Matin Auto: Quel tableau dresseriez-vous de la situation actuelle d’Univers Motors ?
Mehdi Tak-Tak: Pour 2011, nous avions eu des performances différentes d’une marque à l’autre.
Honda, la marque historique du Groupe, a réalisé une année médiocre. Elle est descendue au dessous de la barre des 1.000 ventes, avec une régression de plus de 40% par rapport à 2010. Mais ce résultat était anticipé. En effet, l’objectif initial était de vendre 1.300 véhicules en 2011, soit moins 30%. Cette contre-performance est due essentiellement au fait que les prix de la Jazz et de la Civic 4 portes, les modèles qui marchent le mieux pour nous, étaient devenus prohibitifs à cause de la valeur en hausse du yen. Nous avions donc décidé d’arrêter l’importation de ces deux modèles.
Aussi, le Tsunami du 11 mars dernier a énormément perturbé la production de l’Accord. Or, ce modèle représentait, avec la Jazz, 40 à 50% de nos ventes. Nous avions passé huit mois (de mars à novembre) sans ce modèle. Aujourd’hui, la commercialisation de ce produit reprend, mais l’approvisionnement est au compte-goutte. En gros, oui, l’année a été mauvaise et elle est à oublier.
Qu’en est-il de vos autres marques ?
Pour Seat, c’était plutôt l’inverse. Nous avons dépassé la barre symbolique des mille immatriculations. La marque s’est développée grâce à deux modèles qui sont l’Ibiza et la Leon. Pour le premier, nous avions pu trouver le bon mix entre la qualité du produit, des équipements et un prix compétitif. Le réseau, très fort, y est aussi pour beaucoup dans cette réussite.
Concernant Chery, la régression a été, à l’instar de Honda, également anticipée. Les modèles de la marque qui ne sont pas homologués « Euro 4 » ne pourront plus être commercialisés au Maroc. Nous avions donc décidé d’arrêter l’importation. Or, on s’est rendu compte qu’il y avait toujours de la demande pour la petite citadine QQ. Nous avions donc repris l’importation de ce modèle et nous en avions commercialisé 200 unités en 2011, alors que nous avions tracé un objectif de 150.
Quels sont les points forts et les faiblesses que vous avez évalués pour chaque marque?
Le problème de Honda actuellement est l’étroitesse de la gamme puisque seulement trois modèles sont disponibles (Civic 5 portes, CRV et Accord). Pour pallier ce handicap, nous sommes en train de négocier avec le constructeur pour importer des modèles plus petits (les plus demandés sur le marché), avec des prix relativement compétitifs. Nous sommes également confrontés aux problèmes du différentiel des droits de douane (17,5% pour nous contre 0% pour les marques européennes, dès mars) et la valeur du yen qui est à un niveau historique (11,5 DH). Pour que nous soyons relativement compétitifs, le yen ne doit pas dépasser 9 DH.
Du côté de Seat, il faut améliorer la notoriété de la marque pendant une à deux années. Les produits vont se développer à partir de 2013 avec la nouvelle Toledo, la petite citadine Mii, le nouveau modèle Exeo ainsi qu’un nouveau 4X4. Nous allons également améliorer les ventes à Casablanca pour viser ensuite 2.000 à 3.000 ventes, dans un horizon raisonnable. S’agissant de Chery, le problème réside dans le processus d’homologation qui est très long. Nous allons nous battre au quotidien pour régler cet obstacle.
Quelle stratégie allez-vous déployer pour arriver à vos objectifs ?
Introduire un ou deux modèles additionnels pour Honda parce que ce n’est qu’en élargissant la gamme qu’on pourra redémarrer la marque comme on le souhaite. Nous devrions également mettre en valeur nos forces, en particulier la qualité et la fiabilité de notre Service après-vente.
Au niveau de Seat, l’idée est de continuer à construire la notoriété de la marque et à développer les ventes, en particulier à Casablanca. Concernant Chery, nous allons nous battre pour l’homologation. Dès qu’on homologuera des produits, nous reconstruirons un business plan.
Quelles ont été vos priorités en tant que nouveau DG délégué d’Univers Motors ?
Ma priorité était la mobilisation de l’équipe commerciale, reconstruire la confiance en soi et se donner de nouveaux challenges. C’est toujours difficile de travailler avec une marque en régression. L’idée donc est de rebooster les équipes et les remobiliser.
« L’année 2011 est à oublier pour Honda »
Arrivé, en juin dernier, de la Centrale automobile chérifienne (CAC), où il occupait le poste de DGA, Mehdi Tak-Tak s’occupe désormais du développement d’Univers Motors, importateur des marques Honda, Seat et Chery, pour le compte de Mutandis. Après une période d’observation dans sa nouvelle fonction, il nous livre son analyse.
LE MATIN
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09 Février 2012
À 14:07
