Si certains jeunes bacheliers attendent avec impatience la rentrée afin de découvrir «le monde des études supérieures», d’autres sont plutôt déçus parce qu’ils ont vu leur rêve se briser puisqu’ils n’ont pas été acceptés dans les écoles de leur choix malgré leurs fortes moyennes. «Ma fille est une élève très studieuse. Elle a été, depuis toujours, la première de sa classe. Elle a décroché son baccalauréat cette année avec une mention très bien. Toutefois, malgré son 16,83 de moyenne générale, elle n’a pas pu accéder à l’école de son choix. Cela fait plusieurs jours qu’elle déprime dans sa chambre. C’est vraiment injuste !», confie Souad, mère de Safâa.
Cette dernière n’est pas la seule à avoir décroché son baccalauréat avec une forte moyenne sans pouvoir pour autant réussir le concours d’accès à une grande école. Beaucoup d’étudiants ont dû subir le même sort. Dépités, ils ne comprennent pas la logique qui les empêche de suivre les formations dont ils rêvaient. Ils se sentent victimes d’un système injuste et arbitraire. Mais du côté des établissements d’enseignement supérieur, on tient à souligner que les seuils ne sont pas fixés aléatoirement et que c’est la gestion de l’équilibre entre l’offre et la demande qui détermine ces seuils. Et d’ajouter que durant ces deux dernières années les moyennes générales des bacheliers sont de plus en plus élevées. Résultat : les seuils d’admission montent aussi. Et comme il y a plus de bacheliers que de places dans les établissements supérieurs, plusieurs bons élèves se retrouvent exclus par la force des choses.
Devant cet état de fait, un groupe de jeunes créa le 7 juillet dernier l’Union des étudiants pour le changement du système éducatif (UECSE). Il s’agit d’un rassemblement d’étudiants, de bacheliers, d’élèves qui veulent militer pour le changement du système éducatif de manière à le rendre plus juste. Née sur les réseaux sociaux, cette union rassemble des jeunes qui veulent exprimer leur mécontentement du seuil d’admission aux écoles supérieures qu’ils jugent «arbitraire et injuste». Un premier meeting dans un café à Rabat, puis d’autres ont eu lieu dans plusieurs régions au Maroc de manière spontanée. Un premier sit-in a été organisé le 6 août dans différentes villes. «Les étudiants souhaitent commencer aujourd’hui un réel travail de documentation et de réflexion pour élaborer des propositions réalistes et concrètes dans le but de susciter un dialogue national impliquant tous les professionnels ainsi que les jeunes et les membres de la société civile.
L’UECSE se veut être une structure totalement indépendante, mais ouverte à tous, son principal objectif est de défendre l’intérêt de l’étudiant avant tout», souligne Basma, membre de l’UECSE. Et d’ajouter : «En ce qui concerne nos prochaines démarches, nous n’avons pas fixé de date ni de lieu pour une future action, nous voulons éviter la protestation érigée en principe. Nous tenons à souligner que nous ne sommes pas un mouvement dont leur seul argument est la protestation dans la rue. Nous sommes attachés à un objectif principal : l’ouverture d’un dialogue national qui permettra à toutes les catégories de contribuer à la construction du nouveau système éducatif. Et pour cela, nous appelons toutes les forces vives et acteurs de la société à contribuer fortement à la réussite de cette initiative».
