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Le débat citoyen sur la pénurie d'eau escamoté

Les projections montrent que chaque Marocain bénéficiera d'un volume moyen annuel d'environ
411 m3 en 2020.

Le débat citoyen sur la pénurie d'eau escamoté
Alors qu'une pénurie d'eau se profile au Maroc à l'horizon 2020, il est déplorable de constater qu'il n'existe, aujourd'hui, aucun débat citoyen sur les moyens de conserver les ressources hydriques nationales pour affronter cette échéance. L'agriculture reste le secteur le plus consommateur d'eau, l'irrigation consomme près de 88% des eaux mobilisées. Ce constat n'empêche pas les agriculteurs de bouder la reconversion au goutte-à-goutte, malgré les aides de l'État comme cela a été révélé, lors du séminaire «La reconversion collective à l'irrigation localisée au Maroc», organisé par l'Association nationale des améliorations foncières, de l'irrigation, du drainage et de l'environnement (ANAFIDE), en avril dernier à Rabat. Les industriels, eux aussi, ne font pas mieux. Ils continuent de polluer zones côtières, rivières et nappes phréatiques en violation du principe Pollueur-Payeur, instauré par la loi sur l'eau 10-95.

Prenons l'exemple de la Jordanie, classée parmi les quatre premiers pays pauvres en ressources hydriques dans le monde. Pour une gestion rationnelle de ce potentiel, l'eau est distribuée une ou deux fois par semaine pour les habitants d'Aman, la capitale. C'est à cette même situation que les Marocains devront se préparer à l'avenir. Au Maroc, plusieurs régions connaissent déjà un stress hydrique. Cela signifie que chaque habitant bénéficie annuellement d'une disponibilité en eau inférieure à 1000 m3. Ce déficit hydrique s'aggravera avec l'accroissement démographique et le développement économique et entraînera une pénurie d'eau, au Maroc, à l'échéance 2020. « Les ressources en eaux conventionnelles nationales renouvelables sont évaluées à environ 18 milliards m3 par an. Ce potentiel sera saturé pour satisfaire la demande en eau nationale à l'horizon 2020. À cette échéance, l'offre rejoindra la demande donnant lieu à une situation de pénurie d'eau.

Les projections montrent que chaque Marocain bénéficiera d'un volume moyen annuel d'environ 411 m3 », a indiqué Mohamed Sinan, hydrogéologue et directeur de recherche à l'École Hassania des travaux publics.
Si un débat citoyen tarde à voir le jour pour faire face à la rareté de l'or bleu qui s'annonce, par contre une nouvelle stratégie nationale de l'eau a été mise en place et qui fait recours aux ressources en eau non conventionnelles. «Face à ces perspectives, l'utilisation des ressources en eau non conventionnelles est devenue non seulement un choix, mais une nécessité pour le Maroc en vue de satisfaire à l'avenir ses besoins (eau potable, agricole et industrielle). Il s'agit de recourir au dessalement de l'eau de mer, à la déminéralisation des eaux saumâtres continentales, à la réutilisation des eaux usées une fois épurées (pour l'arrosage des espaces verts, pour le nettoiement des chaussées, pour l'irrigation des espèces adaptées, pour la recharge des nappes dans les zones côtières permettant de freiner l'avancée des eaux marines dans les nappes, entre autres), à la collecte des eaux pluviales, etc.», a souligné Mohamed Sinan, nouveau membre de l'académie de l'Eau en France.

Et ce dernier d'ajouter : «Il faudra également généraliser les techniques d'irrigation économes d'eau (goûte-à-goûte), la recharge artificielle des nappes notamment de celles qui sont surexploitées (bassin de Fès-Meknès, Haouz, Souss, etc.) et la lutte contre les fuites dans les conduites d'eau potable.»
Aujourd'hui, face à l'impact du changement climatique et l'explosion démographique, la voie vers le développement durable est devenue incontournable. «La mondialisation conjuguée aux effets des crises financière, alimentaire, énergétique et écologique commande une conciliation entre les objectifs de prospérité économique et l'utilisation et la conservation durable de la ressource en eau ainsi que la protection de l'environnement.
La question pour chaque entreprise n'est plus de savoir si elle est concernée par la dynamique vers l'Économie verte, mais comment exister avec ce nouveau paradigme, devenu un facteur déterminant de compétitivité.

La performance environnementale et énergétique est devenue, en peu de temps, une thématique incontournable pour un nombre croissant d'entreprises, quels que soient leur secteur d'activité et leur taille», indiquent dans le dossier de présentation du Salon international des technologies de l'eau et de l'assainissement (SITEAU), les organisateurs de sa 3e édition, qui se déroulera du 2 au 5 février prochain à l'ex-Cathédrale du Sacré-Cœur à Casablanca.
Cet événement accueillera également une conférence internationale sur le thème : «Entreprise durable, eau, énergie, et assainissement».

Stress hydrique

Dans les années 90, le Sommet de Rio mettait en avant la pénurie d'eau qui guettait, à l'horizon 2025, 50 pays dans lesquels vivent 40 % de la population mondiale. Selon les prévisions, il y aurait, en 2025, davantage de pays en situation de stress hydrique (1000 m³/hab/an). Aujourd'hui encore, pendant que les demandes augmentent et se diversifient, il reste à approvisionner dans le monde près d'un milliard de personnes qui n'ont pas accès à l'eau et deux milliards quatre cents milles qui n'ont pas accès à l'assainissement, c'est-à-dire près du tiers de la population mondiale. En 2050, il faudra desservir 9 milliards d'humains, majoritairement des citadins.
Le retard accusé dans l'accès à l'assainissement provoque, chaque année dans le monde, le décès de 5 millions de personnes, essentiellement des femmes et des enfants à cause des maladies liées à la mauvaise qualité de l'eau.
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