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Stop les régimes

Angoisse face à la balance, comptage des calories, grignotage, déprime, culpabilité… Elles sont nombreuses celles (et ceux !) qui, obnubilées par deux ou trois kilos en trop, surveillent en permanence leur alimentation, puis finissent par manger plus et plus mal.

Stop les régimes
Sans indication médicale, il n’y a aucune raison de s’imposer un régime sévère quasi perpétuel.

Les régimes commenceraient désormais dès l’âge de 10 ans chez les femmes. Une étude menée par l’Institut de la santé et de la recherche médicale (INSERM) depuis trois ans sur 105 000 volontaires vient confirmer les inquiétudes exprimées par des médecins de longue date sur le commerce des régimes et des produits amaigrissants. Le régime devient un véritable mode de vie où 30% des femmes ont déjà suivi cinq régimes dans leur vie, et 9% en ont déjà fait plus de dix. Chez les hommes, l’obsession est moindre, mais reste importante, car 14% d’entre eux ont déjà fait au moins cinq régimes. De plus, cette obsession du régime touche des personnes qui n’en ont pas besoin : tout se passe comme si le régime devenait alors une obligation. D’ailleurs, ce sont les personnes qui suivent des régimes draconiens du type Dukan ou Cohen qui constatent le plus leur inefficacité. Or ces pratiques sont souvent sans succès à long terme.

«Lorsque j’avais 11 ans environ, ma mère a commencé à me faire des reproches sur mon poids. Et ce, constamment, raconte Yassmine, une ancienne anorexique. En grandissant, mon poids a commencé à devenir une obsession. Vers 13 ans, j’ai commencé mes premiers régimes (toujours sur les conseils de ma chère mère). Je buvais un milkshake-minceur par repas ou deux biscuits-minceur. À l’époque je pesais 55 kilos pour 1 m 65 : c’est-à-dire que je faisais une taille 36. Avec du recul et quand je regarde mes anciennes photos aujourd’hui, je me rends bien compte que j’avais un corps “idéal”. Dès l’âge de 13 ans, à chaque fois que je me voyais dans un miroir, je pleurais. Toute ma vie tournait autour de cette obsession : j’étais constamment mal à l’aise et j‘ai eu envie de mettre fin à mes jours. Je suis devenue anorexique-boulimique. Je me haïssais, mais paradoxalement, je ressentais le besoin de plaire. Ma mère le savait, mais elle continuait à me rabaisser. Ce qui m’a sortie de ce cercle vicieux ? Mon papa. J’ai eu la chance d’aller vivre chez lui vers l’âge de 16 ans. J’ai alors pu commencer une nouvelle vie».

Pour certains d’entre nous, l’entourage peut jouer un rôle majeur dans le déclenchement du trouble alimentaire. Toutefois, les publicités, la mode et les médias sont généralement le moteur du problème. En effet, les images de corps idéal projetées par les médias parasitent totalement la perception que les gens ont de leur image corporelle. L’obsession du régime touche désormais les personnes qui n’en ont pas besoin, voire même les personnes maigres. Tout ceci engendre donc de plus en plus de problèmes de santé. Et à trop faire de régimes, l’Homme s’expose à des carences en vitamines et minéraux, voire à des problèmes cardio-vasculaires plus lourds. Les méthodes de régime, notamment hyperprotéinées, se sont multipliées ces dernières années, mais selon les spécialistes la perte de poids qu’elles permettent s’avère le plus souvent sans lendemain, s’il n’y a pas de changement de mode de vie avec notamment une pratique régulière d’exercice physique.

Sortir de l’obsession des régimes

Tout se passe comme si le régime devenait une obligation. Cet objectif minceur renvoie à un côté dynamique. Dans l’esprit commun, la personne «grosse» a forcément un problème de volonté et elle est, par conséquent, stigmatisée.
Pour échapper à cela, la tentation est de céder à la quête perpétuelle de la minceur qui risque de devenir une course vers la maigreur. Près de 60% des femmes ayant un poids normal, qui ne sont ni en surpoids ni obèses, souhaitent perdre des kilos. Il y a même 9% de filles maigres qui souhaitent peser moins. Un syndrome qui commence à toucher les hommes aussi. Sans indication médicale, il n’y a aucune raison de s’imposer un régime sévère quasi perpétuel. Chez les adolescents, ces pratiques sont d’autant plus contestables qu’elles peuvent engendrer des troubles dans le processus de la croissance encore en cours.

Ce qu’il faut alors préconiser ? Revenir à la raison ! Plusieurs études montrent que les régimes «coup de poing» n’aboutissent à rien. Exception faite des vrais obèses qui ont besoin d’un suivi particulier, le régime commun suppose de revenir à des principes simples basés sur le bon sens. Ainsi, pour perdre du poids et maigrir durablement, sans en reprendre au bout de six mois, il faudra alors manger varié et diversifié en réduisant les quantités, éviter de grignoter et faire du sport évidemment. Ne rien supprimer, mais manger moins de tout pour continuer à se faire plaisir est une règle de conduite pertinente.


Explications : Dr Alighieri Valerie , nutritionniste et médecin généraliste

«Il faut d’abord se demander ce qui a entraîné la prise de poids»

Quelles conséquences cette obsession de perte de poids peut-elle avoir sur l’individu en termes de santé : carences, reprises, perte excessive, anorexie...?
De nos jours, la recherche du poids idéal est devenue une priorité pour la jeune génération qu’elle soit féminine ou masculine. Ce phénomène est en grande partie lié au fait qu’à longueur de journée dans les spots publicitaires, les journaux de mode, les émissions télévisées... apparaissent des personnages au corps bien sculpté. Ceci ne doit pas être une référence et ne doit pas être le but d’un régime. La volonté de perdre du poids devrait être liée à un souci de bon équilibre alimentaire pour préserver son capital santé : protection du système cardio-vasculaire, des articulations, du métabolisme, etc. Avant de penser à faire un régime très restrictif avec des risques de carences, il faut d’abord se demander ce qui a entraîné la prise de poids et agir au niveau de l’hygiène de vie en général : prise de repas réguliers et équilibrés à des heures bien définies, éviter de manger en dehors de ces repas (fast-food, fritures, biscuits, sucreries, boissons sucrées, chips, fruits secs...), pratiquer une activité physique et sportive modérée. Cette hygiène sera adaptée à la condition physique de la personne : l’âge, l’histoire de l’évolution du poids, les antécédents médicaux, les maladies concomitantes et aussi au mental de cette personne, car tout un chacun n’est pas en mesure de suivre un régime.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait suivre un régime ?
Il faut éviter les comportements extrêmes lesquels sont lourds de conséquences sur la santé : par exemple une anémie ou une chute des cheveux liés à une carence en fer après suppression de quelques aliments indispensables qui, d’après certains patients «font grossir» ou des hypoglycémies après avoir négligé les carbo-hydrates «pour maigrir plus rapidement» d’après d’autres... Il faut aussi repérer les troubles du comportement alimentaire.

Comment choisir son régime alors ?
Le plus prudent est de prendre un avis médical, spécialisé si possible. Le programme alimentaire doit être adapté et l’amaigrissement contrôlé de même que l’état psychologique du patient doit être observé. La période qui suit tout amaigrissement est également très importante, car c’est elle qui assure la stabilisation du nouveau poids afin d’éviter les éventuelles reprises de poids tant redoutées !

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