider au redressement des comptes extérieurs ?» Les échanges extérieurs conditionnent en grande partie la croissance économique, particulièrement cette année.
À ce sujet et vu que l’économie nationale est sous les effets négatifs d’une conjoncture internationale incertaine, le CMC prévoit une évolution «assez modeste» de l’activité économique. Ainsi, le taux de croissance retenu dans le scénario prévisionnel pour l’année 2012 devrait se situer autour de 3,2%, affichant un repli d’un point par rapport à 2011.
Cette prévision s’appuie essentiellement sur des perspectives pas très reluisantes de l’activité agricole sous l’effet des conditions climatiques défavorables, mais aussi d’un ralentissement évident de la demande, notamment externe. D’après les économistes du CMC, cette perspective devrait avoir des répercussions sensibles sur les équilibres du budget et des comptes extérieurs ainsi que sur la situation de l’emploi.
S’agissant de la demande externe, le Centre revient sur les effets de la tourmente économique et financière mondiale de 2008 sur la politique marocaine de la libéralisation des échanges. En fait, rappelle-t-on, au cours de ces dernières années, le Maroc a signé des accords commerciaux avec de nombreux pays.
L’objectif affiché était de profiter des opportunités qu’offrait la nouvelle dynamique mondiale de l’ouverture des économies. Toutefois, le Maroc n’a pas su optimiser cette opportunité et a plutôt souffert de l’ouverture des frontières économiques.
Cette nouvelle orientation a fait notamment les frais de la crise économique mondiale de 2008, dont les effets continuent d’affecter à la fois la croissance et l’évolution du commerce mondial, relève-t-on. Selon le CMC, cette crise a eu, au moins, le mérite d’avoir mis en évidence certaines fragilités structurelles des économies. Certes, l’économie marocaine a opposé une résistance assez honorable aux effets de cette crise, grâce notamment à la préservation de la stabilité de ses fondamentaux. Toutefois, note le CMC, certains secteurs orientés vers l’export ont été durement touchés et leur capacité compétitive a été mise à rude épreuve. Cela nécessite d’autres efforts, d’après le CMC, qui signale que l’évaluation du positionnement compétitif du Maroc indique qu’il se situe à mi-chemin entre les économies dont la croissance est tirée par les facteurs et celles dont la croissance est tirée par l’efficience. «Ce positionnement traduit bien la situation d’un pays qui a enregistré ces dernières années d’importants progrès sur la voie de la compétitivité, mais à qui il reste néanmoins beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre les meilleures performances parmi les pays émergents», conclut-on.
Compétitivité : un concept évolutif
La compétitivité étant un concept relatif, sa perception n’est donc pas figée. Les économistes du Centre marocain de conjoncture tiennent à mettre en évidence cette réalité. De ce fait, précisent-ils, la mesure dépend à la fois des conditions économiques du pays et des conditions du marché international. Aussi, de nombreux facteurs interviennent dans sa détermination. Ces derniers sont nombreux et diversifiés. Il s’agit, entre autres, des dotations du pays en ressources, de la productivité, du progrès technologique, des caractéristiques des biens produits, du coût de commercialisation et de transport, de la politique monétaire et fiscale du pays, du taux de change et des conditions du marché mondial.
