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Le gouvernement écoute les propositions des professionnels

Le ministre chargé des Affaires générales du gouvernement pour plus de transparence dans les secteurs concernés.

Le gouvernement écoute les  propositions des professionnels
C'est l'une des patates chaudes entre les mains de l'équipe Benkirane. La subvention des matières de première nécessité est le souci majeur de tout gouvernement. Car, elle détermine la capacité d'un Exécutif à maitriser les équilibres sociaux et elle n'en est pas moins un argument électoral. Les chiffres sont là pour le montrer. En 2011, le montant de la compensation a explosé dépassant les 50 MMDH tandis que pour 2012, le projet de loi de Finances prévoit plus de 40 MMDH. De quoi donner du fil à retordre aux défenseurs des équilibres budgétaires. Les temps sont durs et la demande sociale va crescendo sous le double effet de la crise économique mondiale et du printemps arabe. Mais avant même d'attendre le vote de confiance du Parlement, prévu jeudi prochain, le gouvernement Benkirane a pris le dossier à bras-le-corps. La réforme de la compensation n'est pas perdue de vue. Car cela fait deux semaines que le nouveau ministre chargé des Affaires générales du gouvernement et de la gouvernance est sur le pied de guerre. Contacté, Mohamed Najib Boulif nous affirme qu'il a entamé des rencontres avec les opérateurs dans les secteurs du sucre, des hydrocarbures (GPM) et avec les meuniers.

Les attentes et propositions des professionnels ont été exprimées dans le cadre d'une approche partenariale. Une première journée d'étude aura lieu, prévoit le ministre, entre les secteurs et ministères concernés par la compensation. « L'idée est de mettre à plat toutes les difficultés et les pistes de réformes sur la base d'une plateforme commune », ajoute Boulif qui ne manque pas d'indiquer que le sujet de la compensation mérite plus de transparence. Dans la continuité des gouvernements précédents, celui de Benkirane ne remet pas en cause l'existence du système de soutien des prix des produits de première nécessité : farine, sucre, hydrocarbures, gaz butane. « La caisse de compensation doit continuer à exister. Mais seulement pour répondre aux besoins des couches nécessiteuses », nuance Boulif. Le ministre n'omet pas pour autant le nécessaire effort de réactualisation d'une caisse qui reste largement perfectible. Sachant que le ciblage reste la solution idéale, dans les faits il est difficilement applicable. La révision de la structure des prix des produits concernés est aussi un pas à ne pas négliger. L'on a commencé avec les hydrocarbures et la farine nationale de blé tendre tandis qu'une révision de la structure des prix du sucre avait été annoncée en avril 2011 (www.lematin.ma).

Notons qu'en février 2009, la révision appliquée aux produits pétroliers a permis à l'Etat de gagner plus de 1MMDH. Justement, la suppression du coefficient d'adéquation (2,5 %) a joué le rôle de digue face aux marges supplémentaires dont bénéficiaient les sociétés importatrices. Mieux encore, cette réforme a rendu plus lisible le tableau des prix des produits pétroliers en réduisant le nombre des postes de 17 à 7 seulement. Pour le sucre, la caisse de compensation prend en charge le différentiel entre le prix réel et le prix public de vente du sucre à raison de 6 MMDH par an. De manière générale, la réforme de la compensation se fait sur deux fronts distincts, mais qui se rejoignent en définitive. Le premier concerne la maîtrise en aval et en amont de la chaîne des prix, tandis que le deuxième est lié au ciblage des populations qui ont réellement besoin de soutien. L'actuel gouvernement ne veut laisser aucune piste sans la défricher. L'idée de mettre la zakat à profit est une idée qui circule. L'argent de la zakat peut être utilisé dans les programmes de ciblage notamment pour accompagner les programmes d'aides directes. Ceci étant, il n'en reste pas moins que la subvention des produits de base pèse lourd sur les finances de l'Etat (5 % du PIB en 2011). Car, dans la réalité, et si l'on se réfère à la carte de la pauvreté établie par le HCP, les communes rurales et urbaines qui ont le plus besoin de la compensation n'en profitent que peu ou prou. Par contre, les grands agriculteurs, par exemple, trouvent bien leur compte dans une bonbonne de gaz à 40 DH, utilisée pour extraire l'eau d'irrigation.

Soutien direct

Selon certaines estimations, la « classe moyenne » profiterait de la subvention à raison de 500 DH par mois contre seulement 100 DH pour les démunis. Tel qu'on définit son revenu (entre 3000 et 6700 DH par mois), la classe moyenne n'est pas prête à payer la réalité du prix de la bombonne de gaz par exemple, à savoir 120 DH au lieu de 40 DH. La solution du ciblage pourrait donc paraitre irréalisable si chaque catégorie de la population s'accroche à ce qui est devenu, avec le temps, un acquis. Le gouvernement Benkirane aura donc la lourde tâche de choisir entre une réforme du système à laquelle personne ne croit plus ou d'opter pour d'autres programmes d'appoint comme l'aide directe conditionnée par la scolarité des enfants. Le nombre des bénéficiaires du programme Tayssir a atteint en 2011, 660.000 enfants ou 270.000 familles. Sur la base des résultats cumulés dans 12 régions et 40 provinces, le taux d'abandon aurait baissé de 60 %.
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