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Donner oui, vendre jamais

La Faculté de médecine de Casablanca a organisé, ce jeudi, un débat autour du don de rein au Maroc qui soulève encore de nombreuses questions sociales, religieuses, juridiques et médicales.

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Si la dialyse permet de traiter des maladies rénales, la greffe de rein représente l’alternative à ce traitement lourd et contraignant. «Don du rein, don de vie» est, par conséquent, le thème choisi cette année pour la Journée mondiale du rein 2012.

À cette occasion, la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca a abrité, jeudi dernier, une table ronde organisée par la Société marocaine de néphrologie dans le but de débattre les principales questions qui entravent le développement de la greffe du rein au Maroc, à commencer par le point de vue religieux qui a été présenté par Ahmed Ramzi du Conseil supérieur des oulémas.  Les «fatwas» religieuses, dans leur ensemble, sont aujourd’hui unanimes pour permettre le don et le prélèvement d’organes. C’est ainsi que dans certains pays musulmans, tels que l’Arabie saoudite, la greffe rénale a fait d’énormes progrès. «Notre religion ne s’oppose guère au don d’organes. En effet, prélever un organe d’une personne morte pour sauver la vie d’une personne vivante est un acte permis par l’Islam.
Néanmoins, il existe certaines conditions qu’il faut respecter. Faire don d’un organe doit absolument être un acte volontaire et non obligatoire et cet organe ne doit en aucun cas faire objet de vente», explique Ahmed Ramzi.

Les principes éthiques
De son côté, Abderrahim Ait Mhamed, vice-président du Tribunal de la première instance de Casablanca, a traité le cadre juridique en évoquant la loi 16-98 relative au don, au prélèvement et à la transplantation d’organes et de tissus humains. Trois principes éthiques opérationnels doivent être respectés : l’autonomie (pour le donneur), la non-nuisance au donneur et l’intérêt du receveur. «Lorsque le prélèvement est effectué sur une personne vivante, la législation prévoit qu’il doit exister entre le donneur et le receveur des liens de parenté (les descendants, les frères, les sœurs, les oncles, les tantes ou leurs enfants). En cas d’extrême urgence, à titre exceptionnel, le conjoint peut être le donneur si le mariage a été contracté depuis au moins une année», a fait savoir Abderrahim Ait Mhamed. Pour le cas de prélèvements sur une personne décédée, l’article 13 de ladite loi stipule que toute personne majeure jouissant de ses pleines capacités peut, de son vivant, et selon les formes et conditions prévues faire connaître sa volonté d’autoriser ou d’interdire des prélèvements d’organes sur sa personne après son décès, ou de certains d’entre eux seulement.


Expérience du CHU Ibn Rochd Casablanca

Said Moutaouakkil, chef de service de Réanimation médicale au CHU Ibn Rochd Casablanca, a présenté l’expérience de l’hôpital concernant le prélèvement d’organes sur sujet en état de mort encéphalique.
«Nous avons recensé, depuis juillet 2010, 18 cas de personnes en état de mort encéphalique. 50% des familles ont refusé le don catégoriquement, ce qui est déjà un bon signe puisqu’en Europe le taux de refus dépasse les 80%. Nous avons réussi à faire 4 prélèvements. Pour le reste, nous avons rencontré des difficultés (contre-indications virologiques et problèmes techniques)», affirme-t-il. Et de conclure : «d’un point de vue médical, le don d’organes commence à prendre forme au Maroc.
Tout ce qui manque, c’est un travail de sensibilisation, pour que le don d’organes devienne un sujet de discussion et d’échanges plus fréquent et mieux partagé au sein des familles et entre tous les citoyens».

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