Alors que le monde arabe passe parfois pour être à l’opposé de l’Occident en général, et des États-Unis en particulier, il est important de se rappeler que les Arabo-américains ont une longue et riche histoire aux États-Unis. Comme bien d’autres communautés d’immigrés, leur voyage vers une terre nouvelle a contribué à faire des États-Unis le pays qu’il est aujourd’hui. Selon une enquête de la communauté américaine datant de 2008, il y a plus de 1,5 million d’Américains arabes, soit près de 0,5 % de la population américaine. Originaires de différents pays arabes, ils se considèrent comme un groupe varié, doté d’une culture riche. Voici quelques noms d’Américains d’origine arabe ayant beaucoup apporté aux États-Unis : Steve Jobs, co-fondateur d’Apple ; Rima Fakih, Miss USA 2010 ; Ralph Nader, ancien candidat à la présidence ; et le comédien Jerry Seinfeld. en faisant mieux connaître l’éclatant passé de Washington Street.
C’est dans le quartier du Lower Manhattan, le long de Washington Street, que l’on peut trouver ce qui était connu comme étant « Little Syria » (en français « Petite Syrie »). C’était autrefois le centre de la vie arabo-américaine aux États-Unis ; la communauté arabo-américaine, composée de chrétiens, de musulmans et de juifs, y a vécu au XIXe siècle. La zone également connue sous le nom de «Colonie Mère» comptait plusieurs églises, magasins vendant des produits du Moyen-Orient et restaurants libanais et syriens. Si vous aviez dû la visiter durant son âge d’or, au XIXe siècle, vous auriez senti la forte odeur du café arabe et auriez relevé beaucoup d’hommes coiffés du traditionnel fez rouge. C’était un endroit où se mêlaient colporteurs et magasins florissants, c’était aussi le centre de la vie intellectuelle où l’on pouvait rencontrer d’éminents écrivains arabo-américains comme Ameen Rihani, Khaklil Gibran et Mikhail Naimy.
À mesure que les générations suivantes se sont dispersées et intégrées dans tout le pays, Little Syria a lentement disparu. À la fin du XXe siècle, la construction du Tunnel de Brooklyn Batterie et du World Trade Center a entraîné la démolition de la plupart des bâtiments associés à la première vague des immigrés arabes. Aujourd’hui, seuls trois bâtiments de cette rue animée demeurent : le 103 Washington Street, anciennement l’église melkite Saint-Georges ; le 105-107 Washington Street, autrefois un centre communautaire inauguré par le gouverneur de New York pour servir le quartier de Little Syria ; et le 109 Washington Street, un immeuble ancien renfermant toujours des appartements. «Sauver Washington Street» est une initiative qui vise à préserver ces «monuments» et à sensibiliser les gens sur l’histoire de cette rue, reconnaissant ainsi le patrimoine de ces dizaines de milliers d’immigrés qui ont traversé ce lieu. Les deux personnes à l’origine de cette initiative sont Carl Antoun, un Américain d’origine libanaise dont la famille a vécu quelque temps dans cette rue et y gérait une affaire florissante, et Todd Fine, un diplômé de Harvard qui, au cours des sept dernières années, a fait connaître l’écrivain américano-libanais Ameen Rihani et son importante contribution aux premières relations arabo-américaines. Les organisateurs ont actuellement pour objectifs de continuer à faire connaître le projet et d’obtenir le statut de monument pour les bâtiments.
Ils cherchent également un acquéreur disposé à reprendre les bâtiments et à en faire un musée. Par ailleurs, il est prévu d’ériger une statue en mémoire d’Ameen Rihani dans le Lower Manhattan et d’apposer une plaque commémorative là où il vécut à Washington Street.Sauver Washington Street a reçu le soutien d’hommes politiques au niveau local et de personnes au niveau international appréciant la culture arabe. « Nous sommes ici depuis aussi longtemps que n’importe quel autre groupe ethnique », explique M. Antoun. « La ville de New York est la ville la plus importante au monde pour ces choses-là. Le nombre de cultures, de récits et de langues que nous avons ici est remarquable. Les immigrés méritent qu’on se souvienne d’eux et qu’on les honore au même titre que n’importe quel autre groupe» éthnique.
